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out commence au XVIIe siècle. Le maitre à penser de l’époque dans le domaine de la… pensée est incontestablement René Descartes qui, en cinq pages de son ouvrage le fameux Discours de la méthode a influencé l’opinion de plusieurs générations jusqu’à nos jours. L’instinct et la raison, écrit-il, marques de deux natures. Et nous voilà embarqué dans un quiproquo qui orienta l’esprit scientifique d’une manière unilatérale vers la raison raisonnante, alors qu’il faut crever le tambour dit pertinemment René Alleau. Et de ce fait tout ce qui sort de ce cadre subit l’ostracisme des barbes académiques, lesquelles sont gardiennes du dogme scientifiques à l’instar de la curie romaine qui veille sur les dogmes religieux. Nul n’est fait académicien s’il s’inscrit en marge des paradigmes officiels comme nul évêque ne sera nommé cardinal s’il s’avère un tantinet hétérodoxe. Tout cela s’établi dès les grandes écoles et dès le séminaire, tout deux fabriquent les futur cadre autour d’une idée unique qui engendre la pensée unique : celle du maintenir les structures !
Autant dire qu’il s’agit là du même canevas qui préside à l’instinct animal qui est celui de la perpétuation de l‘espèce. Dans ce but la nature les a pourvu, et nous a pourvus aussi, d’un cerveau formaté pour cela et qui est le plus bas qui puisse exister, que les neurophysiologistes appellent cerveau reptilien. Cette structure encéphalique est pratiquement identique à celle des animaux. C’est par la que je vais commencer.
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l fut un temps où les hommes ne devaient pas savoir compter. Mais ne pas savoir compter n’implique nullement que l’on n’ait aucune notion du nombre ; seulement, cette notion se trouve limitée à une sorte de sensation numérique, c’est-à-dire à ce qu’une perception immédiate permet de reconnaitre d’un seul coup d’œil. L’homme primitif devait très probablement se trouver dans l’incapacité mentale de concevoir les nombres pour eux-mêmes, c’est-à-dire sous l’angle de l’abstraction.
De grâce, de cette incapacité n’en concluez pas que nos ancêtres étaient des abrutis ! D’ailleurs peut-être utilisons-nous trop vite le terme d’« incapacité ». J’y reviendrais…
J’appelle sensation numérique une capacité de discernement de l’importance d’un petit groupe d’objets.
Ainsi, dans des cas très simple, une mère prouve par des signes non équivoques, qu’elle sait si un ou plusieurs de ses petits lui ont été enlevé. Pas plus tard qu’hier l’un de mes correspondant me disait avoir trouvé un jeune corbeau tombé du nid, aussitôt il subit l’attaque en règle des parents qui voulaient récupérer leur progéniture.
Chez les oiseaux cette particularité est très développée, justement chez le corbeau. Un exemple célèbre est rapporté par Tobias Dantzig (Le nombre et le langage de la science, pp. 1-25. Edition française 1974).
Ainsi, un corbeau est-il capable de différencier des qualités concrètes allant de « un » jusqu’a « quatre » et cela évidemment sans aucun dressage. Voici donc l’histoire :
Un châtelain avait pris la ferme décision de tuer un corbeau qui avait eu la malencontreuse idée de faire son nid dans la tour de gué du château. Il avait essayé, plusieurs fois, de surprendre l’oiseau, mais, à son approche, le corbeau désertait son nid, se perchait sur un arbre voisin et revenait dès que notre homme quittait la tour.Le châtelain eut alors recours à un habile stratagème : il fit entrer deux de ses compagnons dans la tour ; au bout de qualque minutes, l’un s’éclipsait pendant que l’autre restait. Mais loin dêtre la dupe de ce stratagème, le corbeau attendait que le second fut parti pour regagner sa place. La foi suivante, l’on fit entrer trois hommes dont deux s’éloignèrent ensuite ; le troisième put alors attendre tant qu’il le voulait l’occasion d’attraper le corbeau, ce rusé volatile attendait plus patiemment encore que lui. Les fois suivantes, on recommença l’expérience avec quatre hommes, mais toujours sans succès. Finalement, la ruse s’avéra concluante avec cinq personnes, notre corbeau n’étant plus en mesure de distinguer quatre hommes de cinq…
Il convient de noter que cette sensation numérique est limitée. Donc en réalité les animaux ne peuvent pas compter, sauf si on le leur apprend évidemment. Dans ce cas ils dépassent largement cette sensation numérique.
Il y a donc, en réalité, la capacité d’abstraction chez les animaux, ce qui l’empêche de se développer c’est qu’ils ne transmettent pas à leurs enfants leur connaissance, sauf dans des cas particulier comme certains anthropoïdes dressés transmettent à leur petit leur connaissance. Ce fait fut observé en laboratoire seulement.
Cela est suffisant pour constater que cette capacité d’abstraction n’est pas inhérente à l’homme.
Sans vouloir faire un exposé sur le comportement animal, n’importe quel bouquin d’éthologie ou de psychophysiologie animale peut y pourvoir, passons au fond du problème.
Dans notre cerveau nous avons cette structure « animale » mais pourvue en plus d’un cerveau beaucoup plus élaboré qui nous permet l’abstraction associée à une bonne mémoire liée à une transmission de génération en génération de notre savoir.
Chez l’homme il s’est passé un phénomène de rupture à un moment donné ou la perception directe des faits et des choses a cédé la place à un besoin d’abstraction. Ainsi chaque partie de notre corps est devenu un aide mémoire en plus des dix doigts qui bien plus tard donnèrent le système décimal que nous utilisons pour compter.
Progressivement notre besoin d’abstraction augmenta tout en vivant une cohabitation harmonieuse avec notre perception immédiate similaire à la sensation numérique.
Cette sensation était beaucoup plus importante chez nous que chez l’animal au point de saisir des choses invisibles que nous ne voyons plus… mais que l’animal perçoit encore.
L’exemple d’Oscard, ce chat d’une clinique américaine qui perçoit quant un patient va mourir en est un bel exemple.
En d’autres termes au fur et à mesure du développement de notre capacité d’abstraction nous avons perdu notre contact avec le réel que notre perception nous permettait de saisir. De ce fait se sont développées des « mystères » comme ceux d’Eleusis pour exercer ces capacités et faire découvrir à l’homme l’univers invisible et multitemporel.
Tout cela c’est perdu et nous vivons actuellement dans le monde artificiel de l’abstraction et des sciences. Cela permet de comprendre combien nous sommes loin du Réel. Nous avons donc devant nous une immense reconquête à faire sans pour cela renier la science mais en lui donnant un autre esprit.
Cet esprit n’est malheureusement pas prêt de changer car il lui faudra passer du rationnel au sur rationnel, ce qui dépasse notre raisonnement habituel. C’est dans ce domaine que se situe l’alchimie qui ne rencontrera donc jamais la science qui est aux antipodes de sa pensée.
Je précise cela car beaucoup veulent croire que l’alchimie n’est qu’un ancêtre de la science et plus particulièrement de la chimie alors qu’elle n'a absolument rien de commun avec elle. Ainsi les chimistes qui veulent croire à la dimension « scientifique » de l’alchimie perdent leur temps notamment le chimiste Pierre Lazlo qui par ailleurs a réalisé un travail remarquable sur la langage de la matière. Si celle attitude est de bonne volonté, tout cela reste prisonnier de l’abstraction qui supprime la vison directe. Telle est la raison pour laquelle dans le langage courant l’expression « je vois » est devenu identique à celle « je comprend ».
Avec toute mon amitié.