De grâce, en lisant les lignes suivantes ne partez pas les mains sur la tête en criant : « je ne comprend rien ! ». Lisez sans pousser des cris de désespoir et je vous promets que vous allez comprendre, même si vous avez quitté l’école en « terminale » de l’école primaire !
L’espace de notre environnement est homogène et donc non-réalité. C’est de cette non-réalité que peut surgir un monde nouveau reposant sur l’hétérogénéité.
Voilà, la messe est dite ! Vous êtes toujours là ? Bravo ! Ayant décidé de ne pas vous ensevelir sous des termes imbuvables, j’illustrerais très bientôt ces deux phrases avec un exemple simple.
Avant tout, qu’est ce qu’un milieu homogène ? Nous en avons deux qui sont à notre portée, l’air et l’eau, deux éléments, qui en ont enfanté deux autres, bien connus par les alchimistes puisqu’ils font partie des fameux quatre éléments : Feu, Terre, Air et Eau qui sont le moteur de leur travail au laboratoire.
Si nous lisons la phrase précédente en caractères gras, tout ce qui est dans l’air est non-réalité ! Nous pouvons en conclure que tout ce qui nous entoure, enveloppé par l’homogénéité de l’air, n’est pas là manifestation du réel ! En effet, la réalité repose sur l’hétérogénéité, qui doit se manifester dans l’air lui-même, doit surgir de lui ! Un meuble, par exemple, ne surgit pas de l’air mais d’un atelier d’ébénisterie.
Vous voilà fin prêt pour aborder l’exemple dont je vous parlais précédemment. Pour cela nous allons utiliser le milieu homogène de l’eau.
Prenez une casserole d’eau et chauffez là sur votre cuisinière. Vous allez bientôt voir se manifester l’hétérogénéité par des courants puis des mouvements désordonnés qui caractérisent l’ébullition. Vous obtenez donc une hétérogénéité sans structure juste bonne à faire cuire des patates.
Changeons de méthode, plaçons de l’eau dans une petite boîte de verre circulaire dont les bords ont un centimètre de hauteur (boîte de pétri) et maintenant au lieu de la chauffer plein pot, chauffez tout doucement, très doucement. Vous verrez des courants se former et puis plusieurs cellules apparaîtront, qui ne seront pas sans évoquer les membranes des cellules vivantes. On appelle ces formes hétérogènes qui surgissent de l’homogénéité de l’eau des structures dissipatives. Vous comprenez pourquoi le Feu est pour les alchimistes le moteur de leur œuvre et aussi celui de la manifestation de la vie dans cette douce chaleur qui caractérise le ventre de toutes les mamans ? Inversement, si vous pensez à la casserole d’eau bouillante, comprenez-vous pourquoi le feu trop fort peut tuer ? C’est d’ailleurs pour cette même raison que les alchimistes disent que le feu tue. Alors, quand vous verrez un alchimiste devant un four, soyez prudent, il peut fort bien travailler à tout autre chose qu’à son Grand Œuvre.
Si nous regardons la deuxième figure des dix-sept de Jean Conrad Barchusen qui daterait (d’après Barchusen) de 1635, nous voyons l’alchimiste à genou, priant à côté d’un lit bien fait. En face lui, sort de l’homogénéité de l’air la divinité la tête surmontée d’un triangle de Feu. On remarque immédiatement que cette vision est issue de l’homogénéité de l’air car tout ce qui est à côté de cette manifestation disparaît.
Si le lit bien fait traduit les veilles de l’alchimiste, il indique cabalistiquement qu’il faut bien lire la gravure. Les pieds de l’orant sont presque sous le lit, ce qui indique bien le sous entendu cabalistique. Cette interprétation est confirmée par le livre ouvert en premier plan. J’arrête là cette interprétation car je ne sais encore comment procéder pour calibrer une image afin qu’elle puisse illustrer cet article.
Dans cette gravure, c’est la prière qui est à l’origine de cette hétérogénéité de l’air faisant apparaître ce personnage divin.
L’hétérogénéité peut être provoquée de différente manière notamment par la magie. Ainsi, une personne âgée aujourd’hui décédée depuis trente ans me racontait qu’elle avait assisté, au début du XXe siècle, à Limoux (Aude) à une apparition qui épouvanta une partie de la ville. Un cheval géant parcourait les rues au grand galop. Il s’engagea sur un pont traversant l’Aude et plongea dans le fleuve où il disparut. Il a donc été dissous dans l’homogénéité de l’eau d’où il avait du sortir et prendre son autonomie. Le « mythe » du Golem, des hébreux cet être humain artificiel animé, prends ici tout son relief !
En alchimie, la réussite réside en la capacité de l’adepte à créer l’hétérogénéité à partir des substances qu’il travaille. Il n’est donc plus question de réactions chimiques, mais de réactions psychiques… AU LABORATOIRE ! ! ! Cette aptitude est étroitement assujettie à la dimension spirituelle de l’adepte, à sa capacité à maîtriser le silence de sa pensée. Les matières peuvent alors manifester en petit la genèse des mondes et se transformer en pierre philosophale. Partir comme un benêt à la recherche des pouvoirs paranormaux est la pire erreur et la pire perte de temps que l’on puisse faire.
(Attention cet article est protégé car extrait d’un de mes livres)