Le symbolisme, voilà le mot-clé de la Franc-Maçonnerie et aussi de tout ésotériste qui se respecte. J’en ai déjà parlé dans divers articles, mais c’est un sujet tel que plus on le pressure d’une manière particulière plus il en sort une substance onctueuse et nutritive.
Mesdames et Messieux les Maçons/nes, rosicruciens /nes, toutes celles et tous ceux qui fréquentent un temple sacré donc y compris certaines églises. Allez le soir seul/e dans votre temple, mettez-vous au milieu et regardez autour de vous cette forêt de symboles, regardez les biens, un à un sans penser à rien, à absolument rien ! gardez votre tête « vide » une minute. Soyez présent/e ici et maintenant et laissez passer une idée qui vous assaille et refaites le vide après pour continuer à regarder défiler sous vos yeux la gent symbolique dans votre silence. Soyez à l’écoute. Regardez, regardez encore de toute votre âme comme si vos yeux avaient le pouvoir de percer leur écorce pour saisir au-delà des mots leur vie secrète. Surtout ne cherchez point à les analyser, laissez leur vivre leur propre vie dans votre silence traversé parfois par – nuage noir déchiqueté par le vent – une pensée que s’en va vidée de sa substance.
Quand votre pensée analyse le symbole elle en fait une substance morte dont les spéculations peuvent s’étendre à l’infini sans livrer la moindre parcelle de sa profonde vérité.
À travers le silence vous découvrirez alors cette réalité profonde : ce n’est pas à vous de parler du symbole mais au symbole de parler en vous. Laissez les doctes avec les doctes, il n’y a aucun avenir avec eux, ils ne pourront jamais ouvrir les portes du suprasensible qui échappe à la dimension analytique et pratiquent de ce seul fait une contre initiation.
Soyons conscient/e que l’on vide les symboles de leurs richesses lorsqu’on essaie de les revêtir d’abstractions.
Ne nous égarons pas, dire que le monde est illusion ou que par la connaissance, nous pénétrons jusqu’à la vérité, c’est dire beaucoup, et pourtant bien peu. Chacune/un ressent à sa manière l’interprétation qu’il donne aux phrases précédentes. C’est pourquoi il faut parvenir à ce que le sang de l’âme circule à travers ces idées et conséquemment à travers les symboles qui les illustrent et les synthétisent d’une manière telle que l’esprit rationnel devient incapable de les comprendre. L’esprit des symboles n’est rien sans notre esprit. Le laisser se manifester en nous pour qu’il émerge et rencontre celui des symboles est l’entreprise initiatique fondamentale. Silence donc pour qu’émerge notre esprit, pour qu’il puisse observer le monde par la « fenêtre » de « l’athanor » et nous le traduire dans son langage. Ce langage sera fait de symboles imprégnés d’esprit dont l’interprétation ne pourra se réaliser que pas l’esprit lui-même. Si à la place de l’esprit se trouve la pensée, cette pensée fait mourir le symbole.
L’Homme n’est pas un être isolé. Ce qui s’exprime dans ses paroles et ses pensées est en relation avec tout le cosmos. Chaque mot, chaque sentiment, chaque pensée a un prolongement. Ainsi celle ou celui qui foule le sentier de la connaissance éprouve un fort sentiment de responsabilité qui lui dit :
« Toutes tes actions humaines ne se déroulent pas seulement à cet endroit isolé où tes lèvres prononcent des mots, où tu penses, ou ton cœur bat ; elles s’insèrent sans l’univers. Si tes actes sont féconds, ils sont féconds pour l’univers ; s’ils sont des erreurs destructrices, ils introduisent dans l’univers une force destructrice. »
Hors spéculer sur le symbole est une force destructrice. Aborder le symbole dans notre silence et notre cœur, l’écouter parler sans mots dans un silence parcouru de courant vitaux, cela nous pousse vers des régions plus hautes.
Ce que nous ressentons alors peut être traduit en mots et jugé à l’aune de notre raison. Mais ce ressentir change en fonction de chaque être, du trajet de son existence et de son devenir. Cette adaptation de l’esprit du symbole à l’esprit de chaque femme et de chaque homme caractérise son universalité.
N’étudions pas les symboles, apprenons à les écouter. Cette démarche est aussi essentielle pour un chercheur de la vie spirituelle que pour un artiste et même un scientifique.
À vous dans le silence universel ou scintillent les étoiles.