À Rennes le Château, l’église du village fut dédicacée à St Marie Madeleine. Rien de particulier sauf que lorsque le curé richissime du village fit construire une tour néogothique sur le bord du plateau, il l’appela d’abord tour de l’horloge, ce qui, disons-le, dissimule mal le logement de l’or et manque de la plus élémentaire discrétion. Il semblerait que notre curé en prit facilement conscience. Aussi changea-t-il le nom de sa tour et l’appela-t-il Magdala (Madeleine). Pour que disparaisse toute ambiguïté, il fit graver, en belles lettres, le nom de Magdala sur le mur Nord de l’édifice. Mais il reste un mystère : Cette tour Magdala est dépourvue d’horloge ! Notre curé bâtisseur, alla-t-il jusqu’à la faire disparaître ? ou alors faisait-il allusion à une horloge particulière, invisible au premier abord ? Peut-être est-ce cette horloge sans aiguille qui se trouve au sommet de l’échauguette pourvue de douze créneaux ? Comment alors ne pas penser à l’aiguille manquante, à l’aiguille vide, à L’Aiguille creuse, ce roman trésoraire de Maurice Leblanc ou le héros Arsène Lupin découvre les trésors des rois de France ? Curieuse coïncidence puisque à ce moment-là (1907) Maurice Leblanc séjournait dans les Corbières et préparais ce livre ! Nous voilà donc en présence d’une sorte d’horloge horizontale au « cadran » convenablement numéroté mais sans grande ni petite aiguille ! Comment ne pas penser à l’épitaphe gravée sur la tombe d’André Breton au cimetière des Batignolles à Paris : « Je cherche l’or du temps ». Dans ce cas en effet, point n’est besoin d’aiguilles. Le cadrant (ou quatre éléments) suffit sous forme de feu de roue. Cela confirme la présence d’or d’origine alchimique dont l’échauguette (chaleur nécessaire pour le fabriquer) témoigne de l’existence. Ne souriez pas, cette interprétation est à l’image de l’époque et est loin d’être tirée par les cheveux.
Franck Marie remarque, que l’axe de la deuxième à la sixième heure, vise l’aven du ruisseau de Couleur. Évidemment ce creux (nous revenons à l’aiguille creuse) cette cavité est vide et semble n’avoir jamais servi à dissimuler un trésor. Cela correspond bien à l’aiguille vide du roman. Mais apparaît alors une curieuse analogie, avec Marie-Madeleine qui s’était retirée dans une grotte pour méditer. La partie « haute » de l’église n’est autre que l’autel (du latin de sacristie altare, cabalistiquement altitude). Et devant cet autel se trouve un bas relier COLORÉ de Marie-Madeleine en prière dans sa grotte !
Marie-Madeleine, ses larmes légendaires et son vase à parfums. Savez-vous qu’il existe un blason qui reproduit cela ? Il s’agit de celui de l’abbaye de la Madeleine à Véselay.
Voici ce qu’en dit le moine Nicolas secrétaire de St Bernard :
« D’azur [fond bleu] semé de fleur de lys d’or, et de larmes d’argent au vase d’or posé en cœur [posé eu centre de l’écu], brochant sur le tout [au dessus des fleurs de lys et des larmes]. Toute l’explication de ces armes se trouve dans l’évangile de Jean, où l’on constate que le Christ ressuscité apparaît d’abord à Marie-Madeleine, et non à St Pierre, chef des apôtres selon la tradition de l’Église catholique.
« Marie se tenait dehors près du sépulcre et pleurait. »
Notons l’importance des larmes, sur le plan du repentir et sur le plan alchimique, comme je l’explique dans Rennes le Château la carte des trésors.
Rappelons enfin que Marie-Madeleine est venue chercher le corps du Christ avec Joseph d’Arimatie, lui-même lié au mystère du graal ! Et justement, le vase de parfun qui est au centre de l’écu est d’or, matière qui convient beaucoup plus au graal qu’à un vase destiné aux soins de beauté. Dans ce même ouvrage, je montre deux présences du Graal, l’une dans l’église, l’autre dans le jardin qui est devant la porte. Mais la dimension alchimique de ce récipient se manifeste quand les textes disent que le Christ apparaît à Madeleine en jardinier, thème souvent repris par les vitraux alchimiques.
Les alchimistes parlent de la terre des sages qu’il faut travailler, et plus particulièrement arroser. Nous retrouvons là le thème des larmes. Cette eau, ayant séjournée dans un baril de chêne après sa récupération de l’eau de pluie, a des reflets dorés. Alors ne nous étonnons pas si le Jardin se dit en occitan « ort », que tout cabaliste novice rattachera au métal précieux, couleur du vase de Marie Madeleine dans l’écu de l’abbaye de Marie-Madeleine. Telle est la raison pour laquelle de nombreux traité d’alchimie ont dans leur titre le mot jardin.
Mais dans l’affaire de Rennes le château, le Graal, l’or, l’alchimie sont beaucoup trop présents pour qu’il ne désigne pas un colossal mystère qui sera découvert quand notre structure socio économique perverse finira ses jours.