L’abbé GREGOIRE
un évêque digne de ce nom
L'abbé Grégoire (1750-1831), qui fut consacré évêque, mérité sans ambiguïté l’appellation de Monseigneur. Il était surnommé par les Parisiens « le plus honnête homme de France ». En accord avec son sacerdoce il fut l’ardent défenseur des juifs, des noirs et des esclaves. Courageux et généreux, il est resté fidèle à ses idées et à son sacerdoce jusqu'à son lit de mort.
L'abbé Grégoire, l’agitateur.
L'abbé Grégoire, malgré les difficultés, a achevé son oeuvre en 1794 : abolir l'esclavage. Mais il la verra détruite en 1802 par NAPOLÉON 1er. Quand il mourra, en 1831, son oeuvre restait incomplète. Mais elle sera reprise et terminée par Victor Schoelcher, qu'on dit fils spirituel de l'abbé Grégoire.
Lorsqu'il sentit venir sa fin prochaine, il demanda les derniers sacrements. L'archevêque de Paris - Monseigneur de Quelen - s'y opposa, il exigeait de Grégoire sa renonciation au serment de la Constitution Civile du clergé. Le vieil évêque refusa tout net. C'est alors qu'un Abbé Guillon, malgré les ordres de sa hiérarchie, accepta d'accéder sans condition aux désirs du mourant. Immédiatement l'autorité catholique ferma l'église à sa dépouille.
Mais c’était sans compter sur un homme, lui aussi chantre de la Liberté, qui contribua à la naissance des États-Unis d’Amériques. Il s’indigna publiquement du comportement inadmissible de l’Église romaine et appela le peuple parisien à passer outre les ordonnances de l’Église Catholique et de venir avec lui, rendre un dernier hommage à celui qui les avait tant servi. C’est alors que l’on vit se lever derrière le Général La Fayette une « troupe » de vingt mille parisiens indignés et reconnaissants. Parmi eux des évêques et des prêtres venant d’autres diocèses, qui – malgré l’interdit - célébrèrent des funérailles religieuses grandioses, et accompagnèrent dans le plus grand recueillement la dépouille de l'évêque gallican jusqu’au cimetière Montparnasse.
Conclusion
:
Le 12 décembre 1989, à l'occasion du bicentenaire de la révolution, les cendres de Mgr Grégoire furent transférées au Panthéon aux côtés de V. Schoelcher. Ces deux grands personnages partagèrent beaucoup d'idées. Ils étaient abolitionnistes, contre la peine de mort, et fervents républicains. L'un était évêque, l'autre anticlérical et Franc-Maçon. Mais ils poursuivaient le même but : que les droits et les Libertés deviennent une réalité pour tous.
Nous avons honte de devoir dire que l’Église Catholique qui prêche le pardon n’a pas pardonné. Oui, les ressentiments de l’Église ne sont pas éteints. L’archevêque de Paris, Mgr Lustiger, invité à la cérémonie d’entrée au Panthéon des cendres de Mgr Grégoire, par le président de la République François Mitterrand, refusa l’invitation. Le gallicanisme, sa mystique sa vérité et ses libertés, fait très peur à l’Église Romaine.
Les statues de Victor Schoelcher enlevant les fers aux esclaves sont « incomplètes », elles devraient toujours être accompagnées de celle de Mgr Grégoire tenant lui aussi les fers des esclaves libérés. Car leur libération, grâce à lui, dura huit ans. Sans l’intervention de Napoléon, Schoelcher n’aurait pas existé. Cette « négligence » est due à la prééminence de l’Église Romaine auprès des hommes politiques, car elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour que Mgr Grégoire, et le gallicanisme garant des libertés, soit effacé des mémoires.
Epilogue.
J’ai rencontré à la Martinique, non loin de Fort-de-France un évêque noir à la tête du diocèse Mgr Grégoire. Il m’a dit être gallican.
QUESTION : Vous êtes un évêque Martiniquais représentant de l’Église gallicane. Il existe beaucoup d’Églises Gallicanes en France. Quelle est votre particularité ?
RÉPONSE DE Mgr : Oui, il existe plusieurs Églises Gallicanes dont le droit canonique est celui de l’Église Catholique aménagé. Je résume leurs particularités : ils ordonnent les femmes jusqu’au diaconat, mais ne les consacrent ni prêtre ni évêque. Leurs prêtres et évêques peuvent se marier. Ils ne reconnaissent pas l’autorité du pape. Leur office est généralement la messe de saint PieV en latin.
Nous n’entrons pas dans cette définition car nous sommes plus exactement gallicans anciens. En d’autres termes notre esprit gallican n’est pas celui des cinq ou six siècles passés. L’esprit gallican que nous perpétuons est essentiellement celui de l’ancienne Église avant 1054. Époque de l’Église Universelle indivise, véritable Église Catholique (catholique veut dire universel), ou l’Église Latine et Orientale vivaient sous le même toit. Pour fixer les idées disons que cette époque extraordinaire correspond à la période de l’art Roman.
Q. Seriez-vous ennemis de l’Église Catholique ?
Mgr : Absolument pas. Elle a décidé d’être moderniste en mettant au goût du jour sa liturgie, comme d’autres sont traditionalistes. Chaque Église a un rôle à jouer. Au non de la liberté tant prônée par Mgr Grégoire, nous ne saurions en faire des ennemis, bien au contraire nous les considérons comme frères dans le Christ, même si la réciproque n’est pas vraie.
Q. L’Église catholique vous ignore donc et vous considère comme une fausse Église.
Mgr se mit à rire et finit par me dire :
Que l’Église catholique nous ignore est incontestable, elle s’y emploie avec beaucoup d’application.
Qu’elle nous considère comme une fausse Église cela est beaucoup moins vrai. Pour elle nous sommes exactement valides mais illicites. En d’autres termes elle est obligée de reconnaître la validité de nos sacrements : eucharistie, baptême, ordinations… Comme nous ne sommes pas catholiques ils nous considèrent comme hors de leurs lois et donc illicites ! Soulignons que nous ne considérons pas le personnel de l’Église Catholique comme illicite, car c’est vraiment insensé et ridicule. Ce procédé d’exclusion de frère chrétien ne devrait exister dans aucune Église. Chez nous aucune restriction de liberté car nous faisons confiance à la nature humaine.
Q. Vous accepteriez que vos fidèles fréquentent l’Église catholique ?
Mgr : Je viens de vous le dire, chacun est libre et je ne saurais avoirs une attitude dictatoriale au nom d’un article du droit canonique ou d’une peur de l’enfer. Ceux qui viennent auprès de nous savent ce qu’ils ont affaire. La confiance est l’édifice sur lequel repose nos relations. Pour répondre plus précisément à votre question, je ne saurais reprocher à l’un de nos membres d’assister à une messe catholique moderniste s’il en éprouve le besoin, notamment quand il n’y a pas d’office chez nous.
Q. Dernière question : Avez-vous des membres en France ?
Mgr : Évidemment puisque notre chef spirituel ou patriarche réside en métropole. Il nous rend visite de temps en temps et c’est pour nous l’occasion d’une grande fête. Il était parmi nous pour noël 2007.