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9 juin 2008 1 09 /06 /juin /2008 08:20

Dès les premières lignes du prologue, le sage Belenous pose les principes d’une théorie générale du monde.

 

« Toutes choses sont composées des quatre qualités élémentaires : le chaud, le froid, l’humide et le sec, éléments de tout ce qui existe ; c’est qualités sont combiné les unes avec les autres de telle manière que tout est emporté par un même mouvement de rotation et ne forment qu’un seul assemblage (…), un même composé sans aucune distinction ou différence, jusqu’à ce que des accidents modifient ce composé dont les parties se séparent. Des êtres diversifiés se forment alors entre eux, à raison des différentes combinaisons des qualités élémentaires qui concourent à leur formation (…). C’est là le principe fondamental de la science qui permet de connaître la cause première de la variété des êtres.»

 

D’où Belenous tirait-il ses connaissances ? il conte à ce sujet une belle histoire fantastique.

Il y avait dans son pays une statue d’Hermès en pierre sur laquelle on lisait :

 

« Si quelqu’un désire connaître Le Secret et de la Création des Êtres, qu’il regarde sous mes pieds. »

 

Ceux qui regardèrent n’y virent rien de spécial. Belenou par chance eut un rêve au cours duquel il comprit qu’il fallait creuser sous les pieds de la statue. il mit au jour l’entrée d’un souterrain. Y descendant avec une lampe, il découvrit assis sur un trône d’or un vieillard qui tenait à la main une tablette d’émeraude sur laquelle on lisait un titre :

 

« C’est ici la formation de la Nature. »

 

Au pied de l’homme, un livre :

 

Le Secret de la Création des Êtres et la Science des Causes de toute Choses.

 

Belenous prit le livre et la tablette pour les faire connaître à ceux qui en seraient curieux.

 

Nous savons maintenant le pourquoi de ce nom à première vue singulier : Table d’émeraude, et les raisons de sa concision. Écrit sur une tablette cristalline (l’émeraude en question était sans doute assez impure, ce qu’on nomme le béryl, à la belle couleur vert pale, opalescente), les préceptes résumant « la formation de la nature » ne pouvaient qu’être concis et peu nombreux.

quant au récit fantastique de Belenous, il apparaît somme toute fort classique en matière d’alchimie traditionnelle.un des plus anciens textes de l’alchimie Alexandrine est : choses physiques et choses révélées, attribué à Bolos Démocritos de Mendès du IIe siècle avant notre ère, et dont j’ai déjà parlé puisqu’il est l’auteur du plus ancien livre d’alchimie. les révélations dont il s’agit eurent lieu dans un temple. Après avoir essayé d’évoquer en songe l’ombre de son défunt maître Ostanès pour en recevoir les ultimes enseignements alchimiques, Bolos Démocritos raconte :

 

« Nous nous donnions un mal terrible pour trouver comment s’unissent et se mêlent les substances et les natures. Ayant travaillé à composer la Matière, le temps vint de célébrer une cérémonie dans le temple et d’y faire un repas sacré en commun. Étant dans le sanctuaire intérieur, nous entendîmes une colonne qui s’ouvrait mais nous ne fîmes d’abord rien à l’intérieur… Mais étant penchés, nous y trouvâmes cette formule précieuse : la nature qu’on sait se rassasie de la nature qu’on sait, et la nature qu’on sait l’emporte sur la nature qu’on sait, et la nature qu’on sait maîtrise la nature qu’on sait. Nous fûmes très surpris qu’il ait su résumer en si peu de mots toute sa doctrine. »

 

Évidemment, il s’agit de composés bien précis à mettre en œuvre, ce que connaît le sage qui vient d’en recevoir la révélation.

Que cette révélation soit mêlée à un songe, et que Belenous ait eu besoin d’un rêve pour accéder à la table d’émeraude, n’a rien non plus que de très normal. Héraclite avait dès les années 500 avant notre ère saisit toute l’importance du rêve pour l’exploration du Moi le plus profond de l’homme. Évidemment cela n’exclut nullement toute la dimension symbolique indépendante de cette exploration psychologique.

 

Nous devons reconnaître que cette histoire n’a rien à envier à celle qui fut mise sur pied, beaucoup plus tard, à propos d’un certain Christian Rose croix. Il est dommage que la saga de Belenous ne soit pas plus connue des alchimistes actuels. Quant à Bolos Démocritos de Mendès, il ne saurait mieux souligner l’importance de l’Office si proche d’une messe qui est bien un repas sacré pris en commun, et permettant dans cette communion d’avoir des révélations issues de la « verticalité » de l’Être.

Autre point non moins étrange est celui de la colonne qui s’ouvre pour livrer le secret alchimique. C’est de la même manière qu’auraient été découverts les écrits alchimiques de Bazille Valentin. Ce qui laisse supposer l’origine des connaissances de cet adepte. N’en doutez pas, Le Mystère des des Cathédrales est aussi celui du repas Sacré que Bolos Démocritos partageait déjà avec le Christ... au-delà des arcanes du temps. Alors, ne faisons pas semblant de ne pas voir ou se trouve l’oratoire permettant d’éviter tout individualisme, obstacle puissant à la réalisation de l’être.

 

Cette histoire n’est pas finie. Vous aurez la suite dans mon prochain article.

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8 juin 2008 7 08 /06 /juin /2008 14:53

S’il était imprimé, le livre du Secret de la Création des Êtres formerait non pas un ouvrage, mais un opuscule. Il s’agit d’un texte composite, fruit d’additions et de remaniements opéré autour d’un noyau central qui est un récit fantastique raconté par un certain Bélénous. Bélénous étant la transcription arabe du nom grec d’Apollonius. Le plus célèbre étant Apollonius de Thyane, héros d’une sorte de roman philosophico-merveilleux écrit par Philostrate à la demande de l’impératrice Julia Domma, femme de Septime Sévère (193-211). On ignore si Philostrate s’inspira d’un modèle réel. En tout cas les anciens ont cru à sa réalité. Le héros aurait vécu au Ier siècle de notre ère, alors que le Traité du Secret de la Création des Êtres est légèrement antérieur au VIe siècle.

Donc, notre traité n’a pu être rédigé par Apollonius de Thyane. En revanche l’auteur pourrait bien être Apollonius de Laocidée qui, au témoignage de Paul d’Alexandrie, « accuse dans ses cinq livres les Egyptiens (Zozime ?) de s’être trompé sur le zodiaque », c’est-à-dire sur l’organisation du monde. Ors, Le traité du Secret de la Création des Etres compte justement cinq livres plus un prologue. Ceci nous ramènerait donc au IVe siècle de notre ère, faisant alors de cette œuvre un survivant important de l’alchimie théorique alexandrine, d’autant plus important que nous possédons le texte intégral.

Il reste un autre texte important de la même époque ; l’Assemblée des Sages (ou : Turba Philosophorum) lui aussi traduit du grec en syriaque, du syriaque en arabe, de l’arabe en latin, et enfin du latin en français. Ainsi s’explique l’obscurité du texte latin, et surtout de la version française devenue imbuvable ! Traduttore, traditore !... Le secret de la Création des Êtres a été, lui aussi, traduit en latin au XIe-XIIe siècles. Jamais cette traduction latine n’a été imprimée, et n’a jamais été traduite en français.

À signaler cependant l’étude du manuscrit arabe 959 de la Bibliothèque Nationale (qui contient le Bélénous) faite pendant le Directoire (en 1799) par Sylvestre de Sacy. G. E. Monod-Herzen a résumé cette dernière étude dans un de ses chapitres de son Alchimie méditerranéenne (1962).

 

Dans le prochain article j’aborderais l’histoire fantastique de Bélénous.

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8 juin 2008 7 08 /06 /juin /2008 11:33

Quand j’étais jeune étudiant à la faculté des Sciences de Montpellier, le Professeur Ernest Kahane, de renommée internationale, nous enseignait la biochimie devant un amphithéâtre bondé d’étudiants de diverses nations. Il s’attardait énormément sur l’histoire des découvertes les plus infimes en nous disant que l’histoire était déjà la compréhension d’un processus et que de ce fait au lieu de la négliger il fallait l’approfondir. J’ai pu constater à diverses reprises que ce « nobélisable » avait profondément raison pour tout, y compris l’alchimie, dont cet homme cartésien au possible, et communiste Russe de surcroît, aurait réprouvé énergiquement que l’on puisse s’y intéresser et encore plus la pratiquer.

 

La Table d’Émeraude, dont j’ai donné le texte complet dans un article qui lui est consacré, était la « bible » de tous les alchimistes du moyen age latin et de la Renaissance européenne. Paradoxalement ils ignorèrent (à de très rares exceptions) la raison de ce nom.

Née très probablement dans une Alexandrie pénétrée de néopythagorisme et de néoplatonisme, la science alchimique y avait longtemps brillé d’un vif éclat avec Bolos Démocritos qui l’enseigna dans la ville de Mendès des 144 avant Jésus-Christ (pour plus de précisions à ce propos compulser mon livre Hermestine Rennes le Château.), avec également Zosime originaire de la ville de Panopolis (actuellement Akhmim), Olympiodore et Synésius l’évêque de Ptolémaïs, ami et élève de la célèbre philosophe néoplatonicienne Hypathie…

Le triomphe du christianisme sonna pour un moment le glas de la science en Occident.

Sortir enfin de la clandestinité grâce à la protection de l'empereur Constantin, la nouvelle religion engagea ouvertement la lutte. Les joutes philosophiques degénérèrent en combats à main armée. Nous retrouverons d'ailleurs beaucoup plus tard, en France, les mêmes réactions des chrétiens, avec la philosophie cathare.

Lorsque l'empereur Théodose ordonna de fermer tous les temples, l'évêque d'Alexandrie Théophile fit mettre le feu au Serapum (temples de Sérapis et nécropole des taureaux sacrés, supposés être l’incarnation du dieu Apis) ; le feu gagna la célèbre bibliothèque d’Alexandrie ou des livres, papyrus et parchemins furent détruits en grand nombre. C’est le moment de préciser que les documents de cette monumentale bibliothèque ne furent pas tous brûlés, loin de là, et que par ailleurs des dépôts d’ouvrages existaient encore dans des « succursales » de la bibliothèque, comme à Mendès où fut écrit le premier ouvrage d’alchimie intitulé physica…Ne soyons donc pas surpris qu’il existe de nos jours dans des bibliothèques privées (je pense au département de l’Aude en particulier) des documents uniques et significatifs en ce qui concerne l’ésotérisme en général et l’alchimie plus précisément.

En 415, l’évêque Cyrille permit que des moines ignorants et fanatiques assassinent avec un sadisme raffiné (préfigurant l’inquisition) la philosophe Hypathie. Affolés par ce massacre inouï (au nom de Dieu rappelons-le !) les autres professeurs s’enfuirent précipitamment, se réfugiant à l’école d’Athènes. reflet vivace de celle d’Alexandrie. Mais l’empereur Justinien interdit aux professeurs non chrétiens d’enseigner et elle fut fermée sur décret impérial.

Les maîtres d’Athènes, accompagnés de ceux d’Alexandrie, s’exilèrent volontairement et se réfugièrent en Perse où le roi Chosroês Ier les accueillit favorablement. La dynastie sassanide qui régnait sur ce pays se montrait très tolérante en matière de pensée. Elle fut fondée par Ardeshir au début du IIIe siècle de notre ère.

Les sages grecs traduisirent en syriaque leurs livres. Le plus connu des traducteurs est Sergius de Res Ayna, mort en 536. Parmi ses productions, on trouve au moins un ouvrage d’alchimie : le Traité du Secret de la Création des Êtres dont la conclusion est justement la si célèbre Table d’Emeraude.

 

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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 15:43

Les Compagnons, généralement très chrétiens, n’étaient pas Francs Maçons, même si leur nom figure avec celui d’apprenti et Maître dans les trois premiers grades de la Franc Maçonnerie. Ils semblent, d’après Jules Boucher, qu’ils soient issus d’un même tronc. De nos jours la franc-maçonnerie est développée, alors que le compagnonnage subsiste encore mais a perdu toute importance. Cependant, avec son amour du travail bien fait, sa réputation est des meilleures et son rôle tend à nouveau à s’amplifier.

 

Les compagnons se divisaient en trois « Devoirs » :

Les enfants de Salomon.

Les enfants de Maître Jacques.

Les enfants du Père Soubise.

 

Les enfants de Salomon ou Devoir de Liberté comprenaient :

Les tailleurs de pierre.

Les menuisiers,

Les charpentiers.

 

Les enfants de Maître Jacques ou Devoirs comprenaient :

Les tailleurs de pierre.

Les menuisiers.

Les serruriers.

 

Les enfants du Père Soubise ou Saint Devoir comprenait uniquement les charpentiers.

 

L’Église condamna leurs pratiques initiatiques le 14 mars 1655. Cette déclaration des autorités ecclésiastiques est suivie d’un texte éloquent sur les rituels du Devoir de Maître Jacques et plus particulièrement les Compagnons selliers, cordonniers, tailleurs, couteliers et chapeliers. Je rappelle que les membres des Enfants de Maître Jacques étaient obligatoirement catholiques.

 

N’ayant pas l’intention de rédiger un cours qui nécessiterait plusieurs volumes, j’irais directement au but qui nous intéresse en décrivant le rituel condamné par l’Église car il est trop proche de celui des catholiques, mais par certains points beaucoup plus significatifs.

La cérémonie de réception étant un baptême. Ils célèbrent une messe et péché suprême, en qualité de catholique ils sont reçus par les huguenots et ils les reçoivent à leur tour ! Cette seule particularité aurait largement suffit pour les condamner.

Les compagnons cordonniers prennent du pain, du vin, du sel et de l'eau qu'ils appellent les quatre éléments, les mettent sur une table et ayant mis devant icelle celui qu'ils veulent recevoir Compagnons, le font jurer sur ces quatre Choses par sa fois, sa part de paradis, son Dieu, son Chrême et son baptême ; ensuite lui disent qu'il faut qu'ils prenne à nouveau nom et qu'ils soient baptisés ; et lui ayant fait déclarer quel nom il veut prendre, un des Compagnons, qui se tient derrière, lui verser sur la tête un verre d'eau en lui disant : « je te baptise au nom du père et du fils est Saint-Esprit. » Les parrains et sous-parrains s'obligent aussitôt à lui enseigner les choses appartenant au dit devoir.

Nous constatons immédiatement que les compagnons interrogés ne livrèrent pas la totalité de la cérémonie, notamment les explications qui durent précéder la cérémonie, car faire jurer devant les quatre éléments « moteur » du Grand Œuvre des alchimistes n’est pas banal et surtout est loin d’être anodin car c’est ni plus ni moins une cérémonie ou est donné le nom d’adepte. Dans l’Église, la Confirmation (qui est la confirmation du baptême) accompagnée de la prise d’un nouveau nom et de l’adjonction d’un parrain ou d’une marraine avait cette connotation.

Le rapport dit aussi à propos de Tailleurs que durant leurs cérémonies ils apprennent la signification de tous les objets et décrivent le mystère de la sainte Sainte-Trinité d’une manière symbolique, ce qui encore laisse transpirer le ternaire alchimique.

Ce qui est évident à travers ces cérémonies, c’est la mise en évidence de la dimension initiatique du rituel chrétien, que l’officialité ne pouvait que condamner. Pourtant c’est cette attitude que permettait une entente avec les huguenots.

Je reste persuadé que c’est la voie qu’il faut suivre en analysant le rituel ancien de l’Église (celui d’avant 1968) pour en mettre en évidence toute sa puissance symbolique débarrassée de toute bigoterie et adjonctions récentes afin de transmettre la connaissance et permettre aux fidèles de mieux comprendre le sens profond des rites catholiques.

Tout ce qui précède est un peu bref, mais quelques références bibliographiques permettrons d’aiguiller les plus curieux :

 

J.P. Baillard, Le Compagnonnage en France.

L. Benoist, Le Compagnonnage et les métiers.

E. Coornaert, Les corporations en France avant 1789.

J. Gimpel, Les batisseurs de cathédrales.

D. Macaulay, Naissance d’une cathédrale.

E. Martin Saint-Léon, Le compagnonnage, son histoire, ses coutumes, ses règlements et ses rite.

George Sang, Le Compagnon du Tour de France.

 

Par ailleurs une extraordinaire documentation est réunie à Tours au Musée national du Compagnonnage, rue Nationale (près du pont de la Loire), Cour du Vieux-Pressoir, abbaye Saint-Julien. Il est ouvert du dimanche des Rameaux au 11 novembre. Se renseigner sur Internet.

 

 

 

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4 juin 2008 3 04 /06 /juin /2008 14:05

Les alchimistes disent depuis des temps immémoriaux que « l’or » de la vie est un corrosif comparable au vitriol. Ce jeu cabalistique est basé sur le fait que le mot vitriol est l’anagramme de l’or y vit. Ce terme a donc toute sa raison de figurer dans le cabinet de réflexion du Franc-Maçon et dans le laboratoire de l’alchimiste.

 

Lorsque le rituel s’achève et que vient la sortie de l’église ou de la Loge, l’individu est confronté à la vie, c’est là que les choses sérieuses commencent, c’est là qu’il devient possible de voir les fruits et de juger l’arbre d’où ils sortent…

 

Toute vie humaine est nantie d’épreuves qui demandent d’être assumées. Lorsqu’on parle d’épreuves, on pense généralement aux coups du destin, accidents, maladies, difficultés en tout genre. Mais le bonheur, les événements heureux quels qu’ils soient veulent, eux aussi être assumés, et ce n’est pas forcément facile.

 

Chaque épreuve, qu’elle soit heureuse ou malheureuse, est chargée d’un message à notre égard ; chacune à sa manière nous fait sentir notre précarité, nous fait percevoir que nous sommes fragiles, instables, menacés dans notre équilibre et dans nos engagements. Même si nous ne voulons pas l’entendre, les épreuves nous posent question, nous poussent à la réflexion, à la prise de conscience. « Pourquoi mon ballon de Pyrex s’est fendu dans les mains ? Que dois-je faire pour éviter cela ? Ou cette recherche alchimique me conduit ? Quel lien avec l’absolu ? » D’une manière générale, dans notre vie affective et professionnelle, quand surgissent les coups du destin, c’est le VERBE qui cherche à pénétrer en nous et dans notre vie, d’abord sous la forme de la réflexion et du dialogue intérieur pour aiguiser progressivement une perception plus directe, plus intuitive qui nous fasse percevoir la vie qui est au-delà des apparences et des vicissitudes. C’est cette dimension que devrait développer tout centre initiatique et toute Église. La question essentielle la question qui répond à toutes questions est d’apprendre comment faire pour devenir solide à toute épreuve. L’apprentissage du silence des pensées n’est pas négligeable pour conserver notre sérénité, et être à l’écoute des « bruits de fond » de l’univers…

 

Le travail du destin, c’est d’ouvrir l’être à la dimension de la vie véritable, la vie mystique, et chaque épreuve veut être l’occasion d’un débat intérieur suivi d’un silence intérieur qui nous permet de capter la « pensée divine » qui préside à toute destinée. En réalité, chaque épreuve est une semence qui, dans notre vie, devrait porter ses fruits.

 

Si les épreuves sont appelées vitriol par les alchimistes, c’est pour le pouvoir décapant de cet acide qui permet de découvrir sous la crasse, sous notre crasse, l’or pur de la vie. Sans cette démarche fondamentale, inutile d’entrer au laboratoire d’alchimie car l’impur ne saurait purifier la pierre philosophale. Et sans le silence des pensées inutile de chercher la Parole Perdue qui s’adresse à nous, dans notre vie, au-delà des mots.

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3 juin 2008 2 03 /06 /juin /2008 14:12

 

 

À la fin du XVIIIe siècle vivait à Paris un alchimiste qui écrivit un petit opuscule, Hermès dévoilé, qui fit autorité autant chez les écrivains, tel Balzac qui trouva là l’inspiration pour son alchimiste chercheur d’absolu, et qui chez les alchimistes actuels fait autorité.

Personnellement, et pendant longtemps je n’ai pas compris grand-chose au sens profond de ce texte, si ce n’est sa poésie. Mais il m’a profondément marqué quand, dès la première ligne il écrit :

 

« Le Ciel m’ayant permis de réussir à faire la pierre philosophale, après avoir passé trente-sept ans à sa recherche, veillé quinze cent nuits au moins sans dormir, éprouvé des malheurs sans nombre… »

 

Oui, je fus beaucoup plus marqué par le sens de l’engagement de cet homme que par le mystère dissimulé dans ces écrits. Tenir 37 ans après avoir été la risée publique, être traité de fou, hué, rejeté par sa famille, réduit à la misère au point de devoir vendre ses meilleurs habits. Subir un empoisonnement de la part d’un faux ami désireux de s’emparer de ses écrits, et s’en sortir miraculeusement avec de graves séquelles, pour enfin perdre ses enfants… Ce détachement lié à la certitude m’a si profondément marqué que le récit fabuleux de sa réussite tellement méritée est passée au second plan.

Il est vrai que le manque d’engagement de notre époque a mis en relief par contraste le puissant don total de cet homme transporté pas sa foi.

J’ai acquis une certitude : Il faut être engagé ! Contrairement à la tendance actuelle qui veut que de plus en plus chacun vit pour soi, rien que pour soi. Il semblerait que le monde a besoin d’engagement un peu comme la plante a besoin d’eau. Quand plus personne n’en a alors il se réfugie chez certains individus où il développe sa puissance d’une manière pathologique. C’est pourquoi la plupart de ceux qui sont engagés à fond sont des fanatiques destructeurs, ce sont des individus dont la pensée est bloquée, « possédée » et deviennent les instruments de sombres puissances tant sur le plan suprasensible que matériel. Les extrémismes religieux sont de cela, mais aussi les « parano » de l’économie et des finances. En un certain sens nous sommes sous la coupe des méfaits du désengagement.

Nombreux sont ceux qui ont peur de s’engager parce qu’ils craignent d’aliéner leur liberté. Plus nombreux, sans doute, ceux qui sont incapables de s’engager, à cause de l’impotence de leur pensée et de l’incapacité de mûrir une conviction personnelle ; et lorsqu’ils s’engagent quand même, c’est sans conviction réelle et généralement sous l’influence d’une conviction étrangère. Ainsi on va s’inscrire dans la Franc-Maçonnerie pour étoffer son réseau relationnel ou pavaner avec un discours docte ou sirupeux. Ou encore faire partie de l’Église Gallicane ancienne pour essayer de découvrir certains secrets sur l’alchimie, secrets qui, bien évidemment, ne leur servira à rien. J’ai déjà abordé ce sujet. Bref, vous avez compris, c’est ainsi que naissent les Judas !

Rester libre ! C’est effectivement une nécessité profonde pour chaque être humain. Mais la liberté à laquelle on tient n’est nullement rattachée au plus grand que soi, mais celle de pouvoir agir à chaque instant à sa guise selon l’inspiration du moment, je veux rester mître de ma vie et de mes actes… Quand notre conscience s’affine accompagnée de ce regard intérieur réaliste et sensible, on peut percevoir que dans bien des cas ce n’est pas « moi » qui suis à l’origine de mes actes, et que dans certaines occasions je ferais bien de résister à mes inspirations ou impulsions.

N’en doutez pas, la liberté est d’un accès difficile. Certes, sur le plan relatif à l’homme, la liberté existe. Ainsi un être emprisonné ou contraint d’une manière ou d’une autre n’est pas libre. Il est sûr que le prisonnier libéré est bien libre par rapport à son état antérieur. En résumé pour nous la liberté absolue n’existe pas, seule la liberté relative existe.

Notre espace de liberté est limité par l’influence du milieu. L’individu se sent ou ne se sent pas gêné dans son comportement. Il gagne un degré de liberté, mais il est encore loin d’être réellement libre, quand il sait vraiment ce qu’il fait et pourquoi il le fait. Il aboutit alors à une conviction qui va générer ses actes et surtout lui permettre de s’identifier à cette conviction. C’est exactement le cas pour l’alchimiste dont je parlais au début de l’article.

L’engagement lui-même se situe au niveau de la volonté. Et chaque être humain a besoin de s’engager, sous peine de déchoir. Car vivre n’est pas un but en soi. Il n’y a que certains clochards pour n’avoir d’autres objectifs… Toutefois l’un d’eu m’a avoué préférer vivre sous les ponts que sous les cons… ce qui est déjà une conviction !

Que l’on ne s’y trompe pas, les « clochards » les plus à plaindre ne couchent pas forcément sous les ponts ; on les trouve partout, même dans les palaces, les Loges Maçonniques ou les Églises. Car ils ignorent que s’en-gager, c’est se donner en gage à une entreprise qu’elle soit matérielle ou spirituelle.

À chacun de voir à qui ou à quoi nous devons nous donner en gage de tout notre coeur. Je vous souhaite cet enthousiasme qui soulève les montagnes.

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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 08:43

Peut-être avez-vous entendu parler des Landmarks ? Dans le cas contraire permettez-moi de vous éclairer et peut-être de vous permettre de saisir pourquoi j’écris des articles sur le parallélisme hallucinant (ce n’est pas un superlatif) entre la tradition alchimique et celle des Franc-Maçon ? Le but de ma prose est à double face : celle de montrer la cohérence du symbolisme général et donc par voie de conséquence de souligner les erreurs qui parfois provoquent des scissions internes aussi bien que l’incompréhension « externe ». La seconde face de mes intentions est de montrer aux chrétiens que le rejet systématique de la maçonnerie ne repose sur rien de sérieux. Cependant, soyons réalistes, d’un côté comme de l’autre nous trouvons des margoulins hystériques mal intentionnés d’autant plus virulents et aveugles qu’ils sont conditionnés comme détenteurs de l’unique vérité ! Ne comptez pas sur moi pour désigner qui remporte le pompon des F.M. ou des cathos ! ! ! Je ne puis dire qu’une chose : ce n’est pas joli… Dans ces luttes déraisonnables, l’hypocrisie sirupeuse au goût sucré a le don, d’où qu’elle vienne, de dégoûter de l’espèce humaine.

 

La Maçonnerie anglo-saxonne a fixé des règles en dehors desquelles tout Maçon et toute Obédience sont déclarés « irréguliers » (autant dire hérétiques !). Ces règles, qui ne sont autres que des sœurs jumelles des dogmes, portent le nom de « Landmarks » qui signifie « limites » ou « bornes ». Osvald Wirth ne manquait pas de lucidité quand, en 1938, il écrivait :

« Les landmarks sont d’invention moderne et leurs partisans n’ont jamais pu se mettre d’accord pour les fixer. Cela n’empêche pas les Anglo-Saxons de proclamer sacrées ces limites essentiellement flottantes, qu’ils arrêtent au gré de leur particularisme. Chaque Grande Loge les fixe conformément à sa façon de comprendre la Maçonnerie ; la Maçonnerie est très diversement comprise, d’où des définitions contradictoires, destructrices d’unité au sein d’une institution visant à la concorde universelle.[1] »

 

Je suis totalement d’accord avec Jules Boucher :

 

« L’unité maçonnique, rêvée par quelques-uns, est un leurre ; elle ne sera jamais réalisée et elle n’est pas souhaitable. » (p. 198)

 

Nous avons l’exemple de l’Église Gallicane ancienne (époque romane) qui, avant l’avènement de Charlemagne était le reflet de chaque région. Pour ceindre la couronne impériale Charlemagne détruisit cette unité dans la diversité et imposa partout les désirs et la suprématie du Vatican qui l’avait couronné. C’est ainsi que la langue latine devint universelle en stérilisant les particularismes locaux si bien adaptés à la mentalité de chaque région. À partir de ce moment l’Église commença progressivement à perdre son âme. Et Boucher à totalement raison quand il dit :

 

« La Maçonnerie doit s’adapter aux différents pays et dans chaque pays correspondre aux aspirations différentes des Maçons. »

 

Surtout ne rien imposer sous peine de renoncer à sa propre identité qui est celle d’être FRANC avant d’être Maçon, c’est-à-dire LIBRE.

Dans l’Église cet aspect correspond aux libertés (par rapports aux dictats du Vatican) de l’Église Gallicane. Ces libertés furent officialisées en France par la Pragmatique Sanction de Bourges publiée en 1438 par le roi Charles VII. Croyez-moi, le pape n’était pas content ! Il était d’autant plus préoccupé que le roi eut l’aval de Jeanne d’Arc. Donc, ne vous interrogez pas sur les raisons de la date anormalement tardive de la canonisation de notre pucelle nationale (1920).

 

Le ciment d’union, autant dans la Maçonnerie que dans l’Église, c’est le symbolisme. Car le symbolisme n’appartient à personne. Il n’existe pas un symbolisme maçonnique ou religieux. Il est UNIVERSEL. Dans tous les cas son rôle est l’apprentissage d’un langage. Permettez-moi de citer encore Jules Boucher :

 

« C’est le symbolisme maçonnique, bien compris, qui doit seul former le ciment entre toutes les Pierres et c’est par lui que la véritable fraternité peut et doit s’établir. »

 

Si le symbolisme est "bien compris", s'il n'est pas du blablabla stérile, alors retournons à ces époques où les maçons livraient, aux ecclésiastiques de l'ancienne Eglise Gallicane, une cathédrale. Leur connivence et complémentarité étaient incontestables. À vous, cher lecteur, qui que vous soyez, de savoir s’il serait judicieux de la restaurer.

Que la force, forte de toutes forces, d’Hermès et l’Esprit Saint du Christ soient avec vous.



[1] Qui est régulier, p. 64.

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29 mai 2008 4 29 /05 /mai /2008 10:33

Le jardin dans lequel évolue la Dame à la licorne est, comme nous venons de le voir, en rapport étroit avec la symbolique alchimique. Dans la mythologie grecque, il représente le jardin des Hespérides, avec ses pommes d'or, analogue au lieu que doit atteindre l’expédition des Argonautes à la conquête de la toison d’or, laquelle est gardée par un dragon.  Ces deux récits sont si souvent pris comme référence qu’il constitue de véritables paradigmes du Grand Œuvre.

Jason, le héro principal de l’expédition, porte un nom suffisamment expressif pour qu’il s’avère inutile de faire de longue dissertation sur sa maîtrise du langage cabalistique de la licorne qu’il faut lire corne ou cornue ou encore corps nu, matière débarrassé de ses impuretés ou terrestreïtés. Et chacun sait que la licorne est un être pur qui ne se laisse approcher que par des hommes/femme purs/pure. Sans cela elle est insaisissable car elle part au galop. Soulignons au passage que le mot grec argos qui signifie blanc, rapide, correspond exactement à la rapidité de la blanche Licorne.

Mais revenons au verbiage du capitaine Jason. Ce fait singulier est confirmé par la particularité du navire construit par Argos. En effet, il est doté d’une proue fabriquée avec un chêne sacré de la forêt de Dodone. Cette proue parlait, particularité qui ne saurait mieux illustrer le nom de langue verte de la cabale. Évidemment le mot Jason s’accorde non seulement avec le « bavardage » de la proue mais aussi avec la manière cabalistique d’interpréter cette aventure, dont l’équipage est constitué d’Hercule, des Dioscure, Orphée, Castor et Pollux, et d’autres encore. Le vaisseau n’est autre que le vaissel (verrerie) des alchimistes qui va recevoir la substance issue du chêne, laquelle va le guider durant toute l’expédition et qui n’est autre que le feu de roue ou feu de proue, issu de son chêne sacré qui la constitue. Ainsi comprenons-nous pourquoi la licorne des célèbres tapisseries se superpose à un chêne, que les Druide de notre nation gauloise n’étaient pas les seuls à respecter au plus haut point. « Au guy l’an neuf !» ou « l’eau dit lent œuf » ? En d’autres termes l’eau salée de la mer sur laquelle navigue le vaisseau qui doit avancer lentement, avec prudence, pour que puisse se fortifier progressivement l’œuf philosophal ou pierre philosophale. Tout cela, direz-vous, n’est que jeux de mots ou le contexte est injurié ? j’en conviendrais volontiers s’il n’existait une mystérieuse inséparabilité que tout fils de science doit apprendre à percevoir sans pour cela délirer et sombrer dans la spéculation aussi stérile que sans fond en finissant par dire n’importe quoi ! C’est incontestablement un exercice périlleux que les joueurs de pipeau manient stérilement jusqu’à la contrepèterie. Soyez-en sur, l’excès de jeu vous fait passer à côté de la chandelle !

Mais avant de poursuivre le réçit, Ouvrons une parenthèse pour nous informer d’avantage sur la Toison d’or.

Phryxus et sa sœur Hellé, derniers descendants de la maison royale de Iolchos, durent être immolés pour que la peste qui ravageait le pays puisse s’arrêter. Le couteau du sacrificateur allait remplir son office quand une nuée épaisse enveloppe les victimes désignées ; un bélier magnifique les transporte dans les airs, sur son dos, vers la Colchide, province de l’Asie Mineure, située à l’est du Pont-Euxin (mer Noire) et arrosée par le Phase. Effrayée du bruit des flots et paralysée par le vertige, Hellé tombe et se noie dans l’Hellespont (détroit des Dardanelles), Phryxus et son bélier continuent leur chemin. Dès qu’il eut mis le pied-à-terre, Phryxus offre en holocauste le bélier son sauveur, à Jupiter. Il sacrifie l’animal cornu, garde la toison qui était d’or et la suspend au chêne d’une forêt consacrée à mars. Un dragon vigilant dévorera tous ceux qui seraient tentés de la soustraire.

Evidemment le lecteur aura compris que le bélier désigne le signe astrologique de même nom ou durant cette période printanière l’alchimiste débute son travail avec celui de la nature dont il est, ne l’oublions pas, le singe. Quant à la précieuse toison elle désigne celle des moutons si précieuse quand il est difficile d’obtenir une quantité suffisante de chêne.

Donc, Jupiter fut tellement satisfait de ce sacrifice qu’il garantit le bonheur et l’abondance à ceux qui posséderaient la Toison d’Or. Il était cependant permis d’en essayer la conquête. Le tout était de réussir. C’est à cette obligation que Jason devait se conformer.

 

(Attention, ce texte comme tous les autres est protégé.)

 

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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 13:28

Il existe, depuis le Moyen Age jusqu’au XVIIIe siècle, un nombre très important d’œuvres d’art, aussi bien des peintures  des sculptures ou des agencements de demeures (y compris les dernières demeures) qui furent réalisées par et pour des alchimistes. L’historien belge Jacques Van Lennep a pu leur consacrer, en 1966, tout un gros ouvrage abondamment illustré : Art et alchimie (Bruxelles, Éditions Meddens) ceci étant dit pour ceux qui désirent se documenter sérieusement sur la dimension artistique de l’art d’Hermès. J’ajouterais à cet ouvrage fondamental cet article intitulé L’Art alchimique et le surréel, réalisant une superbe jonction avec le surréalisme et plus particulièrement André Breton qui écrivait en 1953 :

 

« Le tout pour le surréalisme a été de convaincre qu’on avait mis la main sur la matière première – au sens alchimique – du langage. »

 

Mais la mort l’a surpris dans la recherche de cet essentiel qui ne prêté qu’à la sagesse : L’or du temps.

 

Mais nous allons voir que cet énigmatique or du temps ne nous éloigne pas des tapisseries de la Dame à la Licorne… Poursuivons donc notre exégèse un peu brouillonne de cette magnifique œuvre d’art, dont les différents tableaux décrivent en toile de fond un lieu particulier qui n’est autre qu’un jardin dans lequel on peut distinguer des fleurs, des arbres et des fruits. En latin le jardin est l’hortus qui exprime encore mieux sa dimension cabalistique en occitan par le terme plus bref de ort, qu’une seule lettre sépare de l’or, et qui désigne autant le jardin potager que celui d’agrément.

Ainsi, l’alchimiste allemand Michel Mayer déclare dans sa VIe Emblème de son Atalante Fugitive :

 

« Le froment saura t’enseigner comment l’or germe. »

 

Le travail de la terre est souvent comparé aux travaux du Grand Œuvre. Ainsi l’adepte Cambriel (XIXe siècle) appelle les alchimistes des Labourants, par analogie avec les sillons tracés par la charrue qui font ressembler le champ à la terre feuillée de leur Grand Œuvre. Aspect que l’on retrouve, à une plus petite échelle et donc plus proche de l’OEuvre, dans les jardins potagers. Ainsi se manifeste aussi une analogie avec la pâte feuilleté de la galette des rois. Nul ne doit négliger le fait trop évident et pour cela souvent négligé que les jardins sont peuplés de végétaux feuillus, feuilles qui exaltent l’analogie au point de faciliter la confusion avec la langue verte.

Puisque j’ai donné mon opinion sur la tapisserie du toucher, remarquons que la licorne « désigne » avec sa queue-de-cheval (donc cabalistiquement) un chêne. Chêne qui va permettre la fabrication de la terre feuillée. Nous trouvons ce même arbre joliment signalé par les chaînes du vêtement de la Dame sous forme de ceinture et d’un grand pendentif qui agrémente l’avant de la robe.

L’importance de cet arbre tour comme celui de l’acacian est capitale au point de représenter l’une des plus difficiles énigmes à découvrir, qui demanda à Fulcanelli plus de vingt années d’effort soutenu.

 

« L’artiste a cheminé longtemps, nous dit Fulcanelli à la page 93 de son Mystère des Cathédrales, il a erré par les voies fausses et les chemins douteux ; mais sa joie éclate enfin ! le ruisseau d’eau vive coule à ses pieds ; il sourd, en bouillonnant, du vieux chêne creux. »

 

C’est ce même désir d’aiguiller le chercheur ver une voie sure qui fit dire brièvement à Nicolas Flamel dans son livre des figures hiéroglyphiques : « note ce chêne ».

Et Eugène Canseliet précise la raison de l’insistance sur le jardin :


« Tout au commencement de l’ouvrage hermétique, ainsi retrouvons-nous, avec l’élection judicieuse de la matière initiale, l’idée de son traitement laborieux, analogiquement envisagé dans son étroit rapport avec la culture du sol. » (p. 88 in Deux logis alchimiques. 1979)

 

Mais le choix du jardin dans l’iconographie alchimique repose sur deux importantes analogies : Celle de l’importance du printemps et celle de la couleur verte. (voir mon article sur la couleur verte). La renaissance de la nature chaque année au printemps marque pour l’alchimiste le début de son travail qui doit se superposer aux cycles naturels. C’est pour cela que les alchimistes sont appelés singes de nature.

Je voudrais souligner ici la particularité de la chlorophylle qui permet une biosynthèse organique grâce à l’action des quanta lumineux permettant la transformation de l’énergie lumineuse en énergie chimique. En d’autres termes, la photosynthèse nous introduit dans le monde quantique dont on sait combien il est différent de celui que nous vivons chaque jour. Il se pourrait donc que l’alchimie lorsqu’elle ouvre les portes de son jardin nous projette dans un monde qu’il nous est difficile de concevoir. Nous n’en sommes pas là et restons-en au monde tout de même fabuleux de la Dame à la Licorne. La licorne… animal échappé d’un étrange jardin dont nous ignorons tout.

 

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27 mai 2008 2 27 /05 /mai /2008 18:34

La licorne est un animal mythique. C’est est un cheval blanc, pourvu d’une barbichette et portant sur le front une corne rectiligne élancée et torsadée qui est, vous vous en doutez, est une aberration sur le plan anatomique, laquelle souligne par sa seule existence, la dimension symbolique de cette chimère des siècles passés. Elle fut longtemps à l’honneur et considérée comme un animal réel. D’où sa présence dans le timbre des armes d’Écosse, puis dans celui de l’Angleterre, où elle fait face au lion.

Sa représentation la plus connue est celle qui illustre la série des six tapisseries dites de « la dame à la licorne » qui furent réalisées au tout début du XVIe siècle (à l’époque – 1515 – de la bataille de Marignan) et que les amateurs d’art peuvent admirer à Paris, au musée de Cluny. Ce véritable monument initiatique illustre les cinq sens, plus un « sixième » qui porte la mystérieuse devise : « À mon seul désir ». Ce panneau terminal semble représenter le couronnement de l’œuvre ou se trouve représenté une tente d’apparat.

Dans ces tapisseries figurent toujours deux personnages principaux : La dame et la licorne.

Les cinq sens seraient représentés par chacune des cinq tapisseries. Ainsi le toucher l’est par la dame tenant la corne de la licorne d’une main et de l’autre la hampe d’un étendard. L’ouïe nous montre la dame jouant de l’orgue. La vue est la licorne se contemplant dans un miroir tenu par la dame. L’odorat est symbolisé par un singe qui respire le parfum d’une fleur pendant que la dame fabrique une couronne fleurie. Le goût montre la dame qui prend une dragée que lui tend sa servante.

Dans un sens, la dame à la licorne pourrait être une évocation de la Vierge Mère, au sens cosmique du terme, se superposant à la dame des pensées des Troubadours mais aussi à la dame alchimie. En effet, nous la voyons dans la tapisserie du toucher, tenir d’une main la corne par où descend la force ou l’énergie divine et de l’autre la hampe d’un étendard couvert de croissants de lune figurant le monde lunaire empire du démiurge. L’importance de cette tapisserie est mise en évidence par le singe suspendu au-dessus de la corne, ce qui désigne l’expression cabalistique qui la met en évidence car le mot singe est l’anagramme de signe et de cygne, dont la blancheur comme celle de la licorne, nous informe de deux choses essentielles et inséparables : qu’il est question ici de la voie humide, laquelle ne livrera ses secrets que si nous savons interpréter les signes, qui peuvent être cabalistiques. Donc l’image doit pleinement satisfaire notre sens de l’esthétique en même temps que de celui de notre désir de connaissance… « À mon seul désir. »

Il est un fait indéniable qui signe le véritable alchimiste, c’est celui de singer l’œuvre de création, ce que confirme Fulcanelli en remarquable passage de la page 255 du premier tome des demeures philosophales :

 

« C’est que l’alchimiste, dans son patient travail, doit être scrupuleux imitateur de la nature, le singe de la création, suivant l’expression génine de plusieurs maîtres. Guidé par l’analogie, il réalise en petit, avec ses faibles moyens et dans un domaine restreint, ce que Dieu fit en grand dans l’univers cosmique. Ici, l’immense : là le minuscule. »

 

Que nous dit la Dame, en tenant la corne de la Licorne si ce n’est de tenir la cornue ? Cette cornue dont on ne saurait mieux spécifier qu’elle doit être à long bec. Quant à la hampe semée de croissant lunaire elle précise que l’artiste doit œuvre sous la lampe lunaire ou sous les rayons de l’astre des nuits. Il s’agit d’un étendard qui s’appelait en vieux français le dragon. D’où l’expression « faire voler le dragon » pour se mettre en campagne et aussi pour œuvrer avec la cornue. Il s’agit donc ici de mettre le dragon dans le bec de la cornue, et nul n’ignore que le dragon n’est autre que le soufre… qui doit voler. Peut-on être plus précis en suivant le sillage du cygne ? Ne me remerciez pas, il faut de temps à autre sortir de ces relations enrichissantes de l’analyse symbolique pour aborder le vif du sujet sur lequel TOUS LES SYMBOLES REPOSENT. Lisez les textes ou les artistes chantent la grâce et la beauté de la Dame à la Licorne… vous ne serez pas plus avancé, si vous souhaitez vous évader des mots, sauf si le hasard vous offre un texte de Jacques Van Lennep.

 

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