Dans ce domaine de la perception de l’envers des choses, cet autre côté de la nature qui nous est dissimulé par le monde que nous voyons ne se limite pas – vous vous en doutez – à l’observation tenace, dans une longue immobilité de la pensée, à se concentrer sur le bleu du ciel. Cette expérience sur la voute céleste était SEULEMENT LE PREMIER PAS. J’insiste à ce propos ! Il ne s’agit donc pas de ressentir un sentiment de paix, de communion ou de sérénité. Cela vas bien au-delà de ses nobles sentiments. Je me répète en insistant sur le fait que pour réussir il faut acquérir le silence de la pensée pendant au moins 15 minutes. Entrainement qui dure plusieurs mois et qui est à la portée de tout le monde. Voulez-vous mesurez si vous en êtes capable de cette quiétude à longue portée ? Regardez l’aiguille de votre montre sans penser à rien. Sans préparation vous n’y parviendrez pas plus d’une minute ou deux. Et deux ou trois minutes sont insuffisantes pour passer de l’autre côté du miroir des apparences.
Quel est donc ce deuxième pas ? Il n’est pas plus difficile que le premier mais beaucoup plus fructueux. Regardons des arbres qui bourgeonnes et les prés qui verdoient sans nous arrêter sur la coccinelle qui fait sa ronde sur les épis qui surgissent du sol. Notre regard rencontre le vert qui peut recouvrir la terre et les arbres d’une multiplicité infinie de teintes. Alors efforçons nous – comme lors du PREMIER PAS ‒ à tout oublier des expressions extérieures qui peuvent perturber notre silence mental et de nous absorber uniquement sur le vert qui s’offre à nous là, dans la nature extérieure. Si nous sommes à même de nous absorber ‒ comme lors du PREMIER PAS ‒ dans ce qui pousse en réalité dans le vert, nous pourrons arriver à ce qu’il disparaisse en tant que vert, comme le bleu disparaissait, lors du PREMIER PAS.
Nous ne pourrons plus dire qu’une couleur s’étend devant notre regard. Par contre nous éprouvons un sentiment singulier c’est celui – extraordinaire – de comprendre ce qui nous arrive quand nous nous représentons quelque chose, quand nous avons en nous des représentations, quand nous créons, quand une pensée surgie en nous. Nous ne le comprenons que maintenant, alors que la verdure POUSSE tout autour de nous, nous l’enseigne. Nous commençons à comprendre le fond de notre âme au moyen de la nature qui, lorsqu’elle disparaît en tant qu’expression extérieure laisse sa place à des informations. Le vert des plantes dit ce que nous ressentons en nous-même quand va ECLORE une pensée ou une représentation. Et puis nait une puissante sensation : celle du sacré. Nous saisissons sans mots et par l’expérience ce qu’il est dans son indescriptible beauté.
Contemplons maintenant une étendue de neige. Elle peut déclencher en nous un sentiment moral comme le bleu du ciel ou le tapis vert du végétal. Cette contemplation qui efface le voile matériel fait surgir en soi la compréhension de cette substance qui remplis le monde et que les chamanes appellent le « tonal ». On ressent alors la matière tissant et agissant dans le monde.
Alors nous ferons face au monde extérieur, comme des êtres d’une essence plus profonde. L’étendue de l’infinie du ciel agirait en nous en éveillant le sens du sacré. Le vert des plantes provoquerait une prise de conscience et la perception de notre épanouissement spirituel. L’étendue immaculée de la neige nous conduit à comprendre ce qu’est la matière, la substance dans le monde. Quelque chose de plus profond en nous ressentirait le monde autrement qu’à l’ordinaire et nous atteindrions quelque chose de plus profond. Le voile de la nature se soulèveras et nous accèderons au monde qui se trouve derrière lui. TEL SONT LES PREMIERS PAS DE L’INITIATION.
Avec toute mon amitié.
P.S. Ma concierge étant atteinte de strabisme divergeant elle est très déçue de ne pouvoir donner son opinion car ‒ dit-elle ‒ elle ne sait regarder les choses en face.