Merci de m’avoir signalé toute gêne à propos de la grosseur des caractères et des surlignages trop pétaradants. N’hésitez pas à me faire ce genre de remarque… C’est pour le confort de tous !
Cet article pourra vous intéresser si vous vous interrogez sur l’origine des Roses+Croix et des Francs-Maçons. Cela évidemment en marge de l’histoire qui n’est souvent qu’un pâle reflet trompeur de la réalité.
Les historiens qui se posent la question de l’émergence de la théologie intellectuelle à partir d’Abélard en opposition avec celle de St Bernard, trouveront ici la réponse. Quant à la Renaissance, vous en saisirez la raison d’être.
Les ésotéristes qui ignorent le sens profond des carrés magiques associés aux planètes en comprendront mieux le sens. Ils comprendront aussi pourquoi les cathédrales gardent leurs mystères. Quant à ceux qui pratiquent l’astrologie, la géomancie et toutes sortes d’arts divinatoires, ils auront ici matière à réflexion. La nécessité de la fraternité dans la connaissance est ici démontrée dans sa dimension la plus intime et lui donne un sens nouveau et puissant. Puisse ce que je vais raconter vous être agréable, faire fleurir la véritable fraternité et refleurir ce rameau de la Connaissance dont les Cathares savaient qu’il concerne notre temps.
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a connaissance des constellations célestes, dont j’ai effleuré un aspect dans l’article « L’appel des étoiles » L’APPEL DES ÉTOILES est un sujet qui repose sur des données astronomiques déconcertantes qui ne peuvent qu’être imputées à des capacités exceptionnelles de perception ou d’observation. Elles sont si difficilement acceptables de nos jours que certains auteurs, un peu rêveurs il est vrai, n’hésitent pas à attribuer ce phénomène à un mystérieux héritage d’une sorte de superscience d’extraterrestres ayant débarqués sur notre globe à plusieurs reprises.
Sans avoir recours aux extragalactiques, tournons-nous plutôt vers l’homme lui-même. À mon avis (mais cela se discute) il s’agirait plutôt d’anciennes aptitudes aujourd’hui disparues. Nul ne saurait s’opposer au fait qu’autant pour la médecine que pour la psychologie, l’homme reste un inconnu. Alexis Carrel (1873-1944) s’en doutait en écrivant son livre L’homme cet inconnu (1935). Je suis convaincu que l’homo sapien possède (ou possédait) des capacités potentielles qu’actuellement nous ignorons ou ne savons pas (ou ne savons plus plus) utiliser.
Nos pères avaient une autre manière de voir le monde y compris les planètes et les étoiles. Cette sorte de clairvoyance des anciens leur faisait décrire le ciel d’une manière totalement différente de la nôtre. Cette particularité, dont les historiens ne veulent pas entendre parler, est tellement singulière que leur façon de voir et la nôtre sont aussi opposées que deux civilisations sises aux antipodes culturels. Ne soyons donc pas surpris si l’astrologie telle qu’elle est pratiquée de nos jours n’est plus du tout la même qu’au début de son histoire. On peut dire qu’elle ne s’adresse pas au même public. Pour ceux qui ont lu mon livre Holoscopie de la spiritualité Occidentale, c’est comme si l’une était issue des particularités physiologiques de l’encéphale cérébral gauche (la notre) et l’autre de l’encéphale droit (celle de nos ancêtres). Aucune compatibilité entre les deux ou si peu !
Pour s’en convaincre, il suffit de réfléchir un peu sur l’origine des phytothérapies. Croyez-vous réellement qu’un ancien cueilleur de simples faisait sa récolte au hasard ? Ne faut-il pas accepter plutôt une perception différente de la nôtre qui lui permettait de faire un choix immédiat et efficace ?
Outre des perceptions différentes, la raison en est que l’« astrologie de l’esprit » ou astrosophie fut élaborée il y a très longtemps en ces périodes historiques où son rôle prédictif et analytique ne reposaient pas sur les mêmes fondements qu’actuellement. Vision différente implique image du monde différente.
Impossible de parler de cela actuellement. Ce serait comme vouloir décrire les couleurs à un aveugle de naissance.
Disons, pour fixer les idées et éviter une trop longue digression, que ces capacités de perception existaient dès le tout début du Moyen Age, époque où la manière d’appréhender le cosmos, était donc profondément divergente de celle qui caractérise notre XXIe siècle. En effet, les planètes y compris le soleil, étaient étroitement associées à l’étude des hiérarchies célestes, ce qui échappe actuellement à nos préoccupations, même dans beaucoup de centre d’ésotérisme.
Les hiérarchies spirituelles (Anges, Archanges, Archées, Dominations, Trônes, Chérubins, Séraphins) nous font sourires car cet aspect, qui nous dépasse totalement, nous fait qualifier cette époque comme étant peuplés d’êtres imaginaires qui caractérise l’obscurantisme des périodes historiques reculées.
Le Moyen Age avec sa clairvoyance particulière n’était pas un âge obscur mais une époque où les hommes (pardonnez l’outrage) voyaient plus loin que le bout de leur nez ! Évidemment c’est toujours une opinion qui n’engage que votre serviteur !
D’où peut provenir une connaissance aussi précise d’un monde invisible au point de le structurer d’une manière qui nous échappe ? D’où sortent les carrés magiques planétaires dont nous parle Paracelse (1493 ou 1494-1541) en son Archidoxe magique , à ne pas confondre avec ceux qui furent inventés par le touche à tout docteur Gérard Encausse dit Papus (1865-1916) dans son Traité méthodique de magie pratique. Pourquoi Paracelse en dissertait-il avec une aisance qui nous déconcerte ? C’est parce qu’à cette période de notre histoire les communications spirituelles étaient encore une disposition naturelle chez certains hommes. Ils voyaient ce que nous ne voyons plus et sommes donc incapables d’observer et de prendre au sérieux.
Mais cette capacité extraordinaire qui durait depuis des siècles n’a pas survécue. L’homme s’est vu dépossédé de cette particularité exceptionnelle. Certaines pratiques reposant sur cette perception sont donc devenues orphelines. De nos jours, seuls quelques vestiges surnagent chez ceux que l’on appelle « voyants »[1]. C’est pourquoi la science des astres s’est perdue dans des interprétations théoriques à caractère matérialiste et essentiellement psychologique ou il est facile de trouver du grain à moudre sur le comportement humain et passer à côté de la dimension spirituelle en donnant l’impression du contraire. Il en fut de même pour la géomancie, la numérologie, le tarot (là vous avez de quoi attraper une mémorable indigestion avec les pavés interprétatifs plus subtils les uns que les autres) et même le Y-King… Donc, à partir du naufrage (nécessaire) de nos capacités or du commun (par rapport à notre époque) il fut substitué des interprétations rationnelles et spéculatives, qui ont laissé place à toutes sortes de dérives psychologisantes, ce qui ouvrit la porte au charlatanisme.
Je précise au passage que je n’accuse pas les astrologues actuels de charlatanisme. La grande majorité fait de leur mieux avec des débris difficilement exploitables et en fonction de l’esprit de notre temps. De ce fait chacun élabore sa propre astrologie qui n’a plus rie de commun avec celle des origines.
Donc l’astrologie moderne est une science morte au même titre que celle de l’interprétation des symboles dans les fraternités maçonniques et les centres d’ésotérisme qui foisonnent actuellement et qui reposent sur l’ambiguïté propice à la supercherie et au bagou de bateleur.
C’est comme si nous avions perdu l’usage des yeux. C’est ainsi que pour nous les cathédrales sont devenues un vrai mystère, que les secrets de leurs érections se sont totalement perdus. Il en est de même pour ce que nous a légué la Grèce et l’Égypte antique. Ces connaissances sont hors de notre champ visuel, de notre compréhension intellectuelle qui s’en empare et les accommodent à leur guise, à toute les sauces. Quelle sombre cuisine ! Pour employer un langage vulgaire, tout ce petit monde d’érudits marche doctoralement au pifomètre ! Pinocchio est battu à plate couture. Ainsi le mensonge grandit et n’a plus de limites !
Oui, de la réalité nous en sommes loin ! Certes, l’alchimie pratique est fort bien décrite par les imagiers du Moyen Age, mais le secteur le plus incompris concerne l’oratoire, et donc notre âme et l’âme de notre terre, de notre matière. Qui voulez-vous qui saisisse cela en notre monde matérialiste ? Et oui, les hiérarchies spirituelles sont muettes. D’ailleurs que voulez-vous qu’elle nous raconte puisque nous sommes sourds et aveugles ! D’où la floraison d’alchimistes bricoleurs et souvent vaniteux à la recherche de quelques notoriétés illusoires ou de transmutations aussi secrètes que mirobolantes ! Combien ai-je rencontré de ces pauvres ères avides de gloriole et atteint de diarrhée verbale !
Nos preux ancêtres naufragés dans la nuit se sont attaqués courageusement et avec une admirable et totale abnégation à ce problème de notre lien avec le suprasensible. Ils ont dû trouver dans l’intimité de leur conscience, en puisant dans leur propre volonté, la possibilité de développer leur clairvoyance en toute liberté. Quelle grandeur de s’être attaque à un tel problème ! C’est comme si un alpiniste tentait l’ascension de l’Everest chaussé de sandales !
En bref il nous a fallu conquérir notre liberté de supra conscience qui nous fut donnée d’une manière innée, puis retirée, parce que nous l’avons pratiqué en toute inconscience.
En ce sens nous pouvons dire que le Moyen Age est une belle civilisation engloutie. La Renaissance est le début d’un voyage dans la nuit où l’humanité s’agrippe aux valeurs matérielles seules visibles pour lui. De ce fait on comprend fort bien l’alchimiste Fulcanelli quant il parle, en son Mystère des cathédrales, de décadence à propos de la Renaissance …
Évidemment nous croyons le contraire dans notre aveuglement. Cette remarque du célèbre alchimiste à « contre croyance » dénote chez lui, une acuité d’esprit qui est une preuve de sa réussite du Grand Œuvre alchimique :
« Entraînés par le grand courant de décadence qui prit sous François Ier le nom paradoxal de Renaissance, incapables d'un effort équivalent à celui de leurs ancêtres, tout à fait ignorant de la symbolique médiévale, les artistes s'appliquèrent à reproduire des oeuvres bâtardes, sans goût, sans caractère, sans penser ésotériques, plutôt qu'à poursuivre et à développer l'admirable et saine création française.
Architectes, peintres, sculpteurs, préférant leur propre gloire à celle de l'art, s'adressèrent aux modèles antiques contrefaits en Italie.
Les constructeurs du Moyen Âge avaient en apanage la foi et la modestie. Artisans anonymes de pur chef-d’œuvre, ils édifièrent pour la vérité, pour l'affirmation de leur idéal, pour la propagation et la noblesse de leur science. Ceux de la Renaissance, préoccupes surtout de leur personnalité, jaloux de leur valeur, édifiaient pour la postérité de leur nom. Le Moyen Âge dû sa splendeur à l'originalité de ses créations ; la Renaissance du sa vogue à la fidélité servile de ses copies. Ici, une pensée ; là, une demande. Dans côté, le génie ; de l'autre, le talent. Dans l'œuvre gothique, la facture demeure soumise à l'idée ; dans l'œuvre renaissante, elle la domine et l’efface. L'une parle au cœur, au cerveau,à l’âme : c'est le triomphe de l'esprit ; l'autre s'adressè aux sens : c'est la glorification de la matière. Du XIIe au XVe siècle, pauvreté de moyens mais richesse d’expression ; à partir du XVIe, beauté plastique, médiocrité d'invention. Les maîtres médiévaux surent animer le calcaire commun ; les artistes de la Renaissance laissèrent le marbre inerte et froid. » (Le mystère des cathédrales, éditions Jean-Jacques Pauvert).
Imaginez ce qu’ont dû éprouver les Templiers et les bâtisseurs des cathédrales ancêtres des Franc-Maçon, et tout autres personnalités mystiques du XIIIe et XIVe siècle qui s’efforçaient d’atteindre la connaissance qui fleurissait en Orient durant les années 1170 à l’époque où la Maison de la Sagesse réunissant dans une même vision et communion Templiers, juifs et musulmans. Les maîtres clairvoyants formaient les élèves pour qu’ils comprennent le monde. Imaginez, plus tard, des groupes tels que celui-là, qui savaient que les élèves avaient, récemment encore, trouvé un maître. Pensez à ce qu’ils ont dû ressentir quand ils se sont vus réduits à ne trouver la connaissance qu’au moyen de la pensée humaine !!! C’est là que la quête du saint Graal fut écrite car c’est là qu’elle a réellement commencé !
Dès le tout début de la Renaissance nous voyons donc des êtres puissamment motivés, notamment chez les anciens Templiers et Maçons, cultiver cette pensée humaine dans des cercles. Nous voyons cette pensée s’élancer sur des voies ouvertes par le zèle intérieur, le don de l’âme le plus total. Telles sont les voies suivies par le grand nombre de ceux qui recherchent l’éveil de leur conscience. Cette investigation poursuivant ses efforts sans faiblir nous arrivons alors à l’époque où la vraie Rose+Croix fut fondée.
La Rose+Croix est la conséquence directe d’une transformation complète des rapports entre les hommes et le monde spirituel devenu muet.
Depuis le moment où les mystères, au sens antique du terme, n’étaient plus possibles, certains hommes avides de la connaissance qu’on pouvait y acquérir et dont l’âme se débattait dans des luttes intérieures, ces hommes essayèrent toutes les méthodes pour élever leurs âmes et trouver la voie de la conscience.
Ainsi, dans de simples demeures et dans une chaude atmosphère de piété, des hommes réunis cherchent à retrouver cet antique lien sacré.
La Rose+Croix authentique, aussi bien que celle qui dégénéra en charlatanisme, tirent leur origine de ces hommes qui dans leurs réunions silencieuse, cherchaient à façonner leur âme pour pouvoir atteindre à une véritable communion avec l’indicible.
C’est dans un endroit tout à fait modeste, dans la salle commune d’une gentilhommière que quelques hommes, grâce à des exercices pratiqués en commun, mi-méditation, mi-prière, développèrent une sorte d’état d’âme mystique.
Voici donc, pour ouvrir une porte vers ailleurs, une folle petite histoire qu’il vous est loisible de prendre au sérieux ou non…
Et un jour, tandis que dans un abandon total de leur conscience ordinaire, dans un état d’âme intensément mystique et sacrifiant toute intellectualité ces quelques hommes se trouvaient réunis, un être vint à eux… vers ces hommes qui l’avaient attiré par leur piété mystique et leurs méditations.
Pour qu’aucun malentendu ne s’élève, j’affirme nettement qu’aucune force médiumnique quelle qu’elle soit n’était là en jeu ; car, en vérité, en raison de certains enseignements remontant à une tradition ancienne et digne de respect, cette petite communauté tenait tout recours aux forces médiumniques et même tout contact avec ces forces comme un péché très grave. En réalité, dans cette société dont je parle, le médiumnisme et tout ce qui lui était apparenté était considéré non seulement comme pernicieux mais surtout comme gravement coupable ; d’autant plus coupable que ces hommes savaient que le spiritisme est lié à une constitution spéciale du corps physique qui livre ses forces spirituelles pour accomplir une « communication ». Donc, avis à nos modernes « channels » dont la pauvreté spirituelle est souvent flagrante… ou repose sur de la soupe sucrée, car l’acte médiumnique ne nécessite pas toujours une invocation mais plus souvent une « possession ».
Or, pour ces hommes, et dans ce genre de communication, le corps physique était souillé par le péché. De ce fait ils auraient en toutes circonstances considérées que les communications obtenues à l’aide des pouvoirs médiumniques ne pouvaient l’être que par les forces du mal, notamment lucifériennes. À cette époque, ces choses-là étaient encore fort bien connues. Donc, il n’y avait là aucun spiritisme mais, au contraire, une pure ambiance mystique de méditation. Et c’est cette ambiance accrue de méditation mystique créée par la communauté qui décida à cet homme à se rendre dans ce cercle.
Il leur dit : pendant une brève période de temps les initiés d’autrefois ne peuvent faire leur tâche. Ce temps reviendra progressivement à partir des dernières années du XXe siècle. Je suis venu pour vous révéler que l’être intérieur de l’homme est resté le même et que cet homme intérieur, quand il se conduit comme il convient, peut trouver la voie vers l’existence spirituelle et divine. Mais la raison humaine est ainsi faite que, pendant un certain temps, elle doit être refoulée pour que l’esprit puisse parler à l’âme humaine. C’est pourquoi il faut persévérer dans votre état d’âme pieuse et mystique.
Voilà, mes chers amis, ma petite histoire d’allumé est terminée, riez si bon vous semble, et comprend qui voudra ! Permettez-moi, tout de même, de vous servir la suite de cet épisode…
À la suite de cette manifestation, le groupe s’organisa. Trois membres furent choisis pour établir un lien tout particulier avec le monde spirituel, et sans l’ombre d’une quelconque médiumnité, mais bien par la pratique assidue de cette méditation pieuse et mystique. Ces trois membres qui furent eux spécialement protégés par les autres et soignés avec une réelle tendresse, purent ainsi de temps en temps s’absenter pour ainsi dire et vivre dans l’esprit. Pendant ce temps qu’ils passaient aux portes éblouissantes de l’indicible ils notaient les révélations symboliques qu’ils tenaient de ce monde spirituel. L’intermédiaire symbolique était nécessaire car la révélation directe en langage normal devait attendre notre siècle. Donc ces révélations nécessairement symboliques furent les premières images grâce auxquelles pu être révélées aux Rose+Croix ce qu’ils devaient savoir sur le monde spirituel. Elle contenait à la fois l’alchimie, une philosophie, une théologie, et une médecine.
Et ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que les quatre autres membres du groupe, grâce à ce qu’ils avaient ressenti devant les visages rayonnant de leurs trois frères pouvaient exprimer en langage ordinaire ce que contenaient les symboles. Les frères destinés à recueillir ses symboles ne pouvaient pas traduire en langage ordinaire humain ces images symboliques qu’ils dessinaient. Les autres le pouvaient et le faisaient. Et beaucoup de ceux à qui fut transmis en partie par la philosophie, l’alchimie et la théologie (non celle des églises actuelles) et par la littérature médicale provient à l’origine de cette source.
Les symboles reçus du monde spirituels se répandirent alors dans les petits cercles organisés par les premiers Rose+Croix. Et il fut toujours possible de renouveler ses expériences entre le milieu du XIIe et le milieu du XVe siècle environ mais dans des groupes très restreints. Bien des choses ont été révélées aux hommes par le monde spirituel de cette façon ou d’une autre entre ces trois siècles. Malheureusement, par la suite ceux qui devait traduire ces révélations imagées n’était pas toujours en état de les interpréter fidèlement ; c’est pourquoi ce qu’a transmis la philosophie de ce temps-là n’est pas très claire.
Vous devez bien penser qu’au fil du temps ces hommes étaient de plus en plus déconcertés, car ils tenaient leurs hautes connaissances d’une source qui devenait pour eux chaque jour plus incompréhensible plus inquiétante. Il est bien connu que ce que l’on ne comprend pas fait peur. Cette méfiance était due au fait que leurs regards ne pouvaient pas pénétrer dans le monde d’où provenaient ses secrets, puisque leur conscience ordinaire, plongée dans la nuit, ne pouvait y accéder.
C’est la raison pour laquelle on peut comprendre que ces choses aient pu si facilement aboutir au charlatanisme et même à la supercherie. Jamais on ne vit, dans l'ésotérisme, une telle promiscuité entre le pur charlatanisme et ce qu'il y a de plus grand dans le domaine de la révélation. Et c'est parce qu'il est difficile de distinguer le vrai du faux que tant de gens considèrent toute la Rose+Croix comme du charlatanisme. On peut comprendre qu'il en soit ainsi : les vrais Rose+Croix sont extrêmement difficiles à distinguer des charlatans car il faut toujours poser en fait que la révélation spirituelle provient de sources dont la nature même fait qu'elles sont restées cachées.
Permettez-moi d’être profondément sceptique vis-à-vis des Ordres rosicruciens qui ont actuellement pignon sur rue. Ils ont beau jeux pour faire confondre les vessies avec les lanternes. Ils sont même capables de s’inspirer de ce texte pour préparer leur théâtre. Non, un véritable Ordre n’est pas déclaré à la préfecture d’un département. Il est officialisé par le sceau du tout Puissant.
Ceux qui peu à peu, pour ainsi dire, se rassemblèrent à partir des premiers Rose+Croix en une fraternité plus vaste passaient en fait inaperçu ; ils apparaissaient à cette époque ici ou là dans le monde, la plupart du temps en qualité de médecin, ils soignaient les malades et profitaient des circonstances en exerçant leur profession pour propager en même temps leurs connaissances. C’est la raison pour laquelle j’ai qualifié Rabelais, dans un article précédent, de Rose+Croix. Le même qualificatif peut être décerné à Paracelse et à Nostradamus.
Ce qu’il y a de merveilleux avec ses trois membres qui transmettaient des symboles aux quatre autres qui les interprétaient en langage clair, c’est leurs liens. Donc, trois frères ne peuvent réussir pleinement dans ce qu’ils veulent offrir au monde que si les quatre autres travaillent avec eux. ils dépendent absolument les uns des autres. Les trois reçoivent leurs révélations du monde spirituel, les quatre peuvent les traduire en langage ordinaire. Ce que donnent les trois ne serait qu’une image incompréhensible si les quatre autres ne pouvaient les interpréter. Et inversement les quatre autres n’auraient rien à transmettre si les trois ne recevaient pas la révélation du monde spirituel sous forment d’images.
Ainsi pris forme au sein de cette communauté ce qui pendant des siècles a été considéré dans certains cercles comme un élément humain des plus élevé : une fraternité intime d’âmes, fraternité dans la connaissance, fraternité dans la vie spirituelle. Par leurs efforts, de tels groupes ont appris à connaître la valeur réelle de la fraternité. Et ils comprirent de mieux en mieux que l’évolution humaine vers la liberté et telle que le lien entre les hommes et les dieux serait tout à fait brisé s’il n’était pas correctement maintenu grâce à cette fraternité ou, réellement, chacun dépend des autres.
Cela est d’une extraordinaire beauté et sur bien des écrits de cette époque plane un charme qui ne prend son sens qu’avec la connaissance de cette atmosphère de fraternité humaine née de la vie spirituelle de nombreux cercles européens et qui a imprégné ce genre d’écrit de sa magnifique lumière.
Telle est la raison pour laquelle une rose à sept pétales symbolise ce groupe et non pas sept roses, car ils sont un et constituent les organes d’une seule fleur.
Tournons-nous maintenant vers les « fraternités » actuelles. Que de tristesse ! Une entraide ou la dépendance spirituelle est remplacée par la dépendance affective de troufion : « Tu es des nôtres… » résume la situation. Un magistrat va favoriser le procès d’un frère, un chef d’entreprise va embaucher un frère, un frère deviendra professeur d’université… Fraternité ça ? Permettez-moi d’en douter. Peut-être que le mot mafia conviendrait mieux ? C’est à votre convenance. Ne soyez pas tristes, vous n’êtes pas seul, les promotions des grandes écoles procèdent de la même manière vis-à-vis de leurs cadets ! Vous devez savoir que l’agrégation est un concours difficile. Ce que vous savez peut-être moins c’est que l’agrégation de médecine, qui couronne les professeurs, est un concours de circonstance.
À bientôt, chère lectrice et cher lecteur. J’aurais l’occasion de revenir sur ce sujet qui est au centre de l’aventure humaine.
De tout cœur avec vous au-delà du langage binaire.
[1] Malheureusement la véritable dimension spirituelle n’est pas au rendez-vous. C’est la raison pour laquelle cette capacité nous fut provisoirement retirée afin de l’utiliser en toute lucidité et non en extralucidité inconsciente.