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29 décembre 2020 2 29 /12 /décembre /2020 14:03

Sur les pentes du sommet des Anges, dans les Alpes là où jaillissent les sources de la Durance, est le col si fréquenté du Montgenèvre dominé, pour les Romains, par le mont Janus, le Janus bifront qui regarde les deux versants.

Ce nom de bifront m’a longtemps intrigué puisqu’il n’est est pas représenté soit graphiquement soit en ronde-bosse par deux fronts seulement mais par deux visages adossés qui regardent dans une direction opposée. D’après les spécialistes, dont je ne fais pas partie, l’une des têtes serai tourné vers l’avenir et l’autre vers le passé. En gros notre biface représenterait le temps. Dans ce concept les anciens astronomes férus de latin et de mythologie nommèrent Janus un satellite de la planète Saturne. Chez les romains le dieu Saturne était représenté comme un vieillard courbé sous le poids des années, tenant une faux à la main pour marquer qu'il préside au temps. Son symbole principal était le sablier.

Ainsi Saturne et Janus sont tous deux liés au temps mais d’une manière quelque peu différente.

Le plus anciens des deux est Janus car il serait d’origine indo-européenne. Il est le dieu romain des commencements et des fins, des choix, du passage et des portes. ... Son mois, Januarius (« janvier »), marque le commencement de l'année Son symbole est étroitement lié non seulement au temps mais aussi au cycle annuel. En cela il revêt une dimension initiatique fondamentale qui de nos jours est quelque peu incomprise dans sa théorisation spéculative. Telle est la conséquence directe de notre perte progressive du suprasensible effacé de notre perception par notre intelligence discursive hypertrophiée. En gros nous avons la grosse tête qui nous rends aveugles. Mais trêve de bombardements !

 

La troisième face de Janus.

 

D’après la tradition la plus solidement établi, l’un des visages de notre bifron regarderai donc vers le passé et l’autre vers l’avenir. Avant de nous avancer plus avant dans cette opposition du passé qui n’est plus, avec l’avenir qui n’est pas encore, il est une troisième face invisible. Elle n’est ni l’une ni l’autre de celles que l’on peut voir car elle représente le présent. Le présent est invisible car dans sa dimension temporelle il n’est qu’un bref instant insaisissable qui n’est pas issu du futur et est instantanément englouti par le passé. C’est une sorte d’éclair intemporel jaillissant entre l’avenir et le passé[1]. C’est donc une sorte de jonction entre passé et avenir qui contient toute réalité car il est atemporel. Hors la réalité n’est pas celle que nous connaissons qui n’est autre qu’une illusion issue de nos souvenirs et de notre tempérament. De ce fait le présent, « l’ETERNEL PRESENT » dont il est si souvent question dans les manuels psycho-spirituels est au cœur de toutes initiations y compris alchimique qui se pratique au laboratoire.

 

Le trigramme du bifron.

 

Janus est souvent accompagné dans les manuels d’ordinations de l’Eglise du monogramme IHS (parfois IHC, JHS ou JHC) qui est une abréviation imparfaite du nom de « Jésus » en grec : Ι = J, Η = E et Σ = S (JES. = Jésus). Evidemment ces trois lettres ne s’adressent pas strictement à la religion fut-elles magnifiquement brodées sur les anciennes chasubles. L’Eglise des premiers temps était inséparable de l’hermétisme. Aussi ces lettres symbolisent les fondamentaux du Grand Œuvre des alchimistes. En ce sens elles sont interprétées différemment.

Le « i » n’est autre que le « y » de l‘hydrargyre qui est l’ancien nom du mercure d’où est issu son symbole actuel Hg dans la table périodique des éléments. Quant à la lettre S elle désigne évidement le soufre. Dans un premier temps nous pouvons dire que Janus est l’union du soufre et du mercure. Dans son dictionnaire de Philosophie alchimique Kamala-Jnana l’exprime clairement dans l’article intitulé Janus bifront:

« Dieu possédant deux faces opposées sur une même tête. Dans un livre regardé comme étant la tradition orale du Sepher de Moïse, soit Le Siphra di tzeniutha, il est dit : « Au commencement, la face ne regardait pas la face », voulant indiquer par-là deux choses bien distinctes : 1° que la minière des Sages contient deux corps unis en UN ; 2° que cette minière offre le même aspect extérieur sur toutes ses faces. »[2]

 

Janus et les deux saint Jean.

 

Janus est autant associé aux deux saint Jean – saint Jean Baptiste et saint Jean l’apôtre - qu’aux étoiles du zodiaque. En ce sens il est étroitement liée à l’évolution de la conscience des hommes. C’est là sa plus puissante valeur initiatique qui explique sa très grande ancienneté jusqu’à perdurer dans l’Eglise et sous d’autres formes dans les ouvrages d’alchimie. Le fameux Rebis des alchimistes, ou corps double ayant deux têtes, en est un exemple. L’axe Capricorne-Cancer est fondamental et est dit « Axe de l’incarnation ». Le premier de des signes était considéré comme « la porte des hommes » C’est-à-dire par où les âmes descendent pour s’incarner en notre monde. Le second est dit « porte des Dieux » celle par où les âmes remontent, dès après leurs trépas, rejoindre leur patrie céleste selon l’opinion des néoplatoniciens. La « porte des hommes » s’ouvre sur notre univers ou microcosme. C’est dans ce microcosme que nous évoluons durent notre vie. Notre prise de conscience nous fait progresser vers notre réalisation – du moins je l’espère ! Je ne me tournerais pas vers ceux qui empruntent le chemin contraire principalement celui du mensonge. Faisons comme si tout était sans taches et que les hommes progressent en parfaite harmonie avec une conscience d’angelot. Ils progresseront donc au sein du microcosme qu’est notre terre. Progressivement ils se dirigeront vers le « porte des dieux ». C’est là la confirmation de la parole du Christ : « vous êtes des dieux »[3].

 

Le rêve libérateur.

 

En fonction du travail précis que l’on fait sur soi nous ressentirons les effets dans nos rêves. Nous pouvons dire qu’une étape est franchie lorsque nous aurons conscience de certains de nos rêves au point d’en évacuer certains à notre gré. Cela évidemment dans l’état du plus profond sommeil. C’est là le début de notre libération ou éveil. La progression vers la « Porte des dieux » se traduit plus précisément dans les rêves. Paradoxalement l’éveil se manifeste dans le sommeil de telle sorte que nous franchissons la « Porte des dieux » les yeux ouverts, ce qu’illustre fort bien la dernière planche du Mutus Liber.

Telle est la raison pour laquelle Janus est représenté portant une clé qui n’est autre que celle de la « porte des dieux » Et dans l’Eglise primitive il a toujours été le symbole du portier.

 

Janus le portier.

 

Le mot portier est dérivé du latin ostiarius qui provient de ostium (« porte ») avec le suffixe -arius... C’est, dans l’Eglise, le premier des quatre ordres mineurs qui sont l’Ostiaria, le Lectorat, l’exorcistat et l’Acolytat. L’ostiariat confère la fonction de portier. De ce fait Il est généralement sacristain (gardien et conservateur de l’église). L’entretient de la sacristie lui incombe. Durant l’office son rôle est celui de porte-livre. En d’autres termes il aide le prêtre pour les différentes lectures en gardant le missel ouvert durant les divers offices. Evidemment un portier développe en lui le sens de l’ouverture de la sensibilité de la douceur et délicatesse du cœur. Il cherche le bien de l'autre et fait tout pour ne pas le blesser et prend plaisir à l'empathie, à la bienveillance, à la prévenance. Il apprend à être patient, écoute, console et encourage sans jamais s'imposer. 

Les sept ordinations de l’Eglise, de nos jours abandonnés, sont les marches qui conduisent progressivement à la porte des dieux. L’Eglise initiatique et mystique est morte après l’application, en 1968, des décisions du concile Vatican II. Dans l’Eglise catholique Janus a fermé définitivement la « porte des dieux ».

 

Avec toute mon amitié.

 

[1] C’est aussi pour cette raison que certaines langues comme l’hébreu et l’arabe, n’ont pas de forme verbale correspondant au présent.

[2] Page 22. Editions C. Charlet. 1961.

[3] Jean X.

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