* * *
Avant d’aborder le cœur du sujet que je vais tenter de développer ici, je voudrais m’excuser auprès de nombreux lecteurs de mon blog, – dont je remercie chaleureusement l’intérêt, – pour ma longue absence auprès d’eux. La raison essentielle en est la rédaction d’un troisième livre sur Rennes le Château, auquel je désire donner une importance particulière tant au niveau de mes souvenirs d’enfance dans l’Aude qu’en ce qui concerne le cœur du mystère qui entoure la vie du curé richissime Béranger Saunière, et cela sans oublier le substrat initiatique qui est l’alchimie et d’autre faits tout aussi dignes d’intérêt.
Mon retard à revenir vers vous trouve aussi son origine dans la préparation d’un autre ouvrage qui dormait dans mes tiroirs depuis plusieurs années. Il s’agit de la description alchimique de la ville de Montpellier, en de nombreux points, inséparable de l’énigme de Rennes le Château tant au niveau historique que par l’activité des personnages à l’origine d’un pareil florilège. Mes très anciennes promenades à travers la ville à humer les mystères des vieux murs ont éveillé – chez l’étudiant scientifique que j’étais – une dimension non intellectuelle, dont nous allons parler, qui m’a fait découvrir peu à peu l’extraordinaire richesse de cette ville au point de rédiger un livre avec de nombreuses photos. Actuellement je révise le texte avant que les éditions FORTUNA (voir son site) ne le mettent sous presse dès le premier semestre 2009.
* * *
QUELQUES POINTS FONDAMENTAUX DE L’INITIATION
À mes sœurs et frères – en la sainte science,– de la Martinique. Ils sont mon trésor des Caraïbes.
Le mot initiation subit le même sort que celui d’alchimie : il est mélangé à toutes les sauces. À travers un verbiage inconsidéré qui se justifie au nom de la « poésie » ou de tout autre jeu rhétorique, l’on découvre des initiations pour tous les goûts dans toutes les étapes de la vie, que ce soit certaines aventures ou cérémonies et même des rêves, quant au gargarisme préféré des « branchés » il consiste à qualifier tout changement en sublime alchimie. Le tout assaisonné de psychologie à bon marché. Cela serait irréprochable si nos personnages verbeux étaient sérieusement informés, mais nous savons tous qu’ils en ignorent jusqu’aux premiers rudiments.
Ce qui est trop souvent négligé, c’est que l’initiation, qu’elle soit alchimique ou autre, doit être précédée d’une attitude d’esprit « silencieuse » dont j’ai formulé les bases, il y a plus de dix ans, dans l’ouvrage « Holoscopie de la spiritualité Occidentale ». Je n’y reviendrais pas.
Toute la problématique réside en la méthode d’investigation qui permet de pénétrer dans les mondes ou gravite la spiritualité. Si ce monde est ignoré l’initiation est vide de sens. Entendons-nous bien je ne parle pas d’un monde affectif ou notre petit cœur dicte la loi et encore moins d’un monde intellectuel ou un ramassis d’aventures, de perception ou de connaissance est de nos jours qualifié d’initiatique. L’accession au monde spirituel obéit à des attitudes d’esprit bien définies qui sont trop souvent passées sous silence. N’oublions pas que sur ce plan de l’élévation de l’être de véritables continents furent engloutis dont il ne subsiste çà et là que le sommet des plus hautes montagnes.
Je dois donc préciser que l’investigation des mondes spirituels n’est pas leur compréhension. C’était d’ailleurs le point de vue du bouddhisme non religieux comme le Tchan.
Ce que je vais dire peut être accepté par le simple bon sens. Évidemment encore faut-il que l’on ne soit pas aveuglée par un conditionnement qui nous prive de notre liberté d’esprit. Cela se produit si l’on prend pour référence les enchaînements logiques dont on use habituellement. C’est cette attitude d’esprit qui est un obstacle et fait dire d’une manière erronée qu’on ne peut comprendre les résultats d’investigations du monde mystique si l’on n’est pas soi-même un investigateur spirituel.
Non ! toute femme et tout homme sont capables d’accéder à la connaissance. De grâce épargnez-moi le discours habituel sur les nombreux appelés et le peu d’élus. Soyez en persuadés, l’écrasante majorité des non élus le veulent bien et en sont conscients. Pour exprimer analogiquement cela, c’est comme si vous affirmiez qu’un automobiliste, est un bon conducteur malgré ses fautes manifestes. Il vous a convaincu qu’il ignore son excès de vitesse (son compteur le trompe), qu’il ne sait pas qu’il franchit une ligne blanche qui pour lui seul ressemble à s’y méprendre à une ligne interrompue ou encore qu’il est devenu soudainement daltonien et a confondu un feu rouge avec un vert… Heureusement qu’accepter ses fautes c’est déjà être sur la bonne route.
Pour accéder aux mondes spirituels, l’important est d’être capable d’adopter une nouvelle attitude d’esprit.
L’individu qui a acquis une connaissance initiatique se différencie de celui qui possède une connaissance intellectuelle, même s’il s’agit d’un savoir qu’il appelle spirituel lequel est souvent discursif (reposant sur le discours parlé ou écrit) sans aucune valeur sur le plan initiatique… En nos contrées sublunaires, combien d’armées de fantômes chevauchent des mots exsangues qui galoppent dans le noir de notre ignorance !
Évidemment, la dimension intellectuelle est nécessaire. C’est la base sur laquelle va s’appuyer la connaissance initiatique. L’intellect doit être développé. Mais, pour parvenir à l’initiation un changement doit s’opérer, il est nécessaire d’apprendre à penser autrement, tel est le principal obstacle. En effet, notre démarche intellectuelle est bardée de conditionnements, véritables remparts bâtis dès l’école maternelle ou l’œuvre de Descartes est expurgée de sa dimension mystique par de doctes senseurs qui donnèrent naissance à un faux cartésianisme qui ligote notre pensée et la calibre sur le lit de Procuste.
Celui qui est pénétré par la connaissance initiatique regarde le monde dans son ensemble d’un tout autre point de vue que celui qui l’ignore.
Nous sommes conscients que nous pensons et que nous passons constamment par des expériences intellectuelles qui nous permettent d’acquérir des connaissances. En bref nous sommes le sujet connaissant. Nous croyons, grâce à nos pensées connaître quelque chose. Nous recherchons des objets en observant la nature, la vie humaine, en faisant des expériences. Constamment nous cherchons les objets afin que nous puissions les appréhender à l’aide de nos pensées, en leur appliquant notre activité pensante.
Nous sommes le sujet et ce qui se présente à nous, ce sont les objets.
Chez l’homme qui aspire à la connaissance initiatique, il doit impérativement s’accomplit une tout autre orientation.
Il doit absolument se rendre compte qu’il est objet et que donc il est vital qu’il cherche le sujet qui correspond à cet objet. En résume, c’est exactement l’inverse qui se réalise. Dans la connaissance ordinaire, nous sommes sujet et cherchons les objets hors de nous. Dans la connaissance initiatique, nous sommes nous-même l’objet et nous cherchons le sujet qui nous observe.
Tel est le message fondamental, et profondément spirituel véhiculé par les inversions linguistiques des adeptes. La langue verte ou inverse est la langue des dieux car c’est l’expression du sujet qui s’adresse à l’objet que nous sommes.
Nous voyons immédiatement que dans la connaissance initiatique il n’est pas question de ratiociner et psychologiser sur des symboles mais il nous faut sortir de notre peau et devenir comme les plantes, les pierres, comme le tonnerre et l’éclair qui sont pour nous des objets.
Dans la connaissance initiatique, nous sortons de nous-même, nous devenons objets d’observation et nous cherchons le sujet qui observe. C’est une attitude de puissante dissolution de l’ego.
En résumé nous pouvons dire que dans la connaissance ordinaire nous réfléchissons aux choses. Dans la connaissance initiatique, il nous faut chercher comment nous sommes pensés dans le cosmos et par le cosmos. Comprenez-vous pourquoi les alchimistes ne peuvent qu’accréditer l’existence de Dieu ?