Que les choses soient claires : je n’enseigne rien, et ne cherche pas a diffuser une idéologie sustentant un éventuel prosélytisme. Je ne suis pas un gourou plus ou moins camouflé. Si ce que je vous raconte vous intéresse, tant mieux inversement c’est temps pis ! et je vous souhaite « bon vent ». Ma gentille concierge dit joliment : « j’en ai rien à glander ».
Je suis tout de même motivé par le fait qu’ayant blanchi sous le harnais, j’ai découvert des choses qui me semblent intéressantes. Je cherche à vous informer. Pouvez-vous me reprocher de vous les faire partager en vous laissant faire ce que vous en voulez ?
La majorité des croyants recule avant d’affronter une véritable mystique. Remarquez qu’on ne saurait le leur reprocher car c’est tout juste si le curé ne leur a pas déconseillé de pareilles billevesées et cela à l’occasion d’un cours du catéchisme fait sur la pointe des pieds ! Parbleu il faut se méfier, derrière les saintes-nitouches trop propres, se cache toujours un effroyable danger. Sous la couche de blanc est toujours le caca, le noir, méfiez-vous les enfants !
Afin de bien souligner la néfaste ambiguïté, fut inventé pour l’occasion le fameux apophtegme d’un illustre inconnu : « L’enfer est pavé de bonnes intentions ! » Quoi que vous faites vous êtes foutu mon vieux, ou ma vieille, surtout si vous avez de bonnes intentions ! Ben moi ça m’incite à en avoir de mauvaises comme ça je sais ou je vais et suis tranquille après m’être confessé… C’est tordu tout ça. Mais attention ou vous mettez les pieds mes poulets ! partout vous risquez de griller.
Et puis, disons-le, nos fidèles croyants craignent l’aventure, le risque imminent, perpétuel, de rencontrer le diable à tous les tournants ! On tremble aussi et surtout de ce qui peut venir des profondeurs de soi-même, ce n’est pas catholique tout ça, toutes ces émanations fétides, cette pestilence de chien crevé, qui sourd d’on ne sait d’où, de quelques replis de notre cervelle mal fagotée !
Bref on hésite, on tremble, ou s’affole devant l’inconnu qui a perpétuellement un regard torve… diabolique parbleu !
Alors on invente une piètre parade et on s’y tient mordicus, et quand je dis mordicus c’est jusqu’à devenir bête à bouffer du foin ! Et voilà que l’on déprécie tous les contenus du non conscients pour avoir l’impression de respirer une « santé » qui nous rapproche du raisonnable, du concret, cette véritable sainteté. Pour peu que l’on se laisse endormir on les croirait libres-penseurs et même scientifiques nos abbés.
Les histoires d’inconscient ? Ce ne sont que suppositions, rêves, imagination, trois fois rien quoi ! Sans intérêt.
À la limite les bons Gaulois bien conditionnés ne craignent plus que le ciel leur tombe sur la tête, ils craignent de rencontrer le diable en cours de route sous toutes ces choses affreuses dans le secret de leur culotte, dans ces vices, ces impulsions, enfouis au fond d’eux-mêmes, sous une couche isolante de religiosité et de civilisation. Cette crainte réelle n’est pas formulée, mais on subodore que les isolants sons cancérigènes et provoquent une mort certaine alors que le curé avait promis une vie éternelle.
On se donne toutes sortes de bonnes raisons pour ne pas entreprendre la quête spirituelle.
Je ne suis pas toujours d’accord avec C. G. Jung, notamment en ce qui concerne son analyse de l’alchimie, cependant par ailleurs son œuvre est remarquablement riche et fait preuve d’une louable lucidité comme dans son livre L’âme et la vie :
« On ne recule devant rien, devant aucune absurdité, pour échapper à son âme. On pratique le Yoga hindou de toutes les observances, [le raiyki aussi,] on se soumet à des régimes alimentaires, [le végétarisme fait bon effet, l’écologie fait branché] on apprend la Théosophie [ou l’Anthroposophie] par cœur, on rabâche les textes mystiques de toute la littérature mondiale…, [ on devient « nouille âge » selon la pertinente expression de mon amie Marie Thérèse de Brosse ] tout cela parce que, dans notre for intérieur on ne s’en sort pas. Et que toute croyance qu’il puisse provenir quelque chose d’utilisable de sa propre âme fait défaut. Ainsi, petit à petit, l’âme est devenue ce marécage dont rien de bon ne peut provenir et, c’est pourquoi on cherche son bien-être aux quatre coins du monde : plus la provenance est lointaine plus cela est extravagant, mieux cela vaut. » (p39) Vous avez compris que les textes entre crochet sont de mon cru.
Je pourrais ajouter qu’ainsi s’est exporté de Chine un Qi gong bidon (il en existait un vrai, issus de l’âme de la Chine, tout simple comme il se doit et qui s’appelait l’alchimie du cinabre à neuf tours) qui permet d’accéder sans forcer à la spiritualité. Mais oui, je vous assure qu’avec cette pratique, issue de la Révolution culturelle, le spirituel se pointe seul, tout seul sans forcer, comme une furieuse envie de pisser. Vous comprenez pourquoi les cocos de Mao l’ont inventé puis largement diffusé ? Ne me regardez pas avec la bouche en oviducte, vos chinoiseries, vos DVD, vos cours du côté d’Aix-en-Provence sont de l’argent jeté par les fenêtres !
Je vous dis cela à partir de mon vécu (in illo tempore) dont surnage un costume chinois qui me sert de pyjama.
Chacun peut vérifier la réalité de telles observations. Qu’elle est la cause d’une telle défection à l’égard d’une quête intérieure ? Il semble qu’elle réside en priorité dans l’abandon des antiques initiations christiques que le christianisme primitif appelait catéchèse, qui n’a rien à voir avec les « vérité » que l’on fait ingurgiter ou ânonner aux enfants. Et c’est d’ailleurs pour cette importante raison que le baptême était réservé uniquement aux adultes. La catéchèse des adultes était une initiation mystique et non une formation. Croyez-moi si vous voulez, le baptême des enfants est une absurdité.
Un baptême doit toujours se faire comme celui des premiers chrétiens, c’est-à-dire la nuit sous la première pleine lune de printemps lors de la veillée pascale, instant privilégié où l’Esprit de Dieu descend sur les eaux baptismales. Telles étaient les conditions extérieures imposées par l’antique liturgie liée étroitement aux rythmes cosmiques de la vie.
Que propose-t-on aujourd’hui aux croyants ? Le catéchisme des enfants et la liturgie dominicale… « Non, docteur, je n’ai pas de douleurs stomacales on m’a servi un repas très léger, mais je me sens la tête creuse comme celle d’un demeuré. »
Alors soyons lucide, fini de pareils enfantillages, le moyen age est achevé et la crèche doit fermer !
Il devient impérieux de ne plus se faire avoir par le baratin œcuménique ou tendancieux. Regardons le Christ dans les yeux, rien que le Christ, rien que l’Esprit du Christ ! Vous comprendrez alors qu’il est de notre devoir de retourner aux sources. Il devient nécessaire de renouer avec les véritables initiations christiques comme celles qui furent reçues par les apôtres. Laissons les orateurs s’écouter parler qui veulent nous asséner leur vérité. Laissons-les enrager et pleurer devant les bûcher qu’il leur est interdit d’allumer. Et oui, nous avons le diable aux trousses !
Que l’on soit vrai en qualité de Chrétien, d’Alchimiste, de Franc maçons ou de rosicruciens, c’est la même route que l’on cherche. Pour la voir et bien, il suffit d’arrêter les simagrées, et de ne plus s’inonder de citations qui nous font méditer. Et ça mène ou la méditation sur un morceau choisi si ce n’est de faire chauffer les neurones qui font obstacle à la paix. La paix du silence après la bataille voilà la vérité. Paix cosmique ou aucun son ne se propage, voilà une réalité qui refroidir notre cervelle et la fait s’éveiller.
Bon tout ça peut vous paraître un tantinet extrémiste, dépourvu de lubrifiant, j’en conviens volontiers, mais dans cette histoire, il est impossible d’arrondir les angles sans risquer de se faire avoir. Dans un pareil sujet nous sommes face à des requins qui n’ont pas les dents gâtées…La moindre concession reposant sur la bienveillance et la compréhension est confondue avec de la faiblesse et vous êtes dévoré tout cru sur le champ. Et oui, ils sont aussi doués que pervers les bretteurs de la chapelle Sixtine ! Nos politiques corrompus sentent la rose à côté, souvenez-vous d’un certain Jean-Paul Ier !
Chacun de nous entreprend, où devrait entreprendre le pèlerinage vers l’Esprit qui est en nous et que sainte Thérèse d’Avila appelait le château de cristal. C’est ce pèlerinage que fit Nicolas Flamel vers saint Jacques de Compostelle. Durant ce long périple, ce chemin infesté de brigands, c’est l’Esprit du créateur qui va nous former, nous transformer, nous recréer. Telle est l’unique voie que même les mystiques orientaux reconnaissent comme irremplaçable :
« Parmi les mystiques chrétiens à qui nous pouvons, d’une manière ou d’une autre, appliquer le terme de yogi, saint Jean de la Croix peut être appelé le yogi par excellence car chez lui s’allient harmonieusement tous les éléments des différents yogas maintenus ensemble par la suprématie de la foi chrétienne » Ainsi parlait Swâmi Siddheswarananda à l’occasion d’une conférence donnée en 1951 à la Sorbonne.
En fait, aussi bien à travers le temps qu’à travers l’espace, les mystiques ont toujours emprunté des voies identiques dites traditionnelles, voies, hélas, transformées et dissimulées sous le verbiage de nos doctes théologiens.
Vous me croirez sûrement si je vous dis qu’aucun curé n’a enseigné la mystique à sainte Thérèse d’Avilla ou à saint Jean de la Croix. Je n’ai, hélas, aucune preuve pour vous affirmer qu’ils furent guidés, tout comme saint François d’Assise ou saint Vincent De Paul, par des femmes ou des hommes de l’ombre.
Bien des ésotéristes ou croyants pourraient penser qu’une simple adhésion de l’intelligence suffit pour devenir l’intime du créateur ou disciple du Christ afin de pouvoir être guidés vers la lumière inextinguible de l’Esprit.
Le mot « conversion » (métanoïa dans le texte grec) ne signifie-t-il pas littéralement changement de la façon de penser ? En effet, l’adhésion de l’esprit de l’intelligence, de la conscience est indispensable.
Changement d’état d’esprit, changement de façon de penser, engendrent alors un changement de vie, une nouvelle manière de se comporter. J’ai abordé cet aspect dans l’article précédant à propos des excès inhérents à notre condition humaine.
Le disciple de l’Esprit entreprend alors une nouvelle vie qui va le modifier en profondeur. Non plus seulement au niveau de l’intellect mais dans toutes les sphères de l’être intérieur.
Pourquoi poursuivre plus loin la description de ces transformations profondes de l’être en communion permanente avec l’Esprit et la vie ? Pour la raison évidente qu’il faut surtout découvrir comment y parvenir.
La BA BA de la métanoïa repose sur un entraînement régulier, tenace à s’exercer très souvent à se couper des pensées pour accéder au silence. C’est dans ce silence qu’habite l’esprit qui progressivement va établir un échange avec l’être tout entier qui graduellement va changer.
L’alchimiste établira un contact plus grand encore avec la lumière, avec l’esprit de la substance qu’il œuvre et jusqu’à l’esprit de la terre et celui de l’univers tout entier. Il pourra alors entendre le cri de la matière : « Aide-moi et je t’aiderais ! »
Il comprendra alors pourquoi le Christ demanda aux apôtres non seulement d’évangéliser l’humanité, mais la création tout entière :
« Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. » (Luc XVI, 15).
Désolé, je me sauve en cinquième vitesse parce que le diable n’a pas apprécié, il m’a promis une sacrée tripotée ! ! !
Avec toute mon amitié.