Avant d’aborder le sujet de cet article, je voudrais vous remercier pour votre patiente durant mon séjour à la Martinique pendant lequel je n’ai ni répondu à votre courrier ni publié d’articles.
Sur l’ile aux fleurs, comme on l’appelle à juste titre, j’ai pu rencontrer mille choses diverses et en particulier de véritables frères et sœurs. Ils m’ont non seulement mis en communion avec l’âme de leur ile, mais surtout ont échangé avec moi dans la générosité et au cœur d’une vérité non encore polluée par l’intellectualisme néo cartésien de l’intelligentsia « pipo » et un mercantilisme totalitaire, mais, hélas, naissant, où tout vol mérite salaire.
Je ne vous cacherais pas que le retour fut rude, non seulement par le décalage horaire mais surtout par ces deux froideurs, l’une climatique l’autre émanant des esprits de nos contrées, y compris celle de notre midi soi-disant accueillant. Puissiez-vous entendre le rire tonitruant et chaleureux de ces Français des Caraïbes.
Merci Pascal, merci Rosine, merci Fred, merci Nathalie, merci aux deux Joël, merci Daniel, merci Jean-Marc, merci Isabelle, de m’avoir fait déguster la langouste et des plats merveilleux et surtout de m’avoir ensoleillé le cœur !
Je vous ai déjà parlé de Cyliani, cet alchimiste courageux du XIXe siècle, ayant traversé de cruelles épreuves comme le décès de ses enfants, le mépris de la société pour sa recherche jugée folle, subit l’empoisonnement pour être volé, enfin réduit à la misère au point de devoir vendre ses meilleurs vêtements. Malgré cela il réussit le Grand Œuvre alchimique. Je ne reviendrais pas sur son immense mérite, mais je m’arrêterais sur sa transmutation. Voici ce qu’il écrit à la fin de son opuscule Hermès dévoilé, de 56 pages, dédié à le postérité.
« Je pris un verre de montre et mis dedans une petite quantité de mercure coulant du commerce qui avait été distillé, qui était pur et que je venais d’acheter. Je mis dessus, non de mon soufre transmutatoire à l’état de poudre, mais à l’état d’huile, dans la proportion d’une partie sur cent, et remuai mon verre de manière à donner à l’huile un mouvement circulaire. Nous vîmes avec joie le mercure offrir un phénomène bien curieux et se coaguler avec la couleur du plus bel or ; je n’avais plus qu’à le fondre dans un creuset et à le couler ; Je fis ainsi la transmutation à froid ».
Les textes des alchimistes doivent toujours êtres lus avec prudence. Je ne suis pas le seul à le préciser. Et cette citation n’échappe pas à la règle tout en étant d’un immense intérêt.
Il faut d’abord remarquer que le mercure a une seule affinité, celle qu’il manifeste avec l’or qu’il blanchit d’une manière définitive. Bien des alliances en or des joailliers ont ainsi perdu définitivement leur éclat au contact du mercure pour devenir argentées…
À propos de cette citation, ne perdons pas de vue qu’un verre de montre a une capacité très petite. L’or obtenu était donc comparable à un bouton. Alors pourquoi éprouver le besoin de le fondre dans un creuset minuscule si ce n’est pour dire que cette transmutation « à froid » s’est en réalité faite à chaud ?
Comme je l’ai dit, le mercure n’a d’affinité qu’avec l’or et de ce fait rejette tout. Alors, que s’est-il passé ?
Le « soufre transmutatoire » ou quintessence est certes rejeté. Cependant quand on le place en présence du mercure, il le coagule et lui donne réellement la couleur dorée de l’or. Mais le mercure finit par être le plus fort et se débarrasse de ce « soufre transmutatoire » et l’effet disparaît. J’ai pu, il y a bien longtemps, observer ce phénomène en extrayant le mercure de mes « piles boutons » usagés, indispensables à mes sonotones.
Ce que Cyliani ne dit pas c’est que cette confrontation de la quintessence avec le mercure est un test qui permet de vérifier si la quintessence obtenue est parfaite quand elle dore et coagule le mercure. C’est elle qui est le facteur essentiel de la transmutation métallique. Mais seule elle ne transmute pas. Il faut la joindre à la pierre blanche qui de ce fait acquiert la capacité transmutatoire. Cette manipulation particulièrement délicate se déroule à l’occasion de la phase dite coagula.
Dans le cas de Cyliani la pierre utilisée a subi deux multiplications, et est donc capable de transmuter cent fois son poids en or, … mais cela est une autre histoire.