J’ai montré, dans l’article précédent, (LES 4 ÉLÉMENTS des Francs-Maçons & des Rose+Croix 1. ) que par son seul nom, la Rose+Croix est au coeur de toute spiritualité indépendamment des courants de pensées, qu’ils soient initiatiques ou religieux. La philosophie des Roses+Croix est indissociable de la compréhension non intellectuelle du Christ dans le sens matériel, terrestre et cosmique de sa manifestation. On ne peut saisir ce fait si seulement, et seulement si, on a saisi au plus profond de soi que la théologie est un non-discours sur Dieu.
Les quatre éléments selon la Rose+Croix sont assujettis au fait que tout ce qui est matériel est la manifestation d’êtres spirituels. Évidemment, notre manière de penser s’accommode fort mal du seul mot spirituel (il donne des boutons me disent certains) et d’une pareille conception de la matière, à notre époque ou règne la physique quantique et celle des particules. Pourtant, à sa manière, cette pensée que certains qualifieront charitablement de poétique, de rétro ou encore de simpliste, rend cohérent le concept des quatre éléments et ouvre des perspectives sur l’univers beaucoup plus satisfaisante que les spéculations sur les symboles à n’en plus finir.
Libre à chacun de ne pas accréditer mon discours et de poursuivre son initiation des quatre éléments en suivant un parcours du combattant sous le sphinx ou en hôpital psychiatrique.
Nous savons que ces 4 éléments sont appelés : terre, eau, air et feu. La terre désignait tout ce qui est solide. Tout liquide est de l’eau. Quant aux gaz, ils sont tous de l’air. Enfin, le quatrième élément est le plus important. C’est le feu.
Nous avons vu que lors d’une combustion nous pouvons résumer le processus de formation du feu par la formule suivante :
Combustible + chaleur + oxygène = feu.
Les scientifiques appellent ces trois facteurs le triangle de feu, ors, le feu est symbolisé, dans l’ancienne nomenclature chimique et alchimique par un triangle ayant un sommet dirigé vers le haut, comme une flamme.
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our les alchimistes et les R+C, le feu contient une substance subtile, beaucoup plus subtile que celle de l’air, si subtile qu’elle pénètre les trois autres éléments. Le feu imprègne tout. C’est la raison pour laquelle les alchimistes disent :
« Le Père ou soufre contient un feu,
La Mère, où Mercure, contient également un feu,
Et ces deux corps sont intimement unis par l’esprit igné, ou sperme de nature, ou sel.
La mise en présence de ces trois feux en déclanche un quatrième… »[1]
J’ai dit dans l’article précédent (LES 4 ÉLÉMENTS des Francs-Maçons & des Rose+Croix 1. ) que si nous pouvons percevoir trois éléments par le toucher, il en est tout autrement de la chaleur du feu. Nous ressentons aussi la chaleur sans avoir de contact avec elle. Nous la percevons dans notre corps.
Nous ne commençons à prendre conscience de nous-même que par l’élément feu ! Par rapport à l’évolution biologique, cette particularité associe la présence de la chaleur interne aux matières qui commencent à devenir psychiques. Telle est la raison, comme je l’ai dit précédemment, du lien entre le feu, l’intelligence et l’esprit.
En alchimie le feu est la porte par laquelle nous passons du dehors vers le dedans, notre dedans. Globalement il établit un pont entre l’extérieur et l’intérieur des êtres vivants homéothermes mais essentiellement chez l’Homme ou l’esprit (qu’il ne faut pas confondre avec l’intelligence) atteint sa plénitude.
Nous ne pouvons commencer à prendre conscience de nous-même que dans l’élément chaleur.
Les R+C disent « Observe un objet qui brûle. Tu vois deux choses : la « fumée » et la « lumière ». » Ce sont deux phénomènes qui apparaissent quand un objet est détruit par le feu. De la flamme naît la lumière d’un côté, de l’autre la fumée.
En ce qui concerne la lumière née du feu, un fait très simple, mais de grande portée, doit être présent à l’esprit. Il est nécessaire de détruire ici une croyance pratiquement universelle et pourtant erronée. En effet, si vous demandez à beaucoup de personnes autour de vous, y compris les grands « initiés » des loges Maçonnique ou autres : « Voyez-vous la lumière ? », elles répondent en général : « Certainemlent, je la vois ! » Cette réponse est totalement fausse, car en réalité aucun œil physique ne voit la lumière ; il est absolument faux de dire qu’on la voit. On peut seulement dire que l’on voit les corps solides, liquides ou gazeux, grâce à la lumière, mais la lumière elle-même, on ne la voit pas.
Il y a dans l’espace qui nous entoure des vibrations longitudinales des corps et de l’air. Il s’ensuit que ce que nous appelons un son dans la vie courante n’est qu’une réaction suggestive de notre oreille à ce mouvement ondulatoire. De la même manière on découvre que la lumière et les couleurs sont une perception purement suggestive (voir à ce propos mon livre Holoscopie de la spiritualité occidentale). Si le nerf optique reçoit une stimulation, nous éprouvons une sensation de lumière, que ce soit une pression, un courant électrique ou bien même la lumière qui agisse sur le nerf. Soyons bien persuadé que la lumière elle-même n’est pas perceptible pour nous, même si nous regardons le soleil (ce qui est fortement déconseillé si on veut éviter la cécité à la suite d’une brûlure de la rétine).
Dans le feu on ne voit pas la lumière, mais ce qui brûle. On peut dire que le feu est à la limite entre la nature perceptible, extérieure, matérielle, et ce qui est éthérique (voir mon article LE CORPS INVISIBLE ET LA MÉDECINE ALCHIMIQUE à propos de ce terme), de l’ordre du spirituel. C’est ce qui n’est plus perceptible extérieurement.
Que se passe-t-il donc pour un corps qui est consumé par le feu ? Nous voyons d’un côté apparaître la lumière ; donc, comme je viens de le dire, c’est la première chose non perceptible extérieurement – et qui agit jusque dans un autre espace ou monde spirituel, donc qui n’est plus seulement extérieure, matérielle – est produite par la chaleur lorsqu’elle est assez forte pour devenir une source lumineuse (cette particularité n’est pas étrangère à notre propre chaleur, à notre propre devenir !).
La lumière issue de la combustion abandonne quelque chose à un autre espace, donc à l’invisible, à ce qui, pour nous, n’est plus perceptible extérieurement, mais elle le « paye » par la fumée bien visible. De ce qui était auparavant transparent, imprégné de lumière, doit naître l’opaque, la fumée.
Ainsi le feu se divise d’une part en lumière ouvrant une voie vers le monde invisible spirituel. Mais le simple fait que le feu envoie la lumière dans le monde, il doit laisser quelque chose dans le monde matériel, dans le monde de ce qui n’est pas transparent mais visible.
De cette simple observation se dégage une loi fondamentale : Rien ne se produit dans l’univers sans effet contraire. Tout ce qui existe a deux côtés : Quand, par la chaleur émerge de la lumière, il se produit d’autre part un obscurcissement, de la matière opaque. Tel est le sens du T’aї ki (unité suprême) des Chinois. Ce diagramme circulaire célèbre comporte une moitié claire (Yan) et une autre sombre (Yin) qui se place au centre des huit trigrammes (mentionné dans, le Hi ts’en). Chacune de ces figures (T’ai ki central et les 8 trigrammes périphériques occupent chacun une case du carré magique de 9 préfigurant les 9 hiérarchies spirituelles) Tel est un enseignement fondamental, essentiel, de la science initiatique que la sagesse populaire a conservé dans l’expression « Il n’y a pas de fumée sans feu. »
Pour les Rose+Croix, la chaleur renferme un élément spirituel. Si, cette chaleur devient assez intense pour qu'il en résulte d'une part de la lumière et d'autre part de la fumée, une partie de ce qu'elle contenait de spirituel doit passer dans la fumée pour la créer. Et c'est élément spirituel qui était dans la chaleur et qui a passé dans la fumée -- donc dans un élément air, inférieur à la chaleur -- se trouve comme emprisonné dans cette fumée, dans ce qui apparaît trouble, gris ou noir. Ces éléments spirituels qui accompagnent la chaleur se laissent emprisonner pour créer ce qui devient dense en devenant fumé. Tout ce qui se produit ainsi comme une matérialisation, une condensation de la chaleur, entraîne l'emprisonnement d'éléments spirituels.
L'air n'est pas autre chose que de la chaleur condensée. Il est né de la chaleur lorsque se formait la fumée. De l'esprit qui devait être chaleur a été emprisonné dans la fumée. Ses éléments spirituels sont appelés être élémentaires. Ils ont donné leur nom aux éléments, aux quatre éléments.
C'est pourquoi la science spirituelle des Roses+Croix voit dans tout ce qui est perceptible extérieurement quelque chose qui a procédé d'un état originel de feu, de chaleur. Le feu, où la chaleur, est d'abord devenu air, fumée ou gaz par un phénomène de condensation ; puis le gazeux est devenu liquide et le liquide solide.
Considérant le monde qui nous entoure, les rochers, les cours d'eau, la brume qui s'élève lorsque l'eau s’évapore, enfin l'air ; considérant tout ce qui est solide, liquide, aérien, calorique : au fond, tout cela n'est rien d'autre que du feu. Tout est feu mais feu condensé ; l’or, l'argent, le cuivre sont du feu condensé. Tout a été feu jadis, tout est né du feu, tout est un et un est dans tout.
Telle est la raison des cierges allumés sur tout autel devant célébrer un office à la gloire de l’Éternel, dont la lumière inextinguible est concrétisée par le cierge pascal à l’origine de l’eau baptismale et de la croix des quatre points cardinaux.
Les philosophes par le feu ou alchimistes ont donc une raison capitale d’exister. Ils libèrent des êtres élémentaires. Et certains alchimistes ont imagé ce fait en faisant parler la matière qui leur dit : « Aide-moi et je t’aiderais ! Libère-moi et je te libérerais ! » Peut-être doutez-vous encore de ce que je viens de vous raconter ? Alors lisez ce court passage du célèbre alchimiste Cyliani en son opuscule Hermès dévoilé dont j’ai souligné certains passages :
« Je mis ma tête sur mes mains en versant un torrent de larmes, en appelant l’Eternel à mon secours. La chaleur ce jour-là était forte, je m’endormis et fit le songe suivant que je n’oublierai jamais.
Je crus entendre craquer l’arbre au pied duquel je me trouvais, ce qui me fit détourner la tête, et j’aperçus une nymphe, modèle de beauté, qui sortait de cet arbre ; ses vêtements étaient si légers qu’ils me parurent transparents. Elle me dit : j’ai entendu du sein de cet arbre sacré le redit de tes malheurs…Mon essence est céleste… Ma puissance est telle que j’anime tout : je suis l’esprit astral, je donne la vie à tout ce qui respire et végète, je connais tout. »
Que vous souhaiter de mieux sinon de vous abîmer, le 11 avril prochain, dans la flamme du cierge pascal, cierge plongé dans l’eau baptismale ?
Entreprenez, pour votre élévation, un commerce fructueux avec les esprits élémentaires ou élémentaux. Ils sont des ouvriers besogneux de l’Éternel qui structurent notre univers illusoire. Puissiez-vous saisir la grandeur de notre monde sublunaire dont nos religions dominantes et structurées, ainsi que notre littérature fantastique et notre science-fiction n’offrent qu’un pâle reflet.