j’ai toujours été dubitatif devant l’affirmation péremptoire de la quasi-totalité des travailleurs de l’alchimie quand il disent (ou écrivent) sereinement que cette vénérable science de l’unité est pourvue de quatre-vingt voies… et plus !
Ce n’est pas ce nombre impressionnant qui me déplait, c’est le manque d’explication de cette multiplicité, et de ce fait j’ai beaucoup de difficulté à le prendre au sérieux, face à l’image du monde que l’alchimie a généré en moi. Ces labourant (comme on les appelle parfois) font-ils allusions aux méthodes spagiriques (paraalchimiques et iotrochimiques) additionnées de procédés appelés « particuliers » comme ceux qu’explique fort bien saint Vincent Depaul lors de sa captivité chez les Turcs ? (voir mon livre Rennes le Château la carte des trésors.) Je dois vous avouer sans honte que face à ce phénomène je ne retrouve plus mes petits.
Je ne doute pas un instant de la réalité de la voie dite humide, et aussi de la voie dite sèche un peu plus courte, ni enfin de la voie brève ou voie sacerdotale ultra courte.
Vous pourriez me rétorquer que si j’accepte l’existence de ses trois voies, pourquoi je n’accepte pas qu’il y en ait d’autre ?
Voilà, en effet, une logique imparable qui semble détruire mon allergie à la multiplicité des voies. Avant de conclure que je suis atteint d’une idée fixe, d’une marotte, permettez-moi de préciser que malgré la différence de nom, ces trois voies ne sont pas fondamentalement différentes. Le schéma général reste le même, sauf que le sel est utilisé à l’état liquide dans la voie humide, et à l’état cristallisé pour la voie sèche. De ce fait la violence des réactions accélère le processus. Il y a, dans la voie sèche, la suppression de l’étape de liquéfaction des cristaux, qui est délicate et longue d’environ huit heures qui risque d’amoindrir la puissance du sel et est tributaire de la force du vent et de la présence plus ou moins visible de la Lune. Ces contraintes climatiques nous les retrouvons chez l’alchimiste recueillant, avec un drap, la rosée nocturne.
La voie brève est aussi la même que les autres. La manière de procéder permet des raccourcis considérables de la durée, permettant de réaliser la pierre en une seule journée.
Ce qui doit être retenu, c’est que ces trois voies reposent sur le même procédé. Faut-il s’en étonner ? C’est le contraire qui serait incompréhensible !
Les alchimistes ont toujours possédé un carnet de laboratoire pour inscrire la manipulation réalisée et les conditions climatiques. Ainsi, il fallait parfois (sous les conseils de l’intuition puissamment développée), modifier une manipulation ou deux. Je suis persuadé que réside là l’origine de la multiplicité des voies, ou une voie égale un carnet de laboratoire…
Je vous ai dit ce que je pensais de la multiplicité des voies, ne m’en veuillez pas si mon opinion diverge de la vôtre. La multiplicité est farouchement contraire à l’Esprit et à l’unité de l’univers dans sa multiplicité simultanée. Holoscopie oblige !
(Attention cet article est protégé car extrait d’un de mes livres)