À ceux qui n’achètent plus de livres avec des dessins à colorier !
Dans l’article précèdent, j’ai essayé de montrer l’importance de la pensée sur le plan initiatique. Celui qui pense d’une certaine manière est conscient de ce qu’il observe du monde spirituel alors qu’un voyant naturel ne pensant pas, ou pensant mal, observe des images qu’il interprète d’une manière suggestive et a de fortes chances de se tromper. Nous allons voir pourquoi.
Donc, la situation du clairvoyant penseur et celle du clairvoyant non-penseur, ou à la pensée indigente, sont très différentes.
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Il est très beau de plonger son regard clairvoyant dans les mondes spirituels, cela ne sert pas à grand-chose si l’on ne mesure pas la grande différence qui existe entre percevoir ces mondes d’une manière purement visionnaire ou les saisir par le penser correct. Ignorer que le penser doit pénétrer ce qu’il a vu, en dégager sa quintessence, c’est prendre le risque d’être le jouet d’une illusion ou même d’une hallucination.
L’unique moyen pour se préserver des illusions consiste à penser clairement ce qui est vu. Mais cela n’est pas toujours suffisant, car trop souvent la description qu’un clairvoyant fera que ses visions seront truffées d’éléments appartenants au monde physique. Vous a-t-on jamais décrit un sphinx sans se référer à des éléments du plan physique ? Évidemment non puisque c’est impossible ! Car le sphinx a un corps de lion…, mais tout lion a aussi un corps de lion et tout homme a aussi une tête humaine. Certes, cet assemblage n’existe pas sur le plan physique, mais les différents éléments eux existent. Les images sont toutes construites à partir d’éléments appartenants à la matière. Il est aisé de se rendre à l’évidence que cette vision fait appel à nos acquis provenant de nos observations passées et présentes. Il est incontestable que ce qui a été emprunté à notre plan d’existence pour décrire les images qui apparaissent dans les visions n’appartient pas au monde spirituel. Comme je viens de le dire, c’est une représentation symbolique faite avec les différentes composantes du monde matériel.
Soyons en certain : La clairvoyance ne doit pas se limiter à une représentation symbolique de cet ordre qui est un mélange d’images glanées çà et là dans nos souvenirs. Si nous voulons établir un pont avec les autres espaces nous devons débarrasser nos visions de tous éléments terrestres existants ou non. Cela est capital. Pour prendre une image grossière, aller à l’encontre de cette évidence c’est comme si vous vouliez faire vivre et nager un poisson à l’air libre.
À cette étape l’initié clairvoyant se voit confronté à un danger. Pour reprendre l’image du sphinx, si on élimine tout ce qui est physique, le corps de lion disparaît et la tête humaine aussi et il se peut que l’initié ne voie plus rien !
La seule chose qui doit subsister est la pensée désincarnée, abstraite, mais cependant bien présente, du sphinx.
Nous constatons alors que les pensées, et seulement les pensées, forment la substance qui permet de saisir ce qui existe dans le monde spirituel.
Les pensées sont des bulles d’oxygènes qui montent vers les mondes suprasensibles.
Dans les manuels d’alchimie cette particularité est soulignée notamment dans une gravure représentant les quatre éléments dont chacun est constitué par la figure abstraite d’un triangle. Chacun d’eux est enfermé dans un cercle et porté sur la tête par une femme.
Les femmes sont des représentations de notre monde physique, les graphiques de chaque élément sont plus abstraits mais encore participantes de notre monde. Le fait qu’ils soient posés sur la tête de chaque femme montre que seule l’idée de l’élément, la pensée qui lui est attachée, doit être prise en considération.
Car, dans les autres espaces, seules les pensées sont admises et sont donc les seules à pouvoir communiquer avec les mondes spirituels que les Églises appellent les cieux, cieux dont ils ont évidemment oublié la signification.
Par exemple, traçons sur le sol un triangle à la craie. Rien, absolument rien de la craie, mais uniquement, sticto sensu, la pensée du triangle peut accéder dans un autre espace !
Seule, la pensée débarassée d’images, peut s’élever dans les sphères spirituelles.
Maintenant se présente donc une évidence qui est celle de la nécessité de développer le penser et surtout de lutter contre cette paresse intellectuelle chronique qui nous empêche d’acquérir un savoir fondé sur la connaissance.
Car penser n’est pas notre penser de tous les jours comme celui qui se manifeste à votre souvenir pour vous dire que vous avez oublié de fermer la porte du garage ou oublié votre portefeuille.
Non ! Le penser pertinent est celui qui permet d’édifier une vision globale, et non pas celui qui s’occupe d’analyser les choses, de les découper en petits merceaux.
Cette particularité psychique se manifeste essentiellement par l’intermédiaire de notre encéphale cérébral droit.
Le monde actuel tend à cultiver la pensée compliquée et incohérente et à se complaire dans les idées pauvres sommaires dissimulées sous un langage amphigourique agrémenté de néologismes obscurs. Bref, le moins que l’on puisse dire c’est que les pensées sont indigentes et surtout ne sont pas développées jusqu’au bout.
Il est évident que celui qui exercer ce genre de pensée développe des aptitudes qui lui interdisent de puiser réellement dans le monde spirituel.
La pensée cohérente est nécessaire. On appelle pensées cohérentes, celles qui vont au bout de leurs raisonnements et ne s’arrêtent pas à mi-chemin. Elle ne reste pas dans le flou mais se tourner résolument vers ce qui éclaire largement les choses. Pas question de répandre une lumière illusoire dans un espace réduit. Prenons un exemple.
Un jour un frère et une sœur prennent le train, ce qui leur permet d’observer le ciel en toute quiétude. La sœur fait remarquer la forme des nuages fins et étirés sur l’écrin bleu du ciel et elle le compare à des hachures nerveuses au crayon, faisantt le lien avec le tempérament nerveux de l’Homme. Elle finit par établir une comparaison entre le ciel météorologique et les principaux tempéraments. La dame s’arrête alors et regarde son frère qui semble rêveur et lui demande un peu irritée s’il a écouté. Oui, il a écouté et répond que l’état météorologique, et donc le « tempérament » du ciel devrait être pris en compte par tout thème astrologique. Selon l’état météorologique du ciel une planète est favorisée ou non en fonction du thème natal et il en conclut que dans les temps anciens l’état météorologique du ciel était certainement intégré au thème astrologique.
Dans cette histoire la sœur n’avait pas poussé son étude jusqu’au bout, et le frère a fait ce que les dieux lui demandent et sa pensée cohérente a joué son rôle jusqu’à la prédiction.
Pour accéder à la pensée juste, celle qui fait grandir en faisant accéder au monde suprasensible, l’Homme se doit d’éviter les axiomes et de s’y complaire ! Personne n’a besoin d’adopter telle ou telle pensée, tel ou tel jugement, en se soumettant à une autorité. Seule la liberté laborieuse conduit vers la pensée ouverte sur l’espace spirituel. Car, quand on se libère de l’observation sensorielle on parvient à la connaissance du monde spirituel à partir de soi-même… Mais cela est une autre histoire que je vous raconterais peut-être un jour si vous avez assez de courage pour lire le texte qui précède.