Dans l’initiation maçonnique, les quatre éléments signifient une purification par le feu, l’eau l’air et la terre.
Il est incontestable que l’origine de ces quatre éléments et de leur compréhension faisait partie intégrante des initiations antiques. Cependant, l’astrologie les utilise sans en discerner le sens cosmique et les interprète avec plus ou moins de bonheur.
Quant à René Guénon (1886-1951), le maître à penser de beaucoup de Maçons, en ses ouvrages Symboles fondamentaux de la science sacrée et Le symbolisme de la croix, il adopte une démarche funambulesque entre les terminologie orientales et occidentales ou l’intellectualisme incisif et florissant masque une spiritualité qui manque de chaleur.
Toute cette littérature aussi bien intellectuelle qu’échevelée a donné lieu à de véritable délire d’interprétation ou domine une prétendue initiation égyptienne souterraine dont le docteur Gérard Encausse dit Papus (1865-1916) s’est fait l’écho dans son ABC d’occultisme en illustrant un « voyage » astral si proche de notre réalité qu’elle en perd son crédit. Cette fiction sous le Grand Sphinx digne du Nostradamus de Michel Zévaco (1860-1918), consistait à un franchissement sportif de quatre épreuves. Cette prouesse spéléologiquo-athlétique fut reprise en 1977, dans sa platitude coutumière, par l’écrivain de sciences-fiction Gimmy Guieu (1926-2000) en son roman La lumière de Thot.
Comprenons que les rêves débridés ne sont pas près de disparaître. Mais le plus grave reste. C’est la déformation d’une réalité initiatique du plus haut niveau qui, en fin de compte, se trouve discrédité.
Les quatre éléments chez les Franc Maçons.
Le manuel maçonnique de l’érudit Jules Boucher (1902-1955) intitulé La Symbolique Maçonnique, est étonnant, de la part d’un ami de l’alchimiste Fulcanelli, par son exposé succinct et, disons-le, vide de toute dimension transcendante sur un sujet aussi essentiel que les quatre éléments dans l’ésotérisme universel. Cet honnête et laborieux auteur promène le lecteur dans une série de spéculations sans grand intérêt allant de la Tétractys de Pythagore aux tétramorphes tel le sphinx et les quatre animaux de l’Apocalypse. De ce fatras spéculatif, non dépourvu (quand on sait l’entendre) de réalité transcendante, émerge péniblement un moralisme assez bénin, alors que nous sommes là au cœur de l’initiation réelle, profonde, universelle.
Quant à Oswald Wirth (1860-1943), il reprend le sujet dans son Symbolisme hermétique d’une manière plus fouillée en s’aidant de graphismes explicites, mais dont les conclusions spéculatives ne nous avancent guère. La terminologie des alchimistes y est « scochée » d’une manière si maladroite et inopportune qu’elle laisse pantois un alchimiste qui œuvre au LABORATOIRE.
Quand on lit à propos du sphinx issu des quatre éléments :
« Il représente la matière élémentaire, celle qu’il appartient à l’intelligence de vaincre, de dompter et de domestiquer. » Nous avons là deux énormes fautes. La première est de ramener les quatre éléments de l’alchimie à une insignifiance désarmante. La seconde est beaucoup plus grave, c’est celle de croire que l’intelligence, les capacités intellectuelles peuvent tout, alors que l’intelligence du cœur est beaucoup plus puissante ! C’est elle qui est à la base de l’initiation !
Cependant Jules Boucher semble ne pas ignorer cette réalité. En effet, notre auteur discret laisse percevoir une compréhension beaucoup plus profonde qu’il n’y parait en écrivant à la page 50 (troisième édition de 1948) :
« Les recherches de Dupuis (1835), qui voit dans toutes les fables une origine astronomique ou astrologique, ne doivent pas nous faire oublier que si ce sens est souvent incontestable, il n’en est pas moins vrai que traditions et légendes ont d’autres significations, à la foi plus subtile, plus haute, qu’il nous appartient de découvrir. »
Notre auteur dévoile là cette dimension universelle et cosmique de l’homme, son lien avec les étoiles au-delà de sa vie physique.
Je n’ai pas l’intention de spéculer à mon tour sur ce sujet, mais les Rose+Croix ont des explications plus subtiles et plus hautes pour ceux qui peuvent entendre parler d’alchimie au laboratoire.
Les quatre éléments chez les Rose+Croix.
Les Roses-Croix, dissertent différemment sur les quatre éléments, car ils sont les dépositaires non seulement d’une métanoia (changement de la manière de penser) mais aussi de l’alchimie théorique et PRATIQUE servant de grille de décryptage du sens profond des quatre éléments.
Le mystère de la Rose-Croix, tout le monde en a entendu parler dans le milieu de l’ésotérisme que ce soit par affiliation à une association tel l’ordre Rosicrucien AMORC, créé en 1915, ou celui de la Rose-croix d’or ou Cabalistique, ou encore en qualité du 18e grade Franc Macon du rite écossais ancien et accepté appelé Rose-Croix.
Depuis 1378, année de la création de la confrérie de la rose Croix par Christian Rosencreutz, cette appellation fleurit sans sentir la rose et est devenue luxuriante à tel point qu’aucun jardinier n’est capable de pouvoir mettre de l’ordre dans ce fouillis souvent inextricable et parfois peu recommandable !
Soyons clair. La Rose-Croix est CHRETIENNE, je dis bien qu’elle est d’abord chrétienne et hermétiste ensuite, ensuite seulement. Évidemment je ne saurais associer la chrétienté aux Églises constituées, mais à la compréhension fondamentale et non intellectuelle du Christ. Que les athées, les « bons » chrétiens et les gnostiques et ésotéristes de même que toutes les Églises et obédience veuillent bien le comprendre ! Par ailleurs certaines de ses racines puisent leur sève dans le bouddhisme. Cela nécessite évidemment une autre approche que celle de la théologie intellectuelle. Alors, que les choses soient claires, il ne s’agit pas de syncrétisme et encore moins de salmigondis. On ne peut comprendre si on est convaincu que la théologie est un discours sur Dieu, alors qu’en réalité elle est un non-discours sur Dieu… Et ce non-discours il s’apprend ! Il est à la racine de notre métanoia, c’est-à-dire du changement de notre manière de penser et de saisir le sens profond de toute vie spirituelle. Comprenez-vous pourquoi c’est le substrat de toute initiation. Comprenez-vous pourquoi je peste contre les initiés d’opérettes. Le plus catastrophique et le plus révoltant aussi c’est qu’avec leur cape, leur épée, leur tablier où leur sautoir bariolé, agrémenté de leur grand mot confiturés, ils dirigent les néophytes vers un mur, je dit bien un mur ! Pardonnez-moi si dans mon indignation je souhaite que leur marteau, leur compas et leur épée leur tombe cruellement sur les pieds ! Un bon cri de douleur serait peut-être efficace pour leur faire reprendre leur esprit. Hélas, j’en doute car le conditionnement en noyaux névrotique est aussi impénétrable que l’âme d’autrui. Permettez-moi de pester une dernière fois en plagiant un personnage célèbre ancien habitant de Nazareth : « Honte à vous sépulcre blanchi ! ! ! »
À la suite de ce mouvement d’humeur, je précise que je ne suis pas pour cela l’ennemi des Templier et des Francs Maçon, bien au contraire. Mais je m’insurge quand on dit et fait n’importe quoi avec le plus beau joyau que le Christ ait offert à l’humanité, à cet immense troupeau à la recherche d’eau vive et de nourriture spirituelle.
Les premières mentions des Roses+Croix remontent au début du XVIIe siècle en Allemagne. L'existence de l'ordre, et celle de son fondateur Christian Rosenkreutz, sont évidemment controversés. Mais cela est sans importance du point de vue de la spiritualité et de la mystique..
Quoi qu'il en soit, à partir du XVIIIe siècle et jusqu'à aujourd'hui, de nombreux mouvements se sont réclamés de l'ordre de la Rose-Croix, ou se sont référé à la « tradition rosicrucienne » ou à l'« héritage de Christian Rose-Croix » qu’ils oublient souvent de lire « Chrétien Rose + Croix » ou encore « Chrétien de la Rosée Cuite » ou alchimistes chrétiens. Leurs membres sont appelés les rosicruciens. Le terme « rose-croix » désigne, dans leur langage, un état de perfection spirituelle et morale.
Comme archétype de société secrète, mystique, immémoriale et toute puissante, les rose-croix apparaissent dans la littérature de l’ésotérisme, souvent comme successeurs des chevaliers du Graal et des templiers. En un certain sens cette affirmation n’est pas fausse. Cela dépend évidemment du point de vue où l’on se place. Rationnellement et historiquement c’est délirant et absurde. Spirituellement et pour les clairvoyants, c’est totalement vrai. Encore faut-il savoir de quelle spiritualité on parle. Certainement pas celle des « babas-cool » si répandue de nos jours, pas plus que celle qui meuble la plupart des sociétés rosicruciennes actuelles, qu’elles soient d’or ou encore cabalistiques.
Bon sang, combien nous avons besoin d’un frisson de mystère sans tenir compte du socle en béton qui doit être dessous ! De toute façon quand on a un socle en béton sous notre antenne spirituelle le mystère nous indiffère et encore plus le prestige. Alors c’est du vent tout ça, vanité du titre quand ce n’est pas celle du bel uniforme et du tablier avec la rose sur le sexe. Je n’ai rien contre le sexe ni contre le tablier, mais il serait plus approprié de placer la rose au bon endroit qui est sur le coeur !
Abordons maintenant les quatre éléments selon la Rose+Croix. D’abord il ne faut pas perdre de vue que pour eux, tout ce qui est matériel n’est que la manifestation extérieure d’êtres spirituels. Et le plus important était sans nul doute le FEU. D’où l’appellation des alchimistes de philosophes par le feu. Car la doctrine du feu a joué un rôle capital dans les temps anciens en ce qui concerne les connaissances et la compréhension de la vie. Cette conception reposait sur les quatre éléments. Vous n’ignorez plus qu’on les appelle : terre, eau, air et feu. La terre désignait tout ce qui est solide : terre, métal, bois, cristal… Tout liquide était de l’eau, y compris les métaux fondus. Ainsi le mercure, ce métal liquide, était de l’eau. Quant aux gaz, il étaient tous de l’air, qu’il s’agisse d’oxygène, d’hydrogène ou autre. Quant au quatrième élément c’était le feu.
Concrètement, sous l'effet de la chaleur, le combustible se décompose. Le produit de cette décomposition est un gaz qui réagit avec l’oxygène de l’air. Ainsi, nous pouvons résumer le processus avec la formule suivante : combustible + chaleur + oxygène = feu. Les scientifiques appelent ces trois facteurs le TRIANGLE DE FEU, ce qui reproduit le triangle au sommet dirigé vers le haut qui symbolise l’élément feu chez les ésotéristes et les Roses+Croix. C’est une convergence normale, entre les observations scientifiques et les affirmations de la tradition, qui ne fera que s’amplifier au fil du temps, car la vérité est UNE.
Pour les alchimistes le feu contient une substance subtile, beaucoup plus subtile que celle de l’air, si subtile qu’elle pénètre les trois autres éléments. Le feu imprègne tout.
Il est une différence importante entre le feu ou chaleur et les trois autres éléments (air, terre et eau) Si nous pouvons percevoir les trois éléments dont je viens de parler par le toucher, il en est tout autrement de la chaleur. Il faut mettre en évidence un fait qui, pour les conceptions actuelles, n’a aucune importance mais qui en a pourtant une si l’on veut vraiment pénétrer les secrets de l’existence : le fait que nous percevons aussi la chaleur sans avoir de contact extérieur avec elle. Nous pouvons certe la percevoir comme extérieure à nous, tout comme les trois autres éléments, en touchant un corps chaud ou tiède. Mais cependant nous le ressentons aussi dans notre corps.
La chaleur, ou feu, a donc deux aspects, l’extérieur qui se révèle à nous quand nous le percevons au dehors et l’intérieur quand nous ressentons nos états de chaleur internes. Ainsi pouvons-nous dire si nous avons chaud ou froid. Mais nous n’avons pas conscience de ce qui est solide en nous, ou liquide ou encore gazeux. Ainsi, nous ne commençons à prendre conscience de nous-même que par l’élément feu ! Cette particularité observée par les traditions les plus anciennes a toujours associé la présence de la chaleur interne aux matières qui commencent à devenir psychiques. Telle est la raison de l’association du feu à l’intelligence et à l’esprit !
Pour le mouvement spirituel digne de ce nom, le feu a toujours constitué une sorte de pont entre ce qui est extérieur et matériel et le psychisme qui ne peut être perçu qu’intérieurement. Si le feu a occupé ainsi une place centrale dans toute étude de la nature et donc l’alchimie, c’est parce qu’il est la porte par laquelle nous passons du dehors vers le dedans. Telle est la raison pour laquelle le sel ou feu liquide des alchimistes est appelé eau pontique.
On palpe un objet extérieur ; on reconnaît le feu qui vient du dehors comme les autres éléments ; quant à la chaleur on le ressent comme quelque chose qui nous est propre. On a franchi la porte ; on est entré dans le domaine de l’âme. Cela ouvre une autre porte vers le Graal et les hiérarchies spirituelles, j’y reviendrais…