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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 10:02

© Octobre 2010.

 

Si un livre peut laisser perplexe c’est bien celui qui porte la titre Le comte de Gabalis ou entretiens sur les Sciences secrètes. Depuis sa parution il y a bientôt 350 ans (1670), le monde entier se demande si c’est du lard ou du cochon. Personne n’est d’accord sur le sens de cet ouvrage. Pour les uns il est matérialiste, pour les autres il fleure la magie dans le style du grand Albert, pour d’autres enfin il est impie. Au choix donc. J’ai fait le mien au-delà de cet embrouillamini qui fleure l’ignorance. Vous avez compris, je l’espère, que j’ai un malin plaisir à me juger prétentieux !


Gabalis02

  L’auteur de cette perle de zizanie est Nicolas-Pierre-Henri de Montfaucon de Villars (1635-1673). Je me permets d’affirmer, – tout de go comme il sied à ma langue de béotien certifié – qu’il gagnerait à être lu par les adeptes de l’alchimie, ceux qui font du bon boulot ! je ne parle pas à ces « mysticailleurs » qui bricolent nuitamment dans leur laboratoire envahi de vaisselle hétéroclite et qui, à leurs moments perdus, voguent béatement dans un monde qu’ils disent « astral » en affirmant être montés aux cieux. De retour sur terre ce n’est guerre mieux, écoutez-les réciter dévotement leur chapelet issu du rebut de quelques Églises gnostiques trépassées. Me reprocherez-vous de ne pouvoir écouter leurs incantations fanées dont eux seuls ont le secret ?

N'étant pas un sage je griffe énormément. Le démon emporte celui qui met en doute mes présomptueuses remarques qui fleurent, comme il se doit, l’impertinence !

 

Le petit Nicolas naquit sur les rives des eaux tumultueuses de la haute vallée de l’Aude. Sa venue au monde s’est déroulée au château de Villars non loin d’Alet-les-Bains. N’en doutez pas, il y avait là, très certainement un cœur d’ondines pour célébrer l’heureux évènement.

 

Curieux endroit que cette vallée montagneuse couverte par endroits de forêts qui deviendra plus de deux siècles plus tard l’épicentre de l’énigme de Rennes le Château ou son curé légendaire, Béranger Saunière deviendra inexplicablement richissime.

Notre futur millionnaire du XIXeme siècle fera en ce lieu, de 1879 à 1882, tout à côté du château de Nicolas ses premières armes de pasteur pour des brebis essentiellement campagnardes assez particulières puisqu’elle exaspérent les théologiens en ne suivant pas le dogme à la lettre par leur croyance indéracinable à la magie des dolmen et des menhirs, ainsi qu’à celle des fées et des gnomes, ce qui ne les empêchaient pas d’odorer Jésus-Christ, la Madone et les saint. Mais oui, ce sont de faux dévots, une espèce hybride, de drôles d’acolytes plutôt ! Le malheur pour la moderne inquisition c’est qu’il est devenu impossible de les convertir et encore moins de les purifier sur le bûcher. Le seul supplice qu’ils supportent c’est celui de fréquenter le catéchisme !

 

Superposition de personnages insolites en un seul lieu ou Jésus-Christ à de la concurrence, lieu qui transpire la magie… Cet endroit ne serait-il pas sujet à quelques étranges exhalaisons où les gnomes les ondines les sylphes et les salamandres dansent ensemble en se riant de la naïveté des hommes ?

Bof ! Que voulez-vous que je réponde à ça ?

 

Donc, il y a plus de 150 ans (1852) naquit à Montazel, le petit Béranger et cela tout à côté, sur les rives de ce même cours d’eau qui traverse Alet-les-Bains. De même que Nicolas, il choisit d’être prêtre ou peut-être faudrait-il dire que l’occasion se présenta ?

Et voilà que notre ensoutané frais émoulu du séminaire fut affecté, en qualité de vicaire auprès du curé de cette station thermale. Dans ce presbytère pourvu d’une bibliothèque d’archives provenant de l’ancien évêché rebelle, il eut accès à des documents qui lui furent montrés par son curé érudit, lequel ne manquait pas d’étrangeté. En effet, c’était l’abbé Lassère natif de Limoux et descendant de celui qui, après la Révolution, vit surgir d’un lieu aussi mystérieux qu’introuvable, la vierge noire de Notre-Dame de Marceille (sic). Il connaissait une cache inviolable qui lui permit de soustraire certain objet de grande valeur aux réquisitions révolutionnaires.

Restons persuadé que le secret de l’énigmatique fortune de cet abbé prend ses racines en ce lieu dont l’étrangeté n’est pas à démontrer !

 

« Béranger est devenu riche grâce aux gnomes ! ! ! » se serait écrié l’abbé Monfaucon qui croyait dur comme fer à ces entités élémentaires gardiennes de trésor. Il vous aurait affirmé, tout de go, que ce curé d’un autre temps que le sien a obtenu son étrange fortune comme le roi Salomon, grâce à son commerce avec les petits gnomes, à l’aspect affreux mais bons bougres, gardiens de moult et moult trésors.

 

Vous voulez mon avis ? Et bien Nicolas dit vrai. Parole de scout ! j’ai des témoins au-dessus de tous soupçons. J’en appelle à la barre les sept nains de Blancheneige !

 

Aujourd’hui on parle beaucoup de préservation de la nature, d’écologie. Mais on ne saurait accepter autrement que comme superstition l’existence de gnome, ondine, sylphes et salamandre. Y croire est devenu un radotage fantaisiste alors que nos ancêtres les ont nommés et y croyaient car ils les voyaient. Les hommes sont induits en erreur par leurs théories et axiomes et surtout par un néo cartésianisme réducteur. Telle est la raison pour laquelle ils acceptent si difficilement les conclusions des neurosciences et de la physique quantique. Quant aux êtres élémentaires amis de la nature et de ceux qui l’aiment ils n’en veulent pas ! Regardez ces brutes formatées, la poésie elle-même ne les atteint pas !

Sont-ils encore des Hommes ? La question devait être posée…

 

Montfaucon fut diocésain de l’illustre et mystérieux Mgr Nicolas Pavillons (1597-1675) évêque d’Alet-les-Bains, lequel était regardé avec suspicion par l’Église pour sa propension au jansénisme et au gallicanisme. Mais ce que l’on suspectait surtout c’était son ouverture d’esprit inconvenante pour les bien pensants.

Grand bienfaiteur, aimé du peuple il était un proche ami et complice de l’alchimiste philanthrope Vincent Depaul. Les deux ecclésiastiques partageaient le secret du Grand Œuvre alchimique et celui de l’endroit où se trouvaient les archives redoutables pour l’Église, mais introuvables, de la Compagnie secrète du Saint Sacrement et celles des AA (encore plus secrète) qui lui succéda. Ces deux sociétés ésotériques, mère et fille, collaboraient, sur le plan initiatique avec les Roses+Croix. C’est, dit-on, ce qui se raconte dans les couloirs de l’improbable.

Alors ses archives, où sont-elles ? Sérieux comme un pape, Nicolas vous répondra qu’elles sont sous la garde des mêmes gnomes qui gardent l’immense trésor de Béranger, le curé aux milliards !

 

Subtil orateur Montfaucon avait l’intelligence vive. Le geste prompt et vigoureux faisait virevolter sa soutane de jeune clerc. Il se fit remarquer très tôt dans le milieu ecclésiastique. Aussi fut-il le prêcheur, en 1655, de la basilique Saint-Sernain de Toulouse alors qu’il n’avait que 20 ans ! C’est pour ce fait exceptionnel d’un enfant du pays que cette date fut gravée en hauteur à l’angle d’une maison du village d’Alet-les-Bains.

 

Quelques années avant lui Vincent Depaul connu aussi une ordination précoce à la prêtrise dont le délié de l’intelligence et de l’expression verbale en fit un rayonnant maître à penser. Il semble d’ailleurs que les deux hommes fréquentaient un même milieu de l’hermétisme, car leurs biographies respectives sont marquées du sceau de l’alchimie.

 

Grand hermétiste, cet ecclésiastique était donc un petit abbé, mais aussi, disons-le, un petit-maître littéraire de la fin du XVIIeme siècle dont le seul titre qui défraye les chroniques jusqu’à nos jours repose sur ces mystérieux entretiens entre lui-même et le conte de Gabalis.

 

Son badinage agile, très agréable à lire, gravite autour des lois de la nature, où l’on reconnaît aisément les prémisses de l’alchimie mystique dans sa conception brute non inféodée à des maîtres à penser religieux… d’où sa qualification de libertin, c’est-à-dire de libre d’esprit infidèle aux dogmes n’ayant pas, comme aujourd’hui, cette odeur « raffinée » du porc libidineux suintant la testostérone.

Allons, soyez bon prince, pardonnez-moi quelques coups de pieds !

 

Je reste persuadé que le comté de Gabalis est quelque part dans les Corbières, haut lieu du cheval (cabal) Bayard de la mythologie française relaté dans les poésies du XII et XIIIeme siècle que le magicien Maugis rendit blanc en utilisant des préparations d’herbes.

 

Dans la chanson de Renaud, notre cheval blanc est immergé dans la Meuse avec une meule au coup qu’il brise pour ressortir et devenir sauvage et libre, libre d’aller élire domicile où bon lui semble.

 

Et ce cheval a élu domicile à Limoux dans l’Aude où des centaines de témoins l’ont aperçu !

 

Il est temps de vous raconter ce qui m’a été dit au château de Brugairolles, sous les étoiles et par une chaude soirée d’été, alors que la nuit, caressée par le chant des grillons, invitait aux confidences.

 

Une amie, la vénérable baronne de M… issue d’une vieille famille aristocratique du Razès alliée à la quasi-totalité des seigneurs de la contrée, vivait en ce lieu depuis le tout début du XXeme siècle. Ce soir-là, nous regardions le ciel, quand, sans doute inspirée par la mélodie nocturne ou la poésie de la voie lactée, sa voie s’éleva de l’obscurité de son fauteuil tourné vers le ciel boréal.

Elle me dit qu’à Limoux, les habitants racontent qu’au XVIIeme siècle, donc au moment ou vécu en ces lieux Montfaucon, s’est déroulé un évènement qui les a marqué à jamais et dont on parle de générations en génération dans le secret des chaumières et des gentilhommières.

 

Un jour une disparition étrange eut lieu sur le pont de pierre qui relie l’église St Martin à l’autre rive de l’Aude, pont destiné aux pèlerins désireux d’aller rendre hommage, sur la rive droite, à la madone noire de Notre Dame de Marceille. Ce jour-là, me dit-elle, les habitants s’égaillèrent soudain épouvantés et vidèrent les artères de la ville en un clin d’œil.

Les hommes et les femmes affolés fuyaient de tous côtés devant un cheval géant qui galopait dans les rues. Cet animal fantastique s’engagea sur le pont et au milieu de celui-ci, une étrange attraction le fit plonger dans l’Aude ou il sembla se dissoudre.

Sur le ton feutré de la confession elle me dit :

« Vous savez, mon cher ami, je suis persuadée qu’outre les anges et les archanges et toute la hiérarchie céleste existent en notre monde des êtres dont les peuples des cieux sont les « pères ». Ils sont là pour la nature et pour nous quand nous souhaitons de bons conseils, car voyez-vous ce cheval extraordinaire n’avait pas sa place dans les rue d’une ville. Il était pour nous une épouvante et donc déplacé. J’ai beaucoup pensé à cette histoire qui berça mon enfance. Je suis persuadée que cet animal fabuleux fut amené à disparaître sous l’action d’être qui habitent l’eau. J’ai entendu dire qu’ils s’appelaient ondines, et que leur action s’exercent sur toutes les ondes qu’elles soient aquatiques ou aériennes. »

 

Ma curiosité éveillée je lui demandais comment elle connaissait l’existence de tel être.  C’est ainsi que j’appris qu’elle s’était renseignée dans une de ces fermes isolées ou résidait un  faitilhièr (en occitan, sorciers et magiciens). Ces éleveurs des campagnes possèdent souvent un bouc qui féconde toute les chèvres de la contré. Bigre, il faut soigner sa réputation de sorcier, et le bouc fait partie de la vitrine ! Bon, revenons à la baronne.

 

« Les ondines, me dit-elle, qui habiterait l’eau aurait attiré ce cheval pour le faire disparaître car elles aspirent à la mort, désireuses d’aller vers des mondes supérieurs. C’est pourquoi elles « aspirent » des êtres immatériels. Évidemment c’est ce que j’ai compris car les subtilités de l’occitan ne sont pas mon fort, puisque j’ai fréquenté les écoles de Toulouse. ».

 

Ne riez pas, car c’est alors que j’ai compris une vieille habitude villageoise qui m’avait toujours intriguée. C’est celle de vérifier systématiquement tous les soirs si le couvercle de la cuvette des WC était bien rabattu. Ont-ils peur des Ondines qui sortent de l’eau ? Peut-être, pourtant on ne m’en a jamais parlé… La sagesse paysanne dit qu’elle vivent près des sources, là ou l’eau touche la pierre elles apparaissent. Nous reconnaissons ici les fées de nos contes pour enfants… Sincèrement, les voir dans les toilettes, ça manque de lyrisme !

 

La baronne me parla d’autres êtres qui ont, dans la nature, des lieux de vie particuliers que les sorciers et les chamanes voient.

 

Pour les gnomes la terre est sans consistance, elle est pour eux comme une bulle de savon. Ils ne savent même pas qu’elle est ronde. Ils se réunissent là où le rocher est en contact avec l’or et l’argent, le mercure et d’autres métaux. Jadis ils ont beaucoup servi les hommes dans l’exploitation des mines métallifères.

Elle me dit aussi qu’ils étaient les guides des alchimistes.

 

Plus tard j’ai découvert que l’alchimiste Fulcanelli en parle quand il décrit le cadrant solaire du palais Holyrood d’Edimbourg, dans ses demeures philosophales. Il insiste sur les gnomes détenteurs de la gnose et donc de la connaissance indispensable :

 

« Or, les gnomes, génies souterrains préposés à la garde des trésors minéraux, veillant sans cesse sur les mines d’or et d’argent… La tradition nous les dépeint comme étant fort laids et de très petites statures, en revanche, leur caractère bienfaisant, leur commerce extrêmement favorable. On comprend alors les raisons cachées des récits légendaires où l’amitié d’un gnome ouvre toute grande les portes des richesses terrestres…

(…) Le sel de Sapience, esprit ou feu incarné, le gnome familier et serviable, ami des bons artistes, lequel assure à l’homme l’accession aux suprêmes connaissances de la Gnose antique. » p. 307-308 éditions 1964.

 

Petit commentaire pour les bricoleurs : qu’ils ne s’imaginent pas que la seule utilisation de sel de Sapience soit nécessaire pour réussir. Croire que des élémentaux tels les gnomes (cousins des Archées) sont là pour le folklore est une erreur monumentale. C’est ce qu’a voulu dire Monfaucon de Villars qui ne devait pas ignorer que les fumistes en alchimie pullulaient en certaines contrées.

 

Mais poursuivons les révélations que me fit la baronne.

 

D’autres êtres se manifestent au contact des plantes et des animaux, en ce lieu agissent les sylphes, liées à l’élément air, et qui apparaissent par exemple, à l’endroit où une abeille butine une fleur.

Et là j’ai compris combien la mort actuelle des abeilles est un fléau dont on n’a pas totalement conscience.

 

Évidemment je considérais un peu cela comme une jolie invention pour agrémenter notre besoin de merveilleux. J’ai cependant compris que cette vénérable aristocrate n’a jamais douté de leur réalité. Cette croyance m’a toujours impressionné de la part de cette femme énergique, noble dans tous les sens du terme, au bon sens proverbial, qui fut une courageuse infirmière major sous les bombes de la seconde guerre mondiale, et dont les ancêtres et ceux de son époux fréquentaient les Cour européennes (son époux était cousin du roi du Portugal) et certains furent même les fondateurs d’Ordre ésotérique qui perdurent de nos jours avec leurs inéluctables dégradations. Si j’ai pu dérouler ses lettres de noblesse enfermées dans un tube métallique portant le sceau royal, j‘ai également pu voir une grande quantité de documents dans le coffre des archives familiales ce qui laisse supposer des connaissances transmises par ses ancêtres dont le message héraldique des trois épées « versées » fait partie.

 

Je lui ai demandé s’il était possible de voir ces êtres. J’eus la surprise de l’entendre me répondre qu’en effet cela se pouvait à certaines conditions.

C’est ainsi que j’appris une bien curieuse attitude nécessaire aux alchimistes désireux de voir les esprits du feu qui leur sont indispensables. Car, me dit-elle, les esprits du feu ont un état de parenté avec les pensées humaines.

En restant éveillé tout en étant hors de soi-même, c’est-à-dire en étant à la foi sujet et objet, alors on parvient, avec un peu de persévérance, à voir les esprits du feu.

Et elle ajouta que cela n’était possible que dans une réelle humilité qui consiste à vivre dans le non moi.

 

Je restais stupéfait par cette extraordinaire leçon bien concrète sur le sens de l’humilité que je n’aurais jamais cru trouver chez ceux qui commercent avec les élémentaux. C’est là que j’ai compris où résidait le secret des Rose+Croix. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises.

 

La noble Dame me parla de la hiérarchie céleste sous un angle que je ne soupçonnais pas, où j’appréhendais la véritable identité de Mercure, ce dieu volant de l’olympe, dont les alchimistes ne cessent de nous entretenir.

 

Les anges perçoivent évidemment les hommes dont ils sont les gardiens, ils perçoivent aussi les animaux et les plantes, mais ils ne perçoivent pas les minéraux.

La baronne me parla ensuite des Archange qui percevaient seulement les hommes et les animaux. Les plantes et les minéraux leur sont invisibles.

Quant aux Archées, ils ne voient que les hommes. Le reste de la hiérarchie ne voit plus rien de notre monde. Ils ont donc besoins d’être intermédiaires pour les informer, être qui font aller et venir de chez nous à leur empyrée. Ces entités ne sont autres que les élémentaux et en particulier les esprits du feu.

Oui, précisa-t-elle les élémentaux sont essentiellement le produit des anges archange et archées qui peuvent descendre dans les règnes de la nature. Ils servent la nature. Ainsi les gnomes descendent des archées, les ondines sont liées aux archanges et les sylphes sont esprits des anges.

Les ondines qui vivent dans toutes les ondes peuvent aussi informer les hommes. Alors j’ai interprété ce que disait Eugène Canseliet, le 3 octobre 1978, à propos de l’assassinat du pape Jean-Paul Ier :

 

« Quand on sait que le Saint-Père se disposait à interdire toute extravagance dans la liturgie, on imagine la décision que n’hésitèrent pas à prendre les suppôts de Satan entourant, à Rome, la victime sacrée. Expression et paroles que j’ai recueillies sur les ondes des eaux supérieures de Moise, impartiales gardiennes des dires et des faits de toute créature en vue du Jugement. » (Atlantis, N°300, p. 68)

 

Devant cette révélation qui ne manquait pas de cohérence je dois avouer que je restais un peu groggy.

 

J’imagine que la noble famille de Monfaucon de Villar devait être logée à la même enseigne entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas…

 

Oui, dans le Razès on est dans un endroit étrange où la mythologie n’est pas toujours une histoire à dormir debout.

Nous avons là cette ambiance dans laquelle baigna de Villars et plus tard la vieille baronne qui me confia ses croyances.

 

Villars traduisit si puissamment ses convictions qu’Anatole Françe y succomba et s’inspira du comte de Gabalis pour écrire La Rôtisserie de la Reine Pédauque.

 

Quant aux occultistes et bricoleurs aveugles et ignorants, bavards et avides de merveilleux à moindres frais, ils l’ont piétiné dans leurs cécités en ne reconnaissant pas, et pour cause, l’aile de l’ange.

 

Non, Montfaucon n’était pas un ange, c’était un abbé de hasard et non de vocation, il n’était pas habité par cet engagement crispé des prêtres avides de perfection. Un brin désinvolte pourvu d’une solide érudition marquée par le badinage intelligent et séducteur, il ne manquait pas de sensualité et de verve, de cette verve méditerranéenne que les mystiques tristes ne peuvent supporter.

 

Le commerce avec les esprits élémentaires qui constituent le cœur de ce livre fut un leitmotiv durant le XVIIIe siècle. On le retrouve dans le Diable amoureux de Cazotte et dans les écrits de Casanova et aussi ceux de Dupont de Nemours. Je pourrais ainsi citer à l’infini les références à ces êtres des éléments espiègles que certains esprits semblaient voir.

 

J’ai vécu dans cette région où grandi Montfaucon de Villars, et je puis vous assurer qu’en ces lieux la magie n’est pas un vain mot. C’est un endroit où les mondes se chevauchent s’interpénètrent et parfois communiquent. Mais encore faut-il être assez sensible pour le deviner et surtout être dépourvu de bouffées délirantes !

 

Le nom de Corbière où se trouve cet endroit est suffisamment évocateur de l’école initiatique pré Chaldéenne puis Celtique installée là pour former leurs premiers degrés, ou corbeau, de cette puissante école pré Christique dont le frontispice du Mystère des Cathédrale de Fulcanelli est puissamment évocateur précisant même en arrière plan que l’initiation des corbeaux est aussi un héritage égyptien que le Christ est venu unifier en son école initiatique ou règne le christocentrisme et que l’Église habitée par des préoccupations plus profane a transformé puis abandonné à une inéluctable érosion précédant la disparition.

 

Je dois souligner ici pour ceux qui s’intéressent aux divers mystères des Corbières que ce massif est capital en histoire et initiation Celtique. Les Gaulois vivaient sous le signe du corbeau qui symbolisait la science des druides et donc leur initiation ésotérique. Quant à leur chef ils portaient le nom de Brennogenos, ou Brennus, signifiant « fils du corbeau ». Un certain abbé Boudet, curé de Rennes-les-Bains, ne s’y est pas trompé !

 

Ceci étant dit, le lecteur l’a compris, le corbeau ne concerne pas seulement la couleur noire qui se manifeste durant les opérations alchimiques. Il existe d’autres oiseaux noirs. Dans le symbolisme alchimique le choix particulier du corbeau est un clin d’œil vers la cornue (voir le frontispice du Mystère des cathédrales ou le corbeau pointe son bec vers le bec de la cornue), en fait, il représente un stade initiatique essentiel pour accéder à l’Adeptat.

 

Les corbeaux avaient cette particularité d’effectuer la jonction entre le monde « initiatique » et le monde profane, tel est le sens, dans la Bible, du corbeau lâché de son arche, par Noé qui ne tarda pas à revenir vers l’embarcation. Telle est aussi la raison ésotérique de la couleur de la soutane des prêtres, ces êtres consacrés qui relie en permanence le bon peuple à Dieu. D’ailleurs la tradition populaire a conservé cette assimilation, – moqueuse certes,– du prêtre en soutane noire que l’on raille avec le croissement du corvidé… Et ce n’est pas pour rien si un corbeau de la cathédrale de Paris fixerait un endroit où serait cachée la pierre philosophale. Car, vous en êtes convaincu comme moi, la pierre philosophale c’est le corbeau lui-même… C’est ici qu’il convient de se souvenir de l’expression disant que l’œil est la fenêtre de l’âme ce qui exprime clairement que l’œil permet d’observer l’intérieur de l’être.

 

Mais revenons à notre abbé libertin que l’on aurait accusé de trahir le secret des Roses+Croix. Quel peut-il être ce secret pour avoir provoqué une telle levée de bouclier qu’il fut, dit-on, retrouvé assassiné en 1673 sur la route de Lyon ?

Soyons net, les Roses+Croix en question ne sont pas ces associations à but non lucratif qui embarrassent les annuaires, mais les successeurs discrets et efficaces des corbeaux qui s’envolaient des corbières celtiques pour explorer le monde et ramener un butin d’information vers le « cerveau » dont je ne vous fais pas l’injure de préciser le lien phonétique avec le corbeau. Et vous avez compris que le premier « cerveau » s’appelait Noé, car c’est lui qui menait la barque, tout comme vous avez compris que le cerveau actuel est le Christ. C’est lui qui mène la barque de Pierre, c’est encore lui qui mena l’embarcation qui atterrit un jour aux saintes-Maries-de-la-Mer. De là certains passager allèrent au pied des Corbières en se rendant à Narbonne. Saint Paul Serge en témoigne.

Ici, permettez-moi de marcher sur la pointe des pieds pour ne pas éveiller les spéculateurs délirants chroniques qui font feu de tout bois pour enterrer le Christ non loin de Rennes le Château.

 

Si vous ne voyez pas les liens entre cette barque et l’histoire que je vous raconte je ne saurais insister au point de défoncer les portes de votre cerveau récalcitrant…

Ben oui, je m’amuse ! ça vous étonne alors que la vie est pleine de bonheur ?

 

Il est temps de ne plus vous importuner avec mes histoires, avec lesquelles je me gargarise, et de vous parler un peu des cinq discours du conte de Gabalis dont vous comprenez aisément qu’il s’agit de contes cabalistiques sur la quintessence alchimique.

 

Attention je n’ai pas l’intention d’éplucher l’ouvrage puisque je vous ai déjà tout dit... enfin, presque ! Alors fini les empoisonnantes explications de texte et les citations qui encombrent les filets.

 

Bon, il faut tout de même effleurer le sujet pour ne pas avoir l’air de manquer à ma promesse que le titre résume en sa navrante austérité. Seigneur, je fais des ronds de jambe !

 

La cabale de Gabalis, notre abbé l’exprime clairement dès la première page du premier entretien (Éditions Pierre Belfond, Paris, 1966):

 

« Il m’a tout découvert, il est vrai ;  mais il ne l’a fait qu’avec toutes les circonspections cabalistiques. »

 

C’est ainsi qu’il met sa mort en doute, tout comme le lecteur peut douter de celle de l’auteur. :

 

« Peut-être n’est-il mort qu’en apparence suivant la coutume des philosophes, qui font semblant de mourir en un lieu, et se transplante en un autre » (idem. Supra p 15)

 

En ce lieu, notre abbé souligne qu’il parle des philosophes par le feu ou alchimiste qui sont les seuls, selon la tradition, à pouvoir effectuer une pareille prouesse résurrectionnelle. L’ouvrage est donc aussi alchimique :

 

« Ils demeurèrent tous d’accord que ces grands secrets, et surtout la Pierre Philosophale, sont de difficile recherche et que peu de gens les possèdent. » p 36.

 

Donc aucune ambiguïté et pourtant cet aspect a complètement échappé aux critiques littéraire, et en particulier au brillant poète et romancier Belge Hubert Juin (1926-1987) qui préfaça le livre de Monfaucon, ce qui ne manque pas de manifester un rejet, conscient ou non, de ce qui pourrait perturber les pénates de nos rats de bibliothèque.

 

Donc, inutile d’analyser ce texte dans une montagne d’érudition comme l’on fait, sans rien y comprendre les disciples d’éros ou d’un pseudo Descartes au verbe lubrifié pour tenter, en vain, d’aller plus profond !

 

Ainsi lorsque notre abbé fait dire au comte de Gabalis que celui qui s’intéresse aux sciences secrètes doit être mélancolique, tristounet sur les bords, c’est d’exactement le contraire qu’il s’agit. Elle n’est ouverte qu’aux gens heureux, épanouis… Rabelais en témoigne !

 

Ne soyons donc pas étonné si dès les premières lignes l’auteur narre les entretiens avec Gabalis mort d’apoplexies. Morts, apparemment banale me direz-vous sauf si l’on s’aperçoit qu’apoplexie dérive du mot grec « renversement ». Et nous voici partie pour voir le monde à l’envers, renverser la boule, voir l’envers du décor, l’envers des mots et des choses ! Le langage inverse que l’on appelle aujourd’hui verlan fait partie de la cabale du conte de Gabalis que les ésotéristes et les alchimistes utilisent à bon escient.

 

Voilà, je n’ai pas l’intention de poursuivre plus avant mes investigations pour vous mâcher le travail et surtout détruire votre joie de la découverte. Oui, mon ami Montfaucon de Villars a mis dans son ouvrage tellement de richesses que je ne saurais les exposer toutes sans nuire à votre béat repos sous l’éclairage hypnotique de cette boîte à malice que vous nommez téléviseur.

 

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