Rassurez-vous, je n’ai pas l’intention de vous asséner une analyse de texte du Manifeste du surréalisme d’André Breton (1896-1966) ou de vous parler des pensées de Paul Eluard (1895-1952). D’ailleurs, je serais bien ennuyé pour faire un pareil exposé puisque j’ai perdu ce genre de bouquins à l’occasion de mon déménagement.
Alors, je m’assieds confortablement au coin du feu en mâchonnant un bâton de réglisse tout en me vautrant dans mon fauteuil préféré, je vais vous livrer mes états d’âme sur cette bande d’utopistes révolutionnaires des années 20, ou le communisme européen (1917-1989) était tout neuf et l’ésotérisme encore effervescent tandis que Fulcanelli (1839- ?) surgissait de l’ombre.
Ainsi, à côté de Freud (1856-1939) et de Marx (1818 -1883), les surréalistes Magnifièrent Nicolas Flamel (1330-1418), Eliphas Lévi (1810-1875) et bien d’autres.
L’amour et la révolution forment avec l’alchimie (et quelques bribes de magie) le triptyque du surréalisme. Le but en est de libérer la créativité de toute contrainte et de toute logique.
Quel philosophe ignore l’intérêt d’André Breton, et de tous les poètes et peintres groupés autour de lui, pour le rêve, l’alchimie et l’amour ? Ce mouvement surréaliste fut essentiel dans l’art du XXe siècle. Il eut comme adhérents Eluard, Aragon, Desnos, Artaud, Char – pour n’en citer que quelques-uns – qui découvrirent l’ésotérisme.
Le plus curieux, c’est que cette rencontre s’est faite avec une intention étrangère au monde de l’hermétisme, de celui de la franc-maçonnerie ou du rosicrucianisme pourtant en vogue en ce début de siècle où fleurissant la théosophie.
Les surréalistes voulaient libérer les forces créatives que l’aliénation sociale empêche de s’éveiller.
Cependant, le concept révolutionnaire devint utopique lorsque Breton et ses amis se réclamèrent de Marx et de Freud car le marxisme et la psychanalyse sont incompatibles avec leur démarche. Ceux qui me lisent régulièrement savent pourquoi.
L’épanouissement du surréalisme s’est réalisé dans la conjugaison de deux motifs apparemment contradictoires : l’ésotérisme et la révolution.
L’appellation de surréaliste indique que ces artistes s’étaient mis en quête d’une « sur-réalité », c’est-à-dire d’une réalité « autre », d’une réalité invisible qui structure le réel, qui le cré. En ce lieu, nous sommes au cœur de l’alchimie qui œuvre au-delà du réel.
Les surréalistes cherchèrent à accéder et à explorer cette réalité. Ils voulurent changer la vie en l’inscrivant dans leur projet révolutionnaire qui hélas ne pouvait leur être d’une grande utilité par leur dimension intellectuelle. En effet une idéologie, ou un concept, ne peut qu’obscurcir la silhouette de la surréalité. Cela est dû à la structure même du cerveau humain qui ne peut saisir « l’envers du miroir » en intellectualisant sans prendre le risque d’être confronté au mensonge. C’est ce qu’ont observés les expérimentateurs dans les laboratoires des neurosciences : l’encéphale intellectuel (gauche) cherche à donner une explication à tout sans reculer devant le mensonge.
De ce fait, le concept révolutionnaire choisi fut incompatible avec l’approche de la surréalité. Un grand bénéfice en résultat malgré tout car le marxo Freudisme en devenant une véritable religion dans les milieux intellectuels, il permit au surréalisme de se faire connaître tout en le desservant… étrange paradoxe !
C’était le moment où Kandinsky inventait l’art abstrait en voulant rendre visible cet invisible qui structure toutes choses dont l’art figuratif ne représente qu’un habillage. L’invisible est permanent dans l’art quand Watteau et Poussin utilisent le nombre d’or, eux aussi travaillaient, avec discrétion, sur l’invisible.
Le problème est que l’invisible qui imprègne l’art du passé a, autour des années 20, fait exploser ce dernier exactement comme s’il voulait signifier qu’il devenait urgent de le situer vis-à-vis du cosmique.
Intégrer toute forme d’art dans le cormique est le défi du futur qui ne saurait se réaliser qu’en utilisant harmonieusement nos capacités cérébrales révolutionnaires que nous ignorons encore.
Cette communion de la création avec les forces universelles ne caractérise pas uniquement l’art mais notre vision du monde y compris dans les divers domaines scientifiques.
En qualité de science des causes l’alchimie a donc son rôle à jouer, comme l’avaient bien compris les surréalistes. Ce mouvement est le vagissement d’une humanité nouvelle et révolutionnaire qui aurait enchanté Teilhard de Chardin…
L’humanité est une fleur, … nous n’avons pas fini de compter ses pétales.
Avec toute mon amitié.