Plus personne n’ignore le sort qui fut réservé à la regrettée association Atlantis avec la perte de son esprit préparé de longue date par les exécuteurs des hautes œuvres dont la noirceur pestilentielle n’est pas la même que celle symbolisée par nos antiques Vierges Noires.
Mais ne soyons pas pessimistes, car une loi inéluctable donne à toutes choses une naissance, un age adulte, une maturité, puis une vieillesse et une fin. L’esprit peut participer à l’un de ces cycles pour en sortir renforcé lorsque la mort de son « support » survient. C’est le cas pour l’ancienne Atlantis, car cet esprit incarné par les différents auteurs des articles animant la revue reste à la disposition de ceux qui veulent puiser à cette connaissance qu’elle su faire partager grâce à l’action de son ancien président et rédacteur en chef Jacques d’Arès, auquel nous rendons ici un hommage largement mérité.
Soyons lucide, l’esprit de l’association devait « migrer » en d’autres lieux au moment où s’élèvent des critiques tendancieuses de plus en plus appuyées cherchant à salir le fondateur Paul Lecour. En notre époque où l’on tire des nonagénaires de leurs fauteuils et bientôt des grabataires de leur couche pour les juger et si possible les faire mourir en prison, l’on se demande parfois si nous ne sommes pas à cette époque du moyen Age où l’on déterrait les morts pour les condamner et les brûler ensuite sur le bûcher !
Dans le numéro 266 d’Atlantis, Jacques d’Arès raconte que certains de ses auditeurs assidue à ses conférences parisiennes lui disaient :
« Vous nous apportez des éléments nouveaux, souvent passionnants, qui nous permettent de mieux saisir l’Unité des religions, grâce aux symboles, véritables liens entre les diverses traditions, et vous donnez ainsi plus de force, plus d’assises logiques au christianisme qui nous est cher. Mais pourquoi l’Église ne nous enseigne-t-elle pas cela, et que pense pense-t-elle du symbolisme ? »
Il est vrai que l’évolution historique depuis l’application des décisions du concile Vatican II, a pris une orientation de rejet vis-à-vis des symboles. Bien avant le concile Vatican II, le magnifique symbolisme qui permettait l’instruction et l’édification des fidèles était négligé et méconnu. L’esprit moderniste post conciliaire n’a fait qu’achever la besogne en le faisant disparaître par un changement de la liturgie. L’incompréhension du symbolisme religieux aboutit donc à sa suppression qui provoqua une transformation profonde de la spiritualité qui devint une idéologie religieuse.
Un jour, je visitais le prieuré de notre Dame de Marceille et sa vierge noire du XI-XIIe siècle, qui m’a toujours fascinée par son visage oriental. En sortant nous rencontrons le prêtre qui venait de fermer son magasin de ventes de cartes postales et d’objets pieux. Il nous parla de la Vierge noire et de la source miraculeuse avec un tel rictus de mépris qu’il nous coupa le souffle. Je comprends maintenant pourquoi elle fut volée à la fin de l’année dernière. Inutile d’en dire plus. Si ! j’ajouterais que l’antique Vierge noire n’a plus sa place dans ce sanctuaire alors qu’elle fût protégée mystérieusement de la tourmente révolutionnaire (Voir mon livre « La carte des trésors, Rennes le Château » ) et une seconde fois au début des années 1970.
Pourtant, des prêtres se passionnaient pour le symbolisme. Ainsi l’abbé E. Bertaud étudiait en 1947 dans son ouvrage intitulé Études du symbolisme dans le culte de la Vierge (Société des journaux et publications du Centre) :
« L’étoile à huit branches est riche de sens multiple, d'où sa haute valeur initiatique et symbolique. Retenons simplement qu'elle est d'abord l'image de hiératique de la « Rose des vents », symboles de l'Esprit, ce souffle de Dieu, dont « nul ne sait d'où il vient, ni où il va et qui souffle où il veut ». C'est le «RuaCH », l'esprit qu'il faut qu'est sur les « Eaux primordiales », les « Eaux ténébreuses » -- que symbolise en premier lieu les « vierges noires », depuis l’Isis égyptienne jusqu'à la vierge druidique de Chartres : Virgini pariturae -- et qui par leur union à l'Esprit, le souffle de Dieu – cujus Spiritus super aquas inter ipsa mundi primordia ferebatur -- furent le Principe originel et matriciel de tous les êtres créés et spécialement des êtres vivants, dont la première manifestation s'est faite au sein des eaux. »
Il est incontestable que si les Églises veulent réellement aboutir à une intercommunion puis à un oecuménisme non théorique, l’un des moyens d’y parvenir est la remise en valeur de l’enseignement du symbolisme chrétien, qui n’est autre que le symbolisme tout court, car il s’agit d’un langage fédérateur autant des Églises que des centres initiatiques, puisque ce langage est très réellement universel et éternel.
Dans l’ouvrage de Jacques Duchaussoy Le bestiaire divin ou la symbolique des animaux (éditions Courrier du Livre, Paris 1972) on peut lire à la page 95 :
« Dans la Grèce archaïque, l'idée du serpent de feu instructeur semble avoir précédé celle de rédempteur qui apparaîtra avec Apollon. Une des plus vieilles idoles représentant Demeter à Phigalie en Arcadie, et dont l'original était en bois, montre cette déesse avec un corps de femme et une tête de cheval entouré de serpents. Cette alliance des deux animaux indique qu'il s'agit de serpent de feu et non de serpent d'eau. C'est antique Demeter, que l'on appelait aussi Demeter la Noire, représentait donc la vierge Mère, soit une abstraction plus élevée que l'idée de Terre Mère qui s'attachera plus tard à cette déesse dont les symboles deviendront l’Épi et le Pavot.
Cette antique statue cachée dans une caverne d'Arcadie… tient dans sa main un petit dauphin, préfiguration d’Apollon Delphien, le Dieu rédempteur.
Pour nous confirmer que les serpents sortant de la tête de Demeter sont bien des instructeurs de l'humanité, la mythologie raconte que cette déesse initia à ses mystères un certain Triptolème, qu'elle envoya ensuite parcourir le monde pour répandre ses dons. Il fit ce voyage dans un char ailé attelé de serpent et fonda Éleusis à son retour.
Tous les symboles, par simple transposition d'équivalence, nous montrent une identité parfaite avec le mythe d’Isis la Vierge noire. »
Outre les serpents instructeurs dont nous avons vu l’importance dans l’article de l’âne et du serpent, il est un curieux détail qui ne peut échapper aux cabalistes.
En effet, cette antique Demeter est affublée d’une tête de cheval ! On est donc obligé de rapprocher ce fait curieux du latin caballus, cheval, qui a donné Cabale…
La Vierge noire, outre sa couleur se confondant avec l’Œuvre au Noir des alchimistes, représenterait la cabale qui en réalité permet « d’entendre » les serpents instructeurs. En effet, tout se passe dans la tête qui doit apprendre la science des lettres, des nombres, des analogies phonétiques et étymologiques notamment des langues mères que sont le grec et le latin, sans négliger le français ! Tout cela, le lecteur l’aura compris s’il lit mes articles régulièrement, a pour but de transformer notre manière habituelle de penser pour comprendre aussi bien le symbolisme des religions que celui des sociétés initiatique et de l’alchimie.
La Vierge noire en son mystère est porteuse de la lumière du Verbe. Elle nous conseille donc de pratiquer la cabale pour comprendre l’Univers et les hommes.