Babylone sur l’Euphrate, ombre d’une cité qui n’est plus sur le miroir de l’eau. Elle se consuma dans le feu du désert et celui des guerres cruelles. La cruauté est inséparable de ce lieu ou sévissait encore de nos jours un dictateur impitoyable. Domestiquer une soif de sang et de souffrance qui sourd du sable ensanglanté depuis des millénaires est au-dessus des forces humaines. Une malédiction ? Peut-être ! En tout cas, cimetière géant de peuples dispersés, abandonnés par leurs dieux, trahis par leurs frères. En ce lieu se cotaient les pires faiblesses humaines dont tout être se devrait de frémir.
Et pourtant Babylone est un cri dans l’histoire des hommes ! Cri qui est resté celui de la dispersion cacophonique de Babel. Cependant, le glaive a su, à cet endroit, devenir charrue pour la splendeur de cette magnifique cité aujourd’hui mirage des ondes de chaleur, mirage qui ressuscite l’antique cité dans le flou et l’incertain des fumerolles du sable incandescent. Âme radiante, âme radieuse qui fût et ne sera jamais perdue !
Babylone ! C’est à peine si le voyageur non prévenu pourra retrouver le site de cette ville unique, symbole toujours fascinant des civilisations disparues,
« Ornement des royaumes, fière parure des Chaldéens » (Esaïe, XIII,19).
Et le passant se souvient alors de la parole du prophète Jérémie :
« Elle ne sera plus jamais habitée… les animaux du désert s’y installeront avec les bêtes puantes »
Au milieu des plaines bibliques dont elle fut pendant, des millénaires comme l’âme très lourde entretenue par plusieurs nations, c’est à peine si l’historien pourra retrouver Babylone, mettre ce non sur un peu de sable. C’est à peine si le chercheur de ruines pourra satisfaire sa curiosité en découvrant ces antiques tours à étages, ces ziggourats, ou ziggurats, rongées par un vent patient aux rafales d’éternité. Avec quel matériau fragile furent élevées ces tours ? Avec le même que celui des palais et des temples : de la boue, de la paille et des roseaux !
Près de Bagdad sont les ruines de la ziggourat d’Akerkouf, ziggourat rouge qui se dresse comme un bloc héraldique victorieux des puissances du vent aigre et mordant avec ses quarante mètres de hauteur. Cette tour —jusqu’à la fin du XVIIIe siècle les voyageurs disaient avoir vu la tour de Babel — est faite de briques crues unies par un mortier d’argile ; sa base a cent mères de côté ; toutes les sept ou huit assises s’intercalent un lit de roseaux destiné à consolider et à absorber l’humidité pour sécher la masse. Des briques et des roseaux ! Et ce monument est toujours debout depuis quatre mille ans… Elle fut construite sous le règne d’un nommé Kurigalzu, contemporain d’Abraham !
Les ziggurats ont marqué les témoins extérieurs à la civilisation mésopotamienne, notamment celle de Babylone, que des auteurs grecs ont décrit et qu'Alexandre le Grand a entrepris de restaurer. Par cet aspect monumental, elles se rapprochent des édifices pyramidaux d'Égypte ou d’Amérique pré colombienne, même si par leurs dimensions, elles sont loin d'égaler les plus vastes de ces édifices qui ont nécessité plus de moyens lors de leur construction.
À l’instar de l’Égypte et de l’Amérique centrale, Babylone glorifiait le soleil. Trait d’union entre les civilisations bâtisseuse de pyramides. Mais aussi détentrice d’un savoir commun. Ce savoir ne saurait être appréhendé par les astrophysiciens géologues et historiens que d’une manière superficielle tant qu’ils prêteront aux rayons solaires les seules vertus mesurables telle la luminosité ou la chaleur. Dans La tablette cultuelle de Sippar, ci-dessous, sont représenté les honneurs au dieu Shamash, dieu du soleil (British Museum). Le roi assis sur son trône tient en main un anneau qui avec son avant-bras reproduit le même symbole que la croix ansée, ou Ank, des Égyptiens, croix qui représente la vie. Le cercle solaire est affublé d’un double rayonnement dont l’un est celui de la lumière l’autre de la chaleur. Le roi rend donc hommage au rayonnement vital, à la vie, pourtant si peu respectée ! Il semble donc que ce symbole de la croix ansée ait sombré dans la sang comme en Amérique centrale pour trouver finalement un terrain propice en Égypte.
Malgré la dimension sanguinaire de cette civil
isation ou l’empalement était monnaie courante ainsi que l’écorchage vif, il y avait des connaissances cachées pour tenter de remédier à un tel état d’âme. Hélas ce fut l‘échec, comme ce fut l’échec en Amérique centrale.
Cependant subsiste dans la pierre, et dans des œuvres d’art, des signes de pratiques alchimiques comme cette statuette d’albâtre ci-dessous ou une femme tient un aryballe ou petit ballon, dont la posture traduit la pratique de l’alchimie du cinabre. De cette opération est issue la dynamisation qui caractérise des pratiques permettant d’élaborer les pharmacopées des médecines alternatives.
Dans ce calcaire du XIIe siècle est représenté le roi Melishipak. Nous voyons dans le ciel le soleil et la lune. En alchimie ces deux astres sont nécessaires car la lune est vectrice des rayons solaires pour réaliser le grand œuvre ou régule étoilé.
En effet, la matière convenablement traitée manifeste une étoile au-dessus du roi ou régule. Cette étoile au-dessus du roi a exactement le même sens que l’étoile des rois Mages.
Toute cette connaissance est inscrites dans les ziggourats. Bérose, prêtre babylonien né sous Alexandre le Grand, dit dans son livre en trois volumes Babyloniaca que les ziggourat avait sept étages. Chacun des étages était peint d’une couleur différente.
L’étage du bas était de couleur noire, couleur de Saturne. L’étage suivant était blanc, couleur de Vénus, le suivant pourpre, couleur de Jupiter. Nous avons là les trois couleurs du Grand œuvre des alchimistes : Noir, blanc et rouge. En d’autres termes les babyloniens n’ignoraient pas les lois fondamentales de la nature.
Les étages suivant vont continuer a harmoniser couleur, planètes et… métaux : Le quatrième étage est bleu, couleur de mercure, un étage vermillon couleur de Mars, un étage argent couleur de la Lune, enfin un étage or couleur du soleil.
Ce que dit Bérose est confirmé par une inscription de Nabuchodonosor :
« Le Temple des sept lumières de la terre, la ziggourat de Babylone, fut bâtie par un roi ancien ; les hommes l’avaient abandonné depuis le jour de l’inondation (le Déluge ?) Le grand dieu Mardûk, qui a mis le souffle au fond de ma gorge, a excité mon cœur et m’a encouragé à rebâtir le temple des sept lumières. »
Ainsi d‘alchimie a survécu dans les jardins suspendus de Babylone, mais la cruauté et le non-respect de la vie ont transformé la ville en désert pour bêtes puantes car l’alchimie est inséparable d’une grandeur d’âme ou la vie a un caractère profondément sacré.
Avec toute mon amitié.
Cet artice est sur eklablog (hrmophyle) en gros caractères avec les photos à leurplace.