Il s'agit ici d'Initiation christique, de lien entre le christianisme initiatique ancien et les différents courants de la mystique permettant une fructueuse transformation de la pensée(métanoïa) pratiquée par les alchimistes. Des sujets divers sont abordés : Spiritualité, initiation, alchimie, cabale, mythologie, symbolisme...
Les Compagnons, généralement très chrétiens, n’étaient pas Francs Maçons, même si leur nom figure avec celui d’apprenti et Maître dans les trois premiers grades de la Franc Maçonnerie. Ils semblent, d’après Jules Boucher, qu’ils soient issus d’un même tronc. De nos jours la franc-maçonnerie est développée, alors que le compagnonnage subsiste encore mais a perdu toute importance. Cependant, avec son amour du travail bien fait, sa réputation est des meilleures et son rôle tend à nouveau à s’amplifier.
Les compagnons se divisaient en trois « Devoirs » :
Les enfants de Salomon.
Les enfants de Maître Jacques.
Les enfants du Père Soubise.
Les enfants de Salomon ou Devoir de Liberté comprenaient :
Les tailleurs de pierre.
Les menuisiers,
Les charpentiers.
Les enfants de Maître Jacques ou Devoirs comprenaient :
Les tailleurs de pierre.
Les menuisiers.
Les serruriers.
Les enfants du Père Soubise ou Saint Devoir comprenait uniquement les charpentiers.
L’Église condamna leurs pratiques initiatiques le 14 mars 1655. Cette déclaration des autorités ecclésiastiques est suivie d’un texte éloquent sur les rituels du Devoir de Maître Jacques et plus particulièrement les Compagnons selliers, cordonniers, tailleurs, couteliers et chapeliers. Je rappelle que les membres des Enfants de Maître Jacques étaient obligatoirement catholiques.
N’ayant pas l’intention de rédiger un cours qui nécessiterait plusieurs volumes, j’irais directement au but qui nous intéresse en décrivant le rituel condamné par l’Église car il est trop proche de celui des catholiques, mais par certains points beaucoup plus significatifs.
La cérémonie de réception étant un baptême. Ils célèbrent une messe et péché suprême, en qualité de catholique ils sont reçus par les huguenots et ils les reçoivent à leur tour ! Cette seule particularité aurait largement suffit pour les condamner.
Les compagnons cordonniers prennent du pain, du vin, du sel et de l'eau qu'ils appellent les quatre éléments, les mettent sur une table et ayant mis devant icelle celui qu'ils veulent recevoir Compagnons, le font jurer sur ces quatre Choses par sa fois, sa part de paradis, son Dieu, son Chrême et son baptême ; ensuite lui disent qu'il faut qu'ils prenne à nouveau nom et qu'ils soient baptisés ; et lui ayant fait déclarer quel nom il veut prendre, un des Compagnons, qui se tient derrière, lui verser sur la tête un verre d'eau en lui disant : « je te baptise au nom du père et du fils est Saint-Esprit. » Les parrains et sous-parrains s'obligent aussitôt à lui enseigner les choses appartenant au dit devoir.
Nous constatons immédiatement que les compagnons interrogés ne livrèrent pas la totalité de la cérémonie, notamment les explications qui durent précéder la cérémonie, car faire jurer devant les quatre éléments « moteur » du Grand Œuvre des alchimistes n’est pas banal et surtout est loin d’être anodin car c’est ni plus ni moins une cérémonie ou est donné le nom d’adepte. Dans l’Église, la Confirmation (qui est la confirmation du baptême) accompagnée de la prise d’un nouveau nom et de l’adjonction d’un parrain ou d’une marraine avait cette connotation.
Le rapport dit aussi à propos de Tailleurs que durant leurs cérémonies ils apprennent la signification de tous les objets et décrivent le mystère de la sainte Sainte-Trinité d’une manière symbolique, ce qui encore laisse transpirer le ternaire alchimique.
Ce qui est évident à travers ces cérémonies, c’est la mise en évidence de la dimension initiatique du rituel chrétien, que l’officialité ne pouvait que condamner. Pourtant c’est cette attitude que permettait une entente avec les huguenots.
Je reste persuadé que c’est la voie qu’il faut suivre en analysant le rituel ancien de l’Église (celui d’avant 1968) pour en mettre en évidence toute sa puissance symbolique débarrassée de toute bigoterie et adjonctions récentes afin de transmettre la connaissance et permettre aux fidèles de mieux comprendre le sens profond des rites catholiques.
Tout ce qui précède est un peu bref, mais quelques références bibliographiques permettrons d’aiguiller les plus curieux :
J.P. Baillard, Le Compagnonnage en France.
L. Benoist, Le Compagnonnage et les métiers.
E. Coornaert, Les corporations en France avant 1789.
J. Gimpel, Les batisseurs de cathédrales.
D. Macaulay, Naissance d’une cathédrale.
E. Martin Saint-Léon, Le compagnonnage, son histoire, ses coutumes, ses règlements et ses rite.
George Sang, Le Compagnon du Tour de France.
Par ailleurs une extraordinaire documentation est réunie à Tours au Musée national du Compagnonnage, rue Nationale (près du pont de la Loire), Cour du Vieux-Pressoir, abbaye Saint-Julien. Il est ouvert du dimanche des Rameaux au 11 novembre. Se renseigner sur Internet.