La plupart de mes lectrices et lecteurs savent que le monde est aussi bête qu’absurde. Aussi je ne vais pas m’échiner à vous le corner dans les oreilles. Vous ne doutez plus maintenant qu’un major de Polytechnique de Navale de Saint Cyr de l’EUNA ou de Science Po est porteur d’une estampille qui n’officialise rien. L’absurdité les traversent parfois comme un courant d’air hivernal sans qu’ils se rendent compte d’un changement de température. C’est pour cela que j’ai froid dans le dos puisque ses diplômés se prennent pur l’élite qu’ils ne sont pas et mènent le monde en fonction de leur boiteuse compréhension cousine de la bêtise. Heureusement que je ne cite personne sans cela j’aurais un procès sur le dos de chacune des lumières du gouvernement !
Un jour ma concierge m’a confié avec cette inspiration primesautière qui la caractérise : « Les magouilles monsieur conduisent à l’absurdité. » Voilà une phrase qui mériterais de figurer non seulement sur le fronton de l’Assemblée Nationale mais aussi dans les Evangiles et le Y King.
Un jour je dû quitter la barboteuse pour pour aller à l’école maternelle de mon quartier ou les jeux faisaient fureur. Sur chacune des faces des cubes de bois était collé une image. Nous devions reconstituer un puzzle. L’institutrice se lamentait car je n’en réussissais aucun. Elle m’avait classé dans la catégorie des débiles ‒ cela devait durer toute ma scolarité ‒ et je m’en réjouissais car elle me fichait la paix. La raison de mon incompétence profonde était que je n’aimais pas le puzzle. Ce qui m’intéressait c’était jouer avec l’incongru. Je trouvais ma joie de marier une tête de girafe ou de lion avec le cul d’un éléphant.
Si ma maman se désespérait ‒ une maman se désespère toujours pour ses enfants ‒ mon père ne réagissait pas de la même manière. Il semblait avoir compris le mécanisme de ma nullité scolaire. Pour Noel il m’offrit un livre d’images à colorier. Il s’appelait « Les couleurs du monde absurde ». Je parvins à lire le titre et cet ainsi que je découvrais le mot absurde. Et ouvrant le livre je compris enfin ce que c’était. En première page un homme portait une maison sur son dos. Plus loin une voiture tentait de rouler avec des roues carrées tandis qu’un monsieur portant des lunettes en cuir heurtait un réverbère, etc. Ce livre m’avait beaucoup impressionné à l’époque, parce qu’il s’y trouvait de nombreuses images dont je ne pouvais pas déceler le caractère absurde. Elles ressemblaient aux choses exactes de la vie. Et par la suite, j’en vin à penser que ce livre donnait effectivement des images de la vie réelle, que toute la vie n’est faite que d’absurdité. Mes expériences ultérieures ne firent que me confirmer dans cette conviction. Le marmot en couche culotte que faisait un puzzle absurde avait le QI éléphantesque et celui de sa maitresse celui d’une oie. Les maitres de notre monde politique forment un troupeau d’oie dont la volière s’appelle palais Bourbond. J’en donne pour preuve la manière absurde dont ils gèrent la pandémie de la covid.