PROPOS SUR SAINT VINCENT LE SULFUREUX
Selon ses lettres, envoyées à son bienfaiteur de Comet, Saint Vincent Depaul (son véritable patronyme) aurait été fait prisonnier, en 1605 par des Barbaresques.
Il se rendait de Marseille à Narbonne.
Il aurait été vendu comme esclave à un pécheur, comme il était malade en mer…
Il fut vendu à un alchimiste, d’une grande bonté et charité, pour entretenir 12 fourneaux et qui lui parlait d’alchimie à loisir. Ce vieillard fabriquait de l’argent et de l’or pour les pauvres.
Cet échange dura 11 mois, ce qui permit à Vincent de comprendre l’alchimie et la composition de tous les remèdes que fabriquait le vieux sage qui s’adonnait aussi à la spagirie ou fabrication de remèdes guérissant des maladies réputées incurables comme la gravelle ou calculs rénaux.
Son dernier maître sera un renégat, un prêtre catholique converti à l’Islam, originaire de Nice, « vivant à la musulmane » qu'il aurait convaincu de se repentir et se sauver avec lui.
Après deux années d'esclavage, il se serait évadé de Tunis avec ce dernier maître et ses trois femmes. Il les emmena à Rome pour qu'ils se fassent pardonner par le pape.
Quoi qu’il en soit à son retour il devient prêtre de paroisse et précepteur dans la famille de Gondi, l’amiral des galères.
Quand on fit part à Vincent de la trouvaille des lettres qu’il avait écrites à M. de Comet à propos de sa captivité, il entra dans une colère folle et s’écria :
"Par les entrailles du Christ ! et par toutes les grâces qu'il a plu à Dieu de vous accorder, je vous conjure de m'envoyer cette MISÉRABLE lettre qui fait mention de la Turquie".
Mais que contenait donc cette fameuse lettre envoyée d'Avignon le 24 juillet 1607 pour avoir tant embarrassé et troublé Vincent ?
Il explique à M. de Comet comment, en 1605, on le prévient d'un héritage qu’il doit percevoir en se rendant à Marseille.
L'affaire dûment réglée, un "gentilhomme du Languedoc" rencontré dans une auberge de Marseille le persuade de rentrer à Narbonne par voie de mer[1].
A cette occasion il est fait prisonnier par des « barbaresques » qui écumaient la mer à l’occasion de la foire de Beaucaire. Ils savaient qu’à ce moment là de nombreux marchands s’y rendaient de Marseille.
Il faut retenir que la foire de Beaucaire se tenait bien le 22 juillet, jour de la fête de sainte Marie Madeleine patron de l’Eglise de Rennes le Château dans le Razès non loin de Marceille. Coïncidences qui s’ajoutent à d’autres…
A son arrivée en juin 1607 près d'Aigues-Mortes il est reçu par le vice-légat en Avignon Pierre-François Montorio. Ce dernier part pour Rome en emmenant Vincent et le nouveau reconverti.
Voici ce qu’écrit Vincent à propos de Montario :
"Il me fait cet honneur de me fort aimer et caresser, pour quelques secrets d'alchimie que je lui ai appris, desquels il fait plus état, dit-il, que "si io li avesse datto un monte di oro" (si je lui avais donné une montagne d’or) parce qu'il y a travaillé tout le temps de sa vie et ne respire autre contentement"
Cette partie est toujours oubliée par les biographies catholiques du Saint qui diabolisent l’alchimie, et on comprend pourquoi !
Plusieurs points sont régulièrement ignorés ou délaissés par les catholiques. Leurs intellects conditionnés s'affolent à la mention d'alchimie ou autres procédés qu’ils jugent hétérodoxe. En fait cette attitude est en réalité une mauvaise foi reposant sur le désir de donner à la vie du saint une concordance totale avec les décrets autoproclamés de l’Eglise.
Saint-Vincent Depaul écrit en toutes lettres qu’il a vu pratiquer l'alchimie et constaté que cela marchait !
Pour quelles raisons mentirait-il ou parlerait-il d'un sujet soit disant mis à l'index ?
Il écrit : "et trouver l'argent être devenu or", ou encore que son vieux maître pouvait "fixer l'argent vif en fin argent qu'il vendait pour donner aux pauvres", c'est très clair et sans ambiguïtés ! Notre vieillard changeait l’argent vif ou mercure en argent et l’argent en or. Fortune inépuisable et charité en seront un modèle pour Vincent.
Non, l’alchimie n’est pas démoniaque comme le soulignent bon nombre d’évêques éclaires.
J’ai sous les yeux L’instruction sur le rituel de feu Mgr Louis-Albert JOLY DE CHOIN l’évêque de Toulon publié en 1780 avec privilège du roi qui, à cette époque, faisait office d’imprimatur. Cet ouvrage de trois tomes fut imprimé d’après les manuscrits de l’auteur par ordre de Mgr Alexandre de LASCARIS, évêque de Toulon et par ordre de Mgr Gabriel-François MOREAU évêque de Mâcon.
Nous avons donc trois évêques qui affirment l’orthodoxie de ce livre. Voici ce qu’on peut lire à la page 51 du tome trois :
« La magie est un art d’opérer des choses merveilleuses : et comme il y a trois manières de les opérer, il y aura aussi trois formes de magie : 1 – la naturelle, 2 – l’artificielle, 3 –la diabolique.
La magie naturelle est l’art d’opérer des choses merveilleuses par des causes naturelles et physiques, mis généralement inconnues, ce qui cause la surprise.
La magie artificielle n’est autre chose que l’art d’opérer des choses merveilleuse par le moyen de l’industrie, de la science, de l’adresse ; tels sont certains effets de la médecine, de la mécanique, de la perspective et de l’alchimie. Cette seconde forme de magie peut se réduire à la magie naturelle.
La magie diabolique, qui est la magie proprement dite, est l’art d’opérer des choses merveilleuses par le secours du démon… »
Le 28 février 1608, Vincent Depaul écrit à nouveau à M. de Comet mais de Rome cette fois.
Au cœur de cette deuxième lettre, de nouvelles révélations bien surprenantes se font jour lisons Vincent :
« j'appris pendant mon esclavage de ce vieillard turc à qui je vous ai écrit que je fus vendu, du nombre desquelles curiosités est le commencement, non la totale perfection du miroir d'Archimède ; un ressort artificiel pour faire partir une tête de mort, de laquelle ce misérable se servait pour séduire le peuple, leur disant que son dieu Mahomet lui faisait entendre ses volontés par cette tête et mille autres belles choses géométriques, que j'appris de lui../.. »
Les détails fournis dans cette deuxième lettre sont instructifs. Il évoque le célèbre miroir d'Archimède arme redoutable qui enflamma dit-on les navires romains lors du siège de Syracuse. Vincent Depaul admet n'en connaître qu'une partie… Pourtant le procédé est simple puisqu’il s’agit d’une concentration des rayons solaires. Notons en passant qu’il est pratiquement impossible de parvenir à enflammer un vaisseau à voile par ce procédé.
Il est question ici de diriger les rayons solaire sur un vaisseau non pas à voile mais de verre. Car à cette époque un matras de verre s’appelait un vaisseau d’où est venu le mot vaisselle. La vaisselle consistait donc à nettoyer les vaisseaux, ou contenant, de verre.
C’est pourquoi le truculent Rabelais appelle un pantalon : « vaisseau marchand »…
Les vaisseaux d’Archimèdes ne sont autre que les vaisseaux de l’art (abréviation d’ar-chimède) ou vaisseaux de l’alchimiste puisque l’alchimie est appelée art magna ou grand art.
D’où l’expression « homme de l’art » désignant un médecin. Les premiers médecins soignaient leur malade grâce à l’art qui n’est autre que l’alchimie et la spagirie qui en dérive.
Quand à la tête de mort parlante, on peut imaginer la ventriloquie mais Vincent précise qu’il s’agit d’un « ressort artificiel », une sorte de « capteur » ou résonateur qui génère une voix. Cette tête n'est pas sans rappeler celle des Templiers ou Baphomet que certains décrivaient comme une sorte d’oracle.
L’oracle de cette tête est extrêmement précis et surtout n’est pas unique. Le dominicain Jean-Baptiste Labat rapporte à la page 64 de son ouvrage Nouveau voyage aux isles de l’Amérique (Paris 1931) l’utilisation d’une tête similaire par les africains dont l’un était capable de prédire l’avenir avec une précision inouïe.
Tout cela montre la simplicité des processus « paranormaux » liés à l’Esprit universel dont il est possible de capter les messages à la manière d’un poste récepteur de radio. L’alchimiste ayant réussi n’ignore pas cela. Particularité que le Christ révèle quant il dit à ses apôtres : « L’Esprit-Saint vous enseignera ».
Ainsi pouvons nous comprendre pourquoi et comment les Templiers furent prévenus de leur arrestation et de bien d’autres choses encore.
Gageons que le rusé Vincent s'est bien gardé de détailler l'ensemble des connaissances apprises à la chaleur des fourneaux de son turc (ou de ses trucs) alchimiste. Il est fort probable qu'il s'est réservé pour ses œuvres caritatives qu’il avait vu à l‘œuvre chez son vieux turc humanitaire.
Doté d'une excellente mémoire, nous avons vu que Vincent fut en mesure de donner à M. de Comet un remède contre la gravelle. Il ne peut donc avoir oublié le processus permettant la transmutation métallique dont il aura besoin, face à un état ruiné, pour réaliser ses bonnes œuvres.
Quoiqu'il en soit depuis cet épisode tunisien la vie de Vincent va se transformer radicalement.
L'ancien petit berger basque (il gardait les cochons) va côtoyer les grands de son temps et multiplier les créations d'hospices et d'œuvres de charité.
Porteur d'une lettre du très riche pape Paul V (un Borghèse) qu'il remet à Henri IV, il devient l'aumônier de la Reine Margot. Puis sera un proche confident des plus grands noms du royaume.
On peut douter toutefois que Vincent Depaul se soit personnellement remis à la tâche d'une production alchimique. Il fit œuvrer d’autres alchimistes sous son « autorité » afin de l’aider dans sa tâche philanthropique… Donc il eut le rôle de responsable d’un groupe d’alchimistes dont Monseigneur Nicolas Pavillon, l’évêque d’Alet, devait faire partie.
Non loin de Marseille, dans les archives de mon formateur en alchimie, j’ai trouvé son nom (orthographié Depaul, son véritable patronyme) en qualité de responsable, de 1637 à 1647, des frères Aînés de la Rose-Croix.
[1] Ce gentilhomme ne serait-il pas le seigneur de la ville de Barbaira ? Ce « barbaresque » l’aurait-il invité chez lui qui habitait sur la route de Narbonne ? De cet endroit se serait-il rendu à Marceille, près de Limoux, et non à Marseille DANS LES Bouches du Rhone ? Et là, en ce lui leu isolé, Vincent n’aurai-il pas bénéficié, de la part de ce barbaresque, de l’enseignement alchimique ?