Depuis des siècles Nicolas Flamel est considéré comme l’alchimiste par excellence, une sorte d’adepte de référence, modèle parfait de ce que l’on a toujours imaginé d’un homme versé dans l’art d’Hermes qui fascine les foules et certains écrivains à un tel degré que Léo Larguier (de l’Académie Goncourt) Lui consacra en 1936, aux éditions Nationales, un ouvrage remarquable sous le titre Le faiseur d’or Nicolas Flamel qui fut réédité avec succès en 1969 par les éditions « J’ai lu » sous La référence A220 dans la collection L’aventure mystérieuse. Le marché aux puces pourrait encore vous en fournir quelques exemplaires… que je ne saurais trop vous encourager à déguster. Revenons à nos moutons.
À quoi cet homme devait-il cette notoriété qui traversa les siècles ? À l’époque où il vécut, qui était avide de merveilleux et s’abreuvait à la légende dorée des saints ? À son savoir technique, à ce savoir que pourtant ses plus respectueux biographes n’admettent qu’avec beaucoup de réticence. Ce qui somme toute est normal car il est difficile d’imaginer que le célèbre adepte n’était pas devant un four, mais devant sa table, oeuvrant avec une verrerie légère sans avoir besoin d’une connaissance technique ! Devait-il sa notoriété à l’obscurité apparente de sa vie ? Au rôle que joua dans son existence, l’apparition d’un livre mystérieux ? Au côté presque miraculeux de sa gloire posthume ? À la découverte qu’il fit, et qui a souvent été contesté, de la pierre philosophale ? À la légende qui s’empara de cette découverte ?
Autant de questions qui restent sans réponses.
N’est-il pas étrange que d’autres alchimistes, dont les travaux et les livres, furent de notoriété publique et dont les ouvrages firent autorité, soient tombés dans l’oubli, à l’exception d’un public spécialisé ? Ils avaient pourtant « œuvré » au su de tout le monde, en contact avec d’autres esprits avertis ; leur réputation scientifique les protégeait contre l’indifférence ou le mépris des détracteurs et des ignorants. Tous, presque sans exception, demeurent confinés par l’imagination populaire dans le clan de ceux qui AURAIENT découvert la pierre philosophale. Seul, Nicolas Flamel s’en détache et lorsqu’on parle de lui il demeure celui qui L’A trouvée.
Rien ne subsiste du passage de Nicolas Flamel en notre monde, de sa maison authentique, du cimetière où il fut enseveli avec son épouse. Rien ne demeure de ses manuscrits originaux, sinon quelques actes notariés.
Mais en dépit des traces COMME A DESSEIN EFFACÉES, de cette existence pleine d’énigme, curieusement Nicolas Flamel est l’un des alchimistes sur lequel il est assez facile d’obtenir des détails assez précis.
Nul n’est besoin d’être détective pour en conclure que Nicolas Flamel lui-même orchestra son énigme. Ce qui signifie qu’en qualité d’alchimiste il réussit le Grand Œuvre, mais qu’il était entouré d’adeptes chevronnés côtoyant la haute société et plus particulièrement des individus centraux sur le plan social afin d’orchestrer en toute liberté cette fabuleuse histoire.
De là à croire que ce groupe d’individus lui transmis l’alchimie, il n’y a qu’un pas que je laisserais en suspend… En parlant d’un groupe d’alchimiste actif en 1396 les Frères Ainés de la rose Croix sont de parfait candidats. À cette époque ils venait d’élire leur 12e président (imperator) qui se nommait Ludovic des Pins. Dans le Légenda des Frères Aînés de la Rose Croix, (1970) Roger Caro écrit que dans les archives du groupement d’alchimistes, dont lui-même était le 58e impérator, que le bras droit de Ludovic des Pins est nommé L’AISNE de FLAME NICLAUS. « Ce nom « sent » le pseudonyme d’une lieu. Sans être très subtil, on devine qu’il s’agit de Nicolas Flamel. NICLAUS est NICOLAS et FLAME est FLAMEL (avec le L’ de L’AISNE. Reste à comprendre pourquoi AISNE ?
Nous avouons que nous sommes restés un bon mois sans trouver la réponse, jusqu’au jour où nous tombions en arrêt sur un passage de Louis Figuier dans son livre : L’alchimie et les alchimistes à la page 196 : « Un écrivain, dit-il, à peu prés contemporain de FLAMEL, GILLEBERT de METZ, dans sa Description de Paris, écrite en 1434, nous apprend à distinguer deux frères, l’un et l’autre écrivain du nom de FLAMEL. L’un qu’il appelle FLAMEL, le jeune, fut un habile calligraphe, libraire et secrétaire du duc Jean de Berry ; l’autre, Nicolas, est appelé par GUILLEBERT : FLAMEL L’AISNE, escrivain qui faisait tant d’aumônes et hospitalitez. »
Voilà qui enlève tout risque d’erreur : L’AISNE de FLAME NICLAUS est bien Nicolas FLAMEL.
Cela signifie que Nicolas Flamel était entouré de 32 alchimistes chevronnés, parmi lesquels des aristocrates princes de sang. Nous comprenons pourquoi Nicolas Flamel eut toute latitude pour effacer certains indices et mettre sur pied sa « légende ».
Mais, sa « légende », quelle est-elle ? C’est une histoire qui vaut d’être contée et qui s’est transmise de génération en génération.
Flamel serait né à Pontoise vers 1330. Il s’installa à Paris comme écrivain public. Ce qui déjà présente une énigme, car il fallait de l’argent pour acquérir à cette époque autant d’instruction. Ses parents furent-ils riches ? Nul ne le sait. Son atelier s’appelait « À l’enseigne de la Fleur de Lys » ce qui en dit long sur ses fréquentations. Flamel était à la foi copiste, libraire et éditeur. Son renom était si grand qu’il bénéficiait même, nous disent certaines archives, de la protection des gentilshommes et hautes dames de la cour. Inutile de s’en étonner ! Les talents d’écrivain de Flamel ne sont pour rien dans cette haute considération.
Peu de temps après son installation rue des écrivains, il épousa dame Pernelle plus âgée que lui, qui fut l’épouse attentive, partageant ses passion et fidèle compagne de sa vie. Il parlait toujours avec tendresse de son aimée, qui possédait une confortable aisance financière. Mais leur train de vie était simple, ils s’habillait modestement et mangeait dans de la vaisselle de terre. Ils urent des apprentis qui avait pris pension chez eux.
Tout commence par un rêve. Un ange lui apparut et lui présenta un livre très ancien en disant : « Flamel, regarde ce livre. Tu n’y comprendras rien, ni toi ni bien d’autres, mais tu y verras un jour ce que nul n’y saurait voir . »
Flamel ne prêta guère attention à ce songe jusqu’à un jour de 1357, il acheta à un inconnu un vieil ouvrage qu’il reconnut aussitôt pour l’avoir vu dans son rêve.
Il ouvrit aussitôt l’ouvrage et lu des malédictions contre toute personne qui jetterait les yeux sur ce livre, s’il n’était Prêtre ou scribe. Malheureusement il ne comprit pas grand-chose au textes et à ses images, mais réussit à saisir qu’il était question d’alchimie.
Nicolas Flamel passa des jours et des nuits à étudier l’ouvrage, mais ne comprit toujours rien. Mais Pernelle veillait. Il finit par se confier à elle. Malheureusement elle ne pus l’aider. Se voyant bloqué dans sa recherche il prit conseil auprès de Maître Anselme, licencié en médecine, qui se disait alchimiste. Mais ses explications furent aussi volubiles que peu convaincantes. Pendant 21 ans Flamel piétina et ne comprenait toujours pas ce que disait le livre. Au moment où il allait se décourager, il eut une inspiration, seul un juif pouvait l’aider. Pour le rencontrer il fallait se rendre en Espagne. Sur le champ il décida de faire le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, et profiter de cette occasion pour rencontrer un juif instruit en alchimie. Il partit en 1378. En Espagne il fit de vaines recherches pendant plus de six mois mais finis par rencontrer maître Canhès. Sans plus attendre il entreprit de les déchiffrer. Et Flamel se rendit compte qu’il était enfin sur la bonne voie. Nicolas l’invita à Paris pour qu’il puisse déchiffrer la totalité du manuscrit. Ils partirent par bateau jusqu’à l’estuaire de la Loire puis remontèrent le fleuve jusqu’à Orléan. Hélas, maître Canchès tombe malade. En une semaine la maladie l’emporta. Flamel, après l’avoir enterré en l’église sainte Croix repris sa route vers Paris.
Canches (ou Sanchez) lui avait donné tellement d’éléments durant leur voyage que Flamel pus à son retour se lancer dans des expériences sérieuses. Et ce fut le 17 janvier 1382 qu’il réussit, en compagnie de Pernelle, sa première transmutation de mercure en argent.
Les Flamel distribuèrent une partie de leur richesse à sept églises et quatorze hôpitaux.
Dame Pernelle décéda le 11 septembre 1397 et fut inhumée au cimetière des innocents. Quant à Flamel, il suivi sa femme dans la tombe le 22 mars 1417 ?... Mais un voile de mystère enveloppait sa mort et celle de son épouse. Ne disait-on pas que, la nuit précédant les funérailles, alors que la dépouille reposait dans le cercueil fermé, la servante avait aperçu l’ombre de son maître descendre l’escalier de la maison et disparaître dans le jardin ? Cette même servante n’avait-elle pas confié à des parents qu’on l’avait écarté de la chambre funèbre après la mort de dame Pernelle, et que le veuf avait tenu à ensevelir lui-même son épouse ? Le peuple ne tarda pas à conclure que les cercueils contenaient des morceaux de bois. Quant au voyageur Paul Lucas, il dit l’avoir rencontré en Turquie. Flamel aurait eu un fils avec Dame Pernelle. Ils auraient été vus en 1761 à l’Opéra se Paris.
Voilà, vous connaissez tout de l’illustre alchimiste qui finalement garde tout son mystère. Certes, il faut se méfier des légendes, mais il est nécessaire de garder à l’esprit qu’il n’y a pas de fumée sans feu.
(Attention cet article est protégé car extrait d’un de mes livres)