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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 17:44

A mon frère Serge qui fut amoureux de l’alchimie, in memoriam du 9 mars 2009.

 

Mon attention est focalisée en ce moment vers l’énigme de Rennes le Château car je prépare, pour les derniers jours de ce mois, 30, 31 et 1er avril une visite guidée dans le Razès avec causeries conférence le soir à Puivert. Etant plongé jusqu’au coup dans le sujet, de ce fait mes articles ont la même orientation. Je vous prie de croire que j’aborderais des articles plus généraux mais, en tout cas, différents lorsque j’aurais achevé ma prestation. J’imagine que vous ne sauriez me reprocher de vous faire partager le contenu de certaines fiches de mes commentaires qui embrasse tout de même des sujets fondamentaux ayant trait à l’alchimie.

 

Note : Si vous souhaitez vous inscrire pour la balade du 30, 31 et 1er avril et en connaître les modalités écrivez à :

brigittelagache@free.fr

 

J’ai moult fois visité émerveillé l’église du village de Brénac dans la région de Rennes le château entre Quillant et Puivert. Ses fresques ornant ses travées du plafond m’ont toujours interpellé par la fraîcheur de leurs couleurs, j’ai toujours éprouvé une certaine gaieté dans un lieu qui aurait du être sérieux et solennel. J’ai fini par en comprendre la raison : les décorations de cette église sont une véritable BD alchimique où domine le jaune d’or avec lequel l’artiste c’est réellement amusé ! Quel extraordinaire symbolisme sous l’apparence de banales représentations religieuses !


brenac01 eglise

cœur de l’église de Brenac d'après Christian Attard. http://www.reinedumidi.com/rdm/brenac3.htm.

 

J’ai choisi de vous parler seulement des croix afin de ne pas écrire un article trop long, redondant et finalement assommant.

Je dois dire que j’ai emprunté au bel article (sur le Web) de monsieur Francis Attard (Brenac, demeures philosophale ?) les photos car les miennes sont d’une médiocrité à la mesure de mon sous-génie de photographe amateur mal équipé. Merci donc à monsieur Christian Attard.

Dans la mesure du possible j’ai essayé d’être le plus explicite possible dans mes développements alchimiques afin qu’ils puissent servir au plus grand nombre de chercheurs sans les plonger dans le pot au noir de l’incompréhension.

Je vous souhaite une bonne lecture en m’excusant encore pour la polarisation de mes neurones vers le pays des zozos.

 Brenac général

 

Disposition générale des peinture du plafond de l'église de Brénac, d'après Christian Attard. Les trois croix sont aisément identifiables.http://www.reinedumidi.com/rdm/brenac3.htm
 

 

PREMIERE CROIX

 

Sur la seconde travée du plafond ( à partir de la porte d'entrée) est peinte une croix dont la branche basse est entourée par une couronne d’épine. Au-dessus de cet ensemble un triangle rayonne, par sa base, sur un diadème dont la partie avant est fleurie.

 

Sur le plan religieux il s’agit évidemment de la croix sur laquelle le Christ fut crucifié en portant une couronne d’épines. Ce sacrifice lui valut un diadème céleste de la part de la trinité dont il fait partie.

Cependant l’explication religieuse en dissimule une autre qui est alchimique.

 

brenac 01Croix de la deuxième travée. D'après Christian Attard

http://www.reinedumidi.com/rdm/brenac3.htm
 

 

 

Sur le plan alchimique la croix est le creuset comme son nom latin crucibulum l’indique. L’alchimiste Fulcanelli le formule clairement en son Mystère des cathédrales :

 

« Or, la croix est l’hiéroglyphe alchimique du creuset, que l’on nommait jadis cruzol, crucible et croiset (dans la basse latinité, crucibulum, creuset, a pour racine crux, crucis, d’après Ducange).

C’est en effet dans le creuset que la matière première, comme le Christ lui-même, souffre la Passion ; c’est dans le creuset qu’elle meurt pour ressusciter ensuite, purifiée, spiritualisée, déjà transformée. D’ailleurs le peuple, gardien fidèle des traditions orales, n’exprime-t-il pas l’épreuve humaine terrestre par des paraboles religieuses et des similitudes hermétiques ? – Porter sa croix, gravis son calvaire, passer au creuset de l’existence sont autant de locutions où nous retrouvons le même sens sous un même symbolisme. » (J. J. Pauvert, Paris, éditions 1964, p. 59)

 

La couronne d’épines autour de la croix désigne la manière de préparer le creuset avec du bois à épines qu’est l’acacia ou le robinier.

C’est ce qu’a voulu dire Francois Rabelais dans l’isle sonante (lit la sonorité, la phonétique) :

 

« Au milieu du silence religieux retentit le « mot » de la bouteille : trinch (c’est-à-dire « bois »).

 

Ici la bouteille n’est autre que le matras ou ballon de verre et le verbe boire est le bois nécessaire pour fabriquer le creuset, ou bois de la croix.

Ce creuset permet d’obtenir le diadème qui se manifeste en hauteur grâce aux trois corps fondamentaux : sel, soufre et mercure fort bien représenté par le triangle. L’accent est mis sur la manifestation aérienne au dessus du creuset, du phénomène correspondant à cette expression de la Table d’émeraude : « Et le vent l’a porté dans son ventre ».


Il faut souligner une particularité assez peu banale par sa précision : le diadème circulaire est l’aboutissement de la rue (tube) du ballon dans lequel on va introduire les trois corps (triangle) et d’où à l’occasion de cette opération on peut observer le creuset ou croix. Les rayons sont alors les rayons visuels de l’observateur. Petit détail significatif, les fleurs sont les cristallisations qui fleurissent au bas du col du ballon. Cela n’est pas sans rapport avec le bas-relief fleuri de l’église de Rennes le château où le Christ (cristaux) est debout en haut d’une col-line.

 

DEUXIEME CROIX

 

L’avant dernière travée avant le cœur est ornée de deux croix. La première porte un phylactère sur lequel est inscrit la fameuse phrase en lettres majuscules : IN HOC SIGNO VINCHES, qui signifie « par ce signe tu vaincras ».

 

Sur le plan religieux cette devise date de l’empereur romain Constantin allant combattre contre Maxence, quant une croix apparaît à son armée avec ces mots. À la suite de quoi il la fit peindre sur son étendard appelé le LABARUM. À partir de cette victoire de Constantin l’Église fut reconnue officiellement par l’état. C’est la raison pour laquelle cette devise est fréquente avec, tout de même, des particularités dans l’église de Rennes le Château et ici, à Brénac.

 

Le montant de la croix est occupé par trois cœurs, celui du Christ au centre, celui de Marie au milieu du montant vertical et un troisième cœur Marial en bas.

Religieusement cela représente Marie et Marie-Madeleine au pied de la croix.

Cela signifie alors que Marie-Madeleine a souffert comme une mère, qu’elle n’était pas, à moins que ce soit une souffrance d’épouse. Le mystère reste entier, mais la représentation picturale est des plus troublante.

Quoi qu’il en soit, si un jour se révélait le mariage du Christ rien ne serait soustrait à sa valeur, bien au contraire car il aurait assumé complètement sa dimension humaine. Au catéchisme on me faisait réciter dire : « Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme ». J’ai de suite pensée qu’il devait être homme comme mon papa ! Croyez-vous que sans la vie sexuelle et sans dimension affective, un Dieu puisse être vraiment homme ?

 

Brénac04Croix de la troisième travée. D'après Christian Attard.

http://www.reinedumidi.com/rdm/brenac3.htm


Sur le plan alchimique l’inscription sur le phylactère est très particulière. Le seul mot SIGNO est pourvu de trois sens et c’est pour cela qu’il est placé en évidence.

Remarquons d’abord que le S et le O sont en caractères gras. Ce qui désigne en cabale phonétique SO où le pays de Sault, endroit ou monseigneur Bonnechose évêque de Carcassonne et futur cardinal passait son temps après avoir été informé de l’existence d’un mystère dans cette région, comme le laisse supposer Maurice Leblanc dans son roman « La comtesse de Gagliostro ». C’est Bonnechose qui plaça Monseigneur Billard sur le siège épiscopal de Carcassonne. Évêque dont on connaît la connivence avec l’abbé Saunière.

Au décès du cardinal on découvrit, dans un tiroir secret de son bureau, un bouquet de fleurs séchées avec ses mots « fleurs du Rébenty. 1881 ». Le Rébenty est une rivière qui coule dans le pays de Sault ou elle forme le défilé d’Able. Able étant l’un des noms, – avec celui d’Hautpoul, de Blanchefort et de Nègre, – du seigneur de Rennes le Château.

SIGNO est cabalistiquement parlant « saigner », d’où les cœurs saignants au-dessous. C’est aussi le signe de l’apparition de la quintessence rouge christique.

Dans SIGNO le S et le O sont donc en gras, ce qui signifie soufre, comme l’indique l’initiale. Le soufre est toujours symbolisé par des cœurs comme l’a montré Jacques cœur dans son blason. Le O est la petite sphère ou granulation que les alchimistes appellent soufre philosophique  Le soufre philosophique ou pierre philosophale naissante est donc sous forme de granule dans le creuset qui est non seulement représenté par la croix, mais aussi d’une manière étonnement réaliste par la nuée en forme de V qui englobe la croix.

dessin creuset-copie-1

Creuset dont la forme se superpose à la nuée qui part du bas de la croix précédente.

 

Après ces remarques ne dites pas qu’il n’y à pas de relation entre cette église et celle de Rennes le Château.

 

TROISIEME CROIX

 

Dans la croix suivante on reconnaît les instruments de la Passion : fouet, marteau, clous, échelle, lance, éponge. C’est la dimension religieuse de cette peinture.

C’est aussi la dimension initiatique du christianisme, qui n’a rien de commun avec les préceptes religieux et doctrinaires de l’Église catholique, dimension que l’orthodoxie a perdue malgré des exercices spirituels plus élaborés et mieux adaptés que dans l’Église latine. Quant au protestantisme, malgré son honnêteté et sa profonde rectitude et sincérité, sa rupture intransigeante avec les richesses de la tradition, lui a fait jeter le bébé avec l’eau du bain.

Certains l’on compris, mais ceux qui sont arrivés derrière ont tout effacé. Ainsi, Pic de la Mirandole considérait que Magia et Cabbala confirmaient la divinité du Christ. Quant au pape Alexandre VI, il fit peindre, au Vatican, une fresque foisonnant d’images et de symboles égyptiens, c’est-à-dire hermétiques ! (Conf. Micea Eliade in La nostalgie des origines, p. 87 édit. Gallimard 1971, Paris)

 

In illo tempore, mon vieux maître me disait que sur le plan religieux nous vivions dans le même marasme que les sociétés initiatiques, c’est-à-dire entouré de catastrophes et que pour trouver son chemin dans cet imbroglio « mal saint » il fallait une bonne lanterne.

 

Je donne un aperçu de l’initiation chrétienne fondamentale et a-dogmatique dans l’article suivant : LUMIERES SUR L’ALCHIMIE ET L’ASTROLOGIE

 

Brénac 05Croix de la troisième travée, d'après Christian Attard.

http://www.reinedumidi.com/rdm/brenac3.htm


La dimension alchimique se concentre essentiellement sur le haut et le bas de la croix.

Le haut devrait comporter les quatre lettres INRI qui l’on trouve dans toutes les représentations de la crucifixion.

 

CRUCIFIX

Crucifix surmonté de l’inscription INRI. D’après Wikipedia.

 

INRI est l’acronyme de l’expression latine Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs ».

Un autre sens d'inspiration alchimique, est donné à INRI : Igne Natura Renovatur Integra (« Par le feu la nature se régénère tout entière »).

Ces deux sens ne sont plus valables ici puisque la lettre initiale « I » n’y est pas. Faire disparaître une chose que l’on s’attendrait à voir donne de l’importance à cette chose.

L’exemple que nous avons est dans le livre de l’abbé Boudet « La vraie langue celtique et le Cromlech de Rennes les bains » dans lequel il parle de monuments mégalithiques qui n’existent pas mais ne signale pas celui de Peyrolles qui existe réellement !

 

Sans trop vouloir superposer un I à un menhir, tournons-nous vers la phonétique ou le I désigne autant la lecture que l’Hydrargyre ou mercure support du feu (ignes) énergétique essentiel de l’œuvre alchimique capable de régénérer la matière et l’homme.

Que disent phonétiquement les trois lettres NRJ si ce n’est justement énergie ? En d’autres termes notre artiste parle d’énergie mercurielle dont il traduit la manifestation lumineuse au centre de la croix ou creuset. Le détail qui souligne que NRJ est en rapport étroit avec la dimension ignée est le point qui se trouve à la fin de NRJ. C’est une anomalie car un point aurait dû se trouver après chaque lettre : N.R.J. De ce fait notre peintre a désigné clairement qu’il s’agit bien du feu alchimique dont les degrés ou régimes sont appelés feu à points. Voir mon dictionnaire alchimique intitulé « L’alchimie expliquée pas son langage ». Édition Dervy.

 

Ainsi le feu à un point est le premier degré (comme dans cette représentation) qui correspond, ici dans un dessein bien défini, au premier régime de l’œuvre ou hiver.

 

Le feu à deux points, ou second degré est le second régime ou régime de printemps.

Le feu à trois points je n’en parlerais pas car c’est celui que les frères à trois points où franc-maçon ignorent. À eux de plancher dessus. Quoi qu’il en soit il correspond à l’été.

Le feu à quatre points correspond à l’automne.

Ce point final dit aussi que le grand œuvre des alchimistes doit être cuit à point pour être réussi. Tel est le sens de la cuisson du roc ou cuisse de saint Roch. C’est pourquoi la chapelle de la vierge de l’église de Palairac où oeuvraient les seigneurs de Perillos fut transformée en chapelle de saint Roch.

 

Le nom du feu à point est en rapport avec la maindont nul ne doit douter de son énorme importance pour activer ponctuellement le feu énergétique.

 

Quant à la partie basse du crucifix, celle qui se plante en terre, elle est biseautée, ce qui limite la signification a la terre et donc à la géologie. Le biseau est une couche sédimentaire dont l’épaisseur se réduit et finit par disparaître.

Si nous assimilons le « I » à un menhir, nous savons immédiatement qu’il s’agit de celui de Peyrolles ou non loin, le professeur Courtejaire avait relevé dans une couche sédimentaire de surface la probable présence d’un temple souterrain. Voir mon article :

LE TEMPLE DES CORBEAUX DE RENNES LE CHATEAU

 

Rappelons le feu à un point mis en évidence au sommet de la croix. Il correspond à l’hiver, et prend ici tout son sens car les arbres ayant perdus leurs feuilles il est plus facile d’observer le terrain pour découvrir le sol et la signification bien concrète d’un biseau géologique.

 

À la lumière de ce que je viens de dire sur les trois croix, vous comprenez aisément qu’un livre peut être écrit sur les magnifiques peintures ésotériques de cette église.

 

Si personne ne demande la suite, je vous laisse le soin de poursuivre l’interprétation des peintures si vous souhaitez évidemment approcher davantage ou même découvrir le mystère de Rennes le Château qui est inséparable de votre propre mystère.

 

Ne baissez pas les bras avant de commencer car vous n’êtes pas seul même si vous ne voyez personne. L’œil du cœur finira par s’ouvrir et alors vous jubilerez car vous verrez la joie du monde tissée de lumière et apparaîtra alors le badinage rieur du peintre François Courtade de Brenac évoluant dans l’ombre d’un certain Béranger Saunière, alchimiste de son état et curé à ses moments perdus ! ! !

 

Avec mon amicale sympathie pour celles et ceux qui on fait l’effort de lire ma prose peinturlurée. De tout cœur avec vous et avec votre esprit.

 

 

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commentaires

C
<br /> Juste un petit rectificatif svp, mon prénom étant Christian et non Francis.<br /> Ce n'est pas non plus moi qui signe ici des commentaires du prénom de Christian (malgré le jeu de mots "s'attarde")<br /> Merci.<br /> Christian Attard<br /> <br /> <br />
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H
<br /> <br /> Heureusement que vous m'avez prévenu car dans mon prochain article<br /> <br /> <br /> vous vous seriez encore prénommé Francis !<br /> <br /> <br /> Tout est rentré dans l'ordre et mille excuses pour cette coquille...<br /> <br /> <br /> Bien à vous.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Quand on joue du Creuset...<br /> tout point de vue, ou de Lumière,<br /> est bien venu.<br /> <br /> <br />
Répondre
H
<br /> <br /> Quant on joue UNIQUEMENT du creuset on se... casse le nez!<br /> <br /> <br /> Ceci étant dit dans le but puiéril de faire une rime !<br /> <br /> <br /> "L'amiral Larima, l'arime à quoi, la rime à rien." Prévert.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> voilà un travail qui mérite que l'on s'y attarde...<br /> merci<br /> Christian<br /> <br /> <br />
Répondre
H
<br /> <br /> Merci pour ce compliment. Je souhaite que cet article soit fructueux pour vous et d'autres encore.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Il s'agit ici d'Initiation christique, de lien entre le christianisme initiatique ancien et les différents courants de la mystique permettant une fructueuse transformation de la pensée(métanoïa) pratiquée par les alchimistes. Des sujets divers sont abordés : Spiritualité, initiation, alchimie, cabale, mythologie, symbolisme...
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