Le feu à deux faces celle destructrice comme, hélas, notre actualité ne manque pas de nous le rappeler et celle de régénération si bien traduite par la ponte d’une poule et la légende du phénix.
Inutile de tergiverser pour dire que le feu est au cœur de la démarche alchimique. Aussi bien, le feu du soleil que celui de l’athanor (fourneau des alchimistes).
C’est d’ailleurs de là qu’est issue le pseudonyme de l’alchimiste Fulcanelli produit de l’union phonétique de Vulcain et Élie. Vulcain étant le forgeron utilisant le feu vulgaire et Élie ou Hélios (soleil) n’est autre que le feu du soleil.
Le feu de l’athanor est appelé par philalèthe : « Notre tranquille Henri ». Il s’agit évidemment d’Élie ou Hélios, le feu du soleil qu’on laisse tranquillement agir au moment crucial de l’œuvre au noir. Évidemment ce nom d’Henri est cabalistique c’est-à-dire lié à la phonétique. Henri désigne l’acronyme I.N.R.I. inscrit au sommet de la croix du Christ. C’est le feu sublime de la passion christique. De ce fait le sens de INRI n’est plus l’expression latine : Jesus Nazarenus Rex Iudaeorum : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs » mais celle d'inspiration alchimique : Igne Natura Renovatur Integra : « Par le feu la nature se régénère intégralement » ou « le feu de nature régénère intégralement ».
Poule couvant l’œuf philosophal.
Détail d’une gravure alchimique du Spéculum veritatis du XVIIe siècle (Bibliothèque apostolique du Vatican. Cod. Lat. 7286 f. 4,5)
Comprenons donc que le feu de Vulcain n’est pas ici celui de notre chaudière mais un feu de nature, un feu naturel. Comme feu naturel n’allons pas chercher les incendies de foret provoqué par la foudre, ou celui des volcans, car c’est revenir à notre chaudière.
Comme feu naturel nous avons la température de notre corps, celui d’une poule qui couve. De là son nées les expressions de la température du fumier (cette température peur être très forte lorsque fermentent les fécès) ou du ventre d’un cheval, ce qui est une manière cabalistique de s’exprimer puisque le mot cabale provient de cavale ou cheval.
La poule est cependant favorisée puisqu’elle couve des œufs et que la pierre des alchimistes est appelée œuf philosophal.
VIIIe emblème intitulé : « Prend l’œuf et frappe-le avec un glaive de feu. » in Atalante fugitive (1617) de l’alchimiste allemand Michael Maier (1569-1622)
Cette gravure est des plus explicites puisque l’œuf est devant une cheminée et donc chauffé de loin comme tout homme qui désire se chauffer, et non dans un fourneau au contact de la flamme.
L’épée est une arme banche ou larmes blanches qui traduit la couleur de la substance appliquée à l’état liquide dont les larmes salées traduisent l’adjonction de sel. Il s’agira donc d’un feu lie à des réactions chimiques augmentant la température d’une manière analogue à celle qui se déroule chez les êtres vivant à sang chaud. Alors soyons attentifs de ne pas dépasser les 70°. Cette arme blanche va faire saigner la matière. D’où l’expression « garder son sang froid » pour éviter que la température ne grimpe trop haut. Alors il faut garder une bassine d’eau fraîche à portée de main ! Bassiner c’est aussi humecter avec le feu humide pour chauffer et échauffer quelqu’un, l’exciter. Mais ici elle sert à tempérer ce qui est trop excité.
Ça y est, vous avez compris comment fonctionne la tête d’un alchimiste ?
Avant que vous n’explosiez…
À bientôt.