Evêque d'Alet les bains avec ses armes alchimiques.
Eglise st Martin de Limoux.
Christian Rose-croix est-il une fiction littéraire ? Nul ne le sait. Une chose est certaine : la figure de Christian Rose-croix n’a cessé d’enflammer les imaginations à un tel degré que de nombreuses sociétés rosicruciennes furent fondées, du XVIIe au XXe siècle. Les francs-Maçons eux-mêmes s’en emparèrent pour donner le nom de rose-croix à l’un de leurs grades. Évidemment, dans le meilleur des cas ces grades maçonniques où ces sociétés, plus ou moins secrètes, n’ont aucun rapport avec la fraternité des rose-croix. Malgré les rumeurs contraires certains parvinrent à entrer en relation avec la mystérieuse fraternité comme Descartes, Leibniz, Albert Durer et surtout Goethe.
Le fondateur de la Rose-Croix est Christian Rose-croix. Ce nom est déjà très significatif dans le sens ou il manifeste le Christ et la croix. En d’autres termes, il s’agit du christianisme fondamental et donc initiatique, c’est celui des premiers siècles de l’Église. La rose est l’anagramme d’Éros, le dieu de l’amour. il est bien question d’une œuvre axée sur l’amour du Christ, d’un Christ qui n’a plus de rapport avec celui que prêchent les Églises. Donc, que les lectrices et les lecteurs fassent une distinction radicale entre les Églises actuelles, devenues usurpatrices par une législation illégitime1, et l’Église, non dogmatique des premiers siècles, à laquelle se réfère Christian Rose-Croix.
La biographie de Christian Rose-Croix confirme ce qui précède. Les « manifestes rose-croix » qui sont la Fama Fraternitatis et la Confessio Fraternitatis, furent publiés en Allemagne en 1614 et en 1615 et firent pour la première fois mention de cette fraternité. On leur associe un autre texte : Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz publié en 1616
la Fama Fraternitatis nous dit que Christian Rose-Croix a appartenu à une petite noblesse d’Allemagne et qu’il fut élevé dans un monastère où il vivait dans la mystique de la terre sainte.
Cela est en rapport direct avec l’Église de Connaissance, et donc ésotériques, qui caractérise les couvents et monastères du XVIIe siècle.
À l’âge de 16 ans, (lire « Isix » ou Isis) il va réaliser son vœu.
Dans la mythologie Égyptienne Isis rassemble les 13 marceaux de son époux coupé en 14 morceaux. La seule partie introuvable, malgré tous ses efforts et l'aide des obligeants crocodiles, fut le membre viril car il avait été mangé par des poissons. Isis se résolut à fabriquer un phallus artificiel en argile et le consacra. Elle insuffla à Osiris le souffle de la vie, et lui donna un fils, Horus.
Cet âge de 16 ans montre que Christian Rose-croix va faire œuvre de vie.
Parti pour une longue route, il entend parler des sages de l’Arabie. Il renonce aussitôt à son pèlerinage et se rend à Damcar (actuel Yémen). Averti de son arrivée les sages l’accueillent. Ils lui enseignent l’Arabe, les mathématiques et la physique.
Nous voyons là que Christian Rose-Croix est formé dans une école qui ressemble étrangement aux maisons de la sagesse comme celle du Caire ou les chrétiens, les Juifs et les musulmans étudiaient ensemble, et qui était dépositaire (malgré son incendie) de documents issus de l’immense bibliothèque d’Alexandrie.
Christian Rose-croix traduira en latin le fameux livre M, censé contenir tous les secrets de l’univers.
Évidemment, le Livre M doit se lire « Livre j’aime » en d’autres terme le livre qui traite à la foi de l’amour et de l’aimant. Cet aimant étant le plus grand secret de l’alchimie car il attire les puissances cosmiques et permet d’être en relation avec les secrets de l’univers.
Il passe alors plusieurs années dans divers pays arabes. Rentré ensuite en Europe, il tente de communiquer son savoir. En vain ! (ce savoir est incommunicable).
Il retourne en Allemagne, où, s’étant fait construire une vaste demeure, il se livre à des travaux personnels.
Après cinq ans de durs labeurs, il appelle cinq frères qu’il avait connus dans son monastère d’origine. C’est avec eux qu’il forme le premier noyau de la fraternité. Nous voyons là que Rose-croix reste dans un milieu chrétien de l’Église ésotérique de connaissance. Ils mettent au point un langage secret, font des miracles, guérissent des malades, recrutent de nouveaux membres. Évidemment, les miracles ne peuvent être imputés ici qu’à la pierre philosophale résultat du dur labeur de Christian Rose-croix et de ses études à Damcar. Ils se sont promis de tenir caché l’existence de leur ordre pendant cent ans.
À la mort de Christian, le lieu de sa sépulture est perdu. C’est un frère qui le découvre en opérant des transmutations. Au centre d’une pièce voûtée, dans un cercueil se tient la dépouille intacte de Christian qui a à la main un petit livre orné d’or. Sa lecture indique qu’il connaissait tous les événements passés, présents et à venir. Les disciples referment ensuite le tombeau de leur maître et se répandent dans le monde pour continuer son œuvre.
Nous voyons un fait capital : la Rose-Croix s’avère être d’abord une école d’alchimie.
Outre la biographie de Christian, les auteurs de la Fama Fraternitatis affirment qu’il existe une correspondance absolue entre notre système solaire ou microcosme et l’univers ou macrocosme. Une mathématique dont Rose-Croix a eu le secret qui permet de saisir cette correspondance et d’en user pour le bien de l’humanité. Il s’agit là encore du fameux livre M dont j’ai parlé.
Science de la nature (alchimie), fraternité envers tous les hommes (frères de son monastère, donc frères dans le sacerdoce) et montée vers la divinité s’avèrent synonymes.
Il est normal qu’une pareille histoire ait enflammé les imaginations. Imagination qui réduit au silence les cinq années de dur labeur de Christian en créant des sociétés rosicruciennes préoccupées par le culte du mystère mais dont la connaissance réelle de l’alchimie avec sa face chrétienne reste à prouver.
Avec toute mon amitié.
A Irène et Amélie.
1 Cette illégitimité est manifeste par le refus du mariage des prêtres qui se mariaient à l’origine, et le sacerdoce féminin qui, après avoir existé, fut illégitimement abolis. Il en est de même pour l’infaillibilité du pape et l’adoption par celui-ci des fausses décrétales qui sont des lettres inventées par un faussaire mais qui donnent tout pouvoir au pape. L’Église sait que ces lettres sont fausses. Le seul fait que les papes les aient considérées comme véritables les a rendus légitimes (voir l’article « décrétales » dans l’encyclopédie Larousse sur papier de 1960.)