Pendant la dernière guerre mondiale, les nazis achetaient à prix d’or la nourriture qui alimentait le marché noir. C’est ainsi qu’ils affamèrent Paris.
Aujourd’hui en 2008, cultiver des terres pour produire des biocarburants est plus rentable que les indispensables récoltes pour nourrir l’humanité. Ainsi les affamés lèvent des émeutes dans le monde entier.
La notion de rentabilité a franchi des limites qu’elle n’aurait jamais dû franchir, au-delà de la morale la plus élémentaire, conséquence lointaine, mais conséquences certaine de la tolérance des usuriers de plus en plus gourmands rejoignant en toute légalité le racket le plus ignoble des mafias.
Je ne voyais aucune issue, aucun espoir d’une transformation de l’humanité vers un humanisme régénérateur. Certes, la protection de la planète, la prise de conscience que nous en sommes responsables donne une bouffée d’espoir hélas vite abrégée quand on découvre que les taxes démentes sur les prix du carburants ne servent pas l’idéal écolo.
Cette gangrène est le fruit de notre éducation ou les programmes changent au point de rendre impossible l’aide des parents et grands-parents seuls capables de transmettre non seulement un savoir mais surtout un art de vivre et de se comporter. De ce fait la notion de respect s’évapore…
Je pense au spectacle d’une cour de récréation de n’importe quel collège des grandes villes de France, où les gosses courent en tout sens, hurlent, se battent, arrachent les feuilles et les fleurs (quand il en reste) ou les robinets. Tandis qu’à l’extérieur ils cultivent l’art noble du graphiti en détériorant ce qui ne leur appartient pas dans un égoïsme inconscient et monstrueux… fruit amer de l’éducation !
Fort heureusement il y a d’autres enfants dans le monde, je pense en particulier à ceux du Japon. Là-bas, le début de la journée scolaire rassemble dans le hall de chaque école l’ensemble des enfants, assis en zazen, parfaitement immobiles, calmes extérieurement et intérieurement, sereins, maîtres d’eux-mêmes ou cherchant à le devenir…
Tout entraînement des enfants, de 5 à sept ans, à la voie du sabre (Kendo) qui fut pratiquée autrefois par les Samouraïs, commence par une méditation de dix minutes précédée du salut au maître (salut toujours empreint au Japon d’un respect et d’une déférence non simulée) et d’une récitation dont je vous laisse entrevoir le résultat éducatif :
Nous aimons notre pays,
Nous respectons nos parents,
Nous respectons le cérémoniel de nos traditions,
Nous respectons notre enseignement,
Nous accomplissons nous-même notre devoir,
Nous respectons nos camarades,
Nous jurons de nous créer un esprit et un corps sain.
Là-bas, dans les dojos, on enseigne le devoir, la droiture, la rectitude.
Nous voilà à l’opposé du mépris et des tentatives d’assassinat des enseignants, du racket ou du meurtre des camarades accompagné de la revendication des « droits » dont on nous rebat les oreilles, faisant suite aux « privilèges » abusifs qui ont provoqué la chute de la royauté et de la noblesse française.
Les arts martiaux sont une voie royale vers la perfection, voie universelle qui passe par l’apprentissage du silence et de la maîtrise de l’énergie, de cette énergie qui est aussi alchimie interne qui transforme l’être avant de transmuter, en alchimie externe, tout ce qu’elle touche !
Soyons réaliste. Comment un homme toujours agité en esprit peut-il entendre le silence afin que s’exprime son génie ? Que l’on songe à la phobie du silence qui est la marque de notre « civilisation », phobie dont la manifestation la plus répandue est le baladeur en toutes circonstances et dont la marque la plus spectaculaire est l’explosion des décibels (et de la violence) lors des bals du samedi soir… Quant il ne s’agit pas de monstrueuses raves parties ou le bruit forme un cocktail parfois meurtrier entre décibel alcool et drogue. Quand la mer (je suis poli) se retire, il ne reste que des monceaux d’ordures. Vive le respect des riverains et la protection de l’environnement !
Oui, il n’y a pas de quoi être fier de notre actuel Occident. Le praticien des arts martiaux est alchimiste car non seulement il développe son alchimie interne mais il reproduit sur le dojo, la rencontre des contraires qui s’affrontent non pas pour se détruire mais pour s’unifier, ne faire plus qu’un. Atteindre cette unité signifie dépasser les apparences de la manifestation. L’adversaire est comme l’envers de soi-même que l’on affronte non pas pour le détruire mais pour faire un avec lui.
L’avènement des arts martiaux en masse est réconfortant. Sur des centaines de milliers, sinon des millions de jeunes qui de par le monde apprennent l’un de ces arts, tous ne rêvent pas d’être Bruce Lee et tous ne croient pas qu’il faut confondre cinéma et art martiaux. Beaucoup d’entre eux apprennent les attitudes qui, tout en maîtrisant ou en exprimant l’agressivité, sont des attitudes de concentration, méditation, maîtrise de soi, réflexion et parfois plus encore : d’harmonie et de sérénité profonde qui les met en phase avec le phénomène vital tout entier.
Cette minorité agissante, quand il sera l’heure de s’adresser à des hommes saints, équilibrés et nouveaux, alors elle mettra au tapis notre « civilisation » occidentale sans avenir. Dans cette action, ils auront l’appui inconditionnel des adeptes de l’art royal.
Je vous salue toutes et tous dans le nouvel esprit.