Il s'agit ici d'Initiation christique, de lien entre le christianisme initiatique ancien et les différents courants de la mystique permettant une fructueuse transformation de la pensée(métanoïa) pratiquée par les alchimistes. Des sujets divers sont abordés : Spiritualité, initiation, alchimie, cabale, mythologie, symbolisme...
© novembre 2010.
Dans les articles sur les « A », j’ai présenté succinctement le fameux A de Charlemagne, cet objet précieux qui fait partie du trésor de la magnifique église romane de Conque (Aveyron).
Ce reliquaire matérialise la légende de cet édifice qui dit que Charlemagne a légué aux abbayes de son Empire des lettres d'orfèvrerie. La première de l'alphabet aurait été attribuée à Conques en témoignage de l'importance qu'il accordait à ce monastère.
Photographies d'André KUMURDJIAN
Ce curieux cadeau, enchâssé en son sommet d’une boule de cristal contenant des reliques, symbolise un mystère que bien des chercheurs se sont efforcés d’éclaircir quitte à confondre parfois cette lettre sans barre horizontale (avec tout de même son amorce de part et d’autre des jambages) avec le compas des Francs Maçons !
Il n’est pas sans intérêt d’observer attentivement la petite sphère de verre placée dans l’angle supérieur aurait contenu une relique.
Soulignons ici que la sphère cristalline, tout comme la surface convexe du bain de mercure, a toujours représenté, en alchimie, le microcosme reflet fidèle du macrocosme. Cette analogie est due à l’image panoramique et réduite, qui se réfléchit à sa surface convexe. C’est pour cela que les adeptes parlent du « Miroir de l’Art » capable de contenir le grand monde ou macrocosme.
L’Adepte Fulcanelli le précise en ses Demeures philosophales lorsqu’il décrit la prudence constituant l’un des gardes du corps du mausolée de François II plus connu à Nantes sous le nom de tombeau des Carmes :
« C’est dans ce miroir, disent les maîtres, que l’homme voit la nature à découvert. C’est grâce à lui qu’il peut connaître l’antique vérité en son réalisme traditionnel. Car la nature ne se montre jamais d’elle-même au chercheur, mais seulement par l’intermédiaire de ce miroir qui en garde l’image réfléchie. Et pour montrer que c’est bien là notre microcosme et le petit monde de sapience, le sculpteur a façonné le miroir en lentille convexe, laquelle possède la propriété de réduire les formes en conservant leur proportion respective. L’indication du sujet hermétique, contenant en son minuscule volume tout ce que renferme l’immense univers, apparaît donc voulue, préméditée, imposée par une nécessité ésotérique impérieuse, et dont l’interprétation n’est pas douteuse. De sorte qu’en étudiant avec patience cette unique et primitive substance, parcelle chaotique et reflet du grand monde, l’artiste peut acquérir les notions élémentaires d’une science inconnue, pénétrer dans un domaine inexploré, fertile en découvertes, abondant en révélations, prodigue de merveilles, et recevoir enfin l’inestimable don que Dieu réserve aux âmes d’élite : la lumière des sages. »
Fulcanelli nous parle ici, trente ans avant sa découverte, de sa connaissance de la structure holographique de l’univers où chaque partie contient le tout. Il précise plus exactement la nécessité d’acquérir une pensée holoscopique, hologramorphique (forme holographique) dirions-nous aujourd’hui, afin d’apprendre à réfléchir (le mot est significatif) de telle sorte qu’il soit possible de saisit la totalité de l’univers à partir de l’une de ses parties. Voir à ce propos mon livre Holoscopie de la spiritualité occidentale.
L’importance est telle, de cette manière de voir, qu’Eugène Canseliet insiste en sa deuxième préface (1958) de ce même ouvrage en citant l’alchimiste dit le Cosmopolite et en l’accompagnant d’un commentaire des plus instructif :
« Au royaume du soufre, insiste Cosmopolite, existe un Miroir dans lequel on voit tout le Monde. Quiconque regarde en ce Miroir peut y voir et apprendre les trois parties de la Sagesse de tout le Monde, et de cette manière il deviendra très savant dans ces trois Règnes, tels que le furent Aristote, Avicenne et plusieurs autres qui, de même que le reste des Maîtres, virent dans ce Miroir comment le Monde fut créé. » (De Sulphure, Coloniae, 1616, p.65.)
Eugène Canseliet poursuit :
« Assurément, le double secret de la naissance et de la mort impénétrable aux plus savants « selon le siècle », celui de la création du Monde et de sa fin tragique en châtiment de l’avidité et de l’orgueil des hommes, également incommensurables, ne sont pas les moindres révélations visuelles que fournit à l’Adepte le Miroir de l’Art. Mercure éclatant et précieux, réfléchissant, en la légère convexité du bain, les vicissitudes de la boule crucifère… »
Nous découvrons là les prémisses de l’ouvrage non édité Finis Gloria Mundique Fulcanelli devait consacrer à la fin de notre cycle terrestre et qu’il décida de soustraire de son œuvre mais dont le chapitre consacré à la croix cyclique d’Hendaye fut extrait pour venir se greffer in fine du Mystère des Cathédrales.
La boule de cristal (cabalistiquement et aussi symboliquement : boule crucifère) incrustée au sommet du A de Charlemagne représente la porte du macrocosme ou seul l’éveil de la conscience permet d’accéder. Les reliques en elles-mêmes enfermées dans ce globe signifient notre relation avec le monde divin d’où l’impérieuse nécessité de les inclure (cette inclusion est négligée, voire exclue, de nos jours) dans les pierres d’autel consacré afin que se réalise durant l’office la jonction entre notre microcosme et le macrocosme divin.
À partir de ce cristal s’élève donc vers le macrocosme un V virtuel s’ouvrant vers le cosmos et inverse du A. Ainsi obtenons-nous aussi bien le « Avé… Maria » ou hymne à la Vie-rge, par laquelle l’histoire du Christ, débute. Ce départ en étroite analogie avec le X ou croix de saint André ou la fête du saint débute l’année liturgique des saints, ou cycle sanctoral, le 30 novembre pour s’achever le 29 novembre suivant pour la Saint Saturnin.
Telle est la raison profonde de la création de la cathédrale Saint-André sur les berges de l’Aude à Alet-les-Bains dont les lettres initiales À ne sont pas dépourvus de pertinence.
Fin en calligramme triangulaire du livre manuscrit de l’Abbé Francis Boudet de l’Aude. Une fin logique comme l’annonce le macrocosme et Fulcanelli dans son Finis Gloria Mundi.
Le sceau de Salomon dissimulant à peine six A et la rose croix dans les vitraux de l’ancienne cathédrale Saint-André d’Alet-les-Bains sur les rives de l’Aude. Cette figure résulte de l’interpénétration du macrocosme et du microcosme. C’est pourquoi elle est le symbole de la pierre philosophale.
Photo Alain Gros.
À travers les grilles de protection du trésor de l’ancien évêché d’Alet-les-Bains on découvre les ostensoirs présentés aux fidèles lors de la cérémonie de présentation du Saint-Sacrement qui donna son nom à la société secrète de Saint-Vincent Depaul ami de Nicolas Pavillon évêque d’Alet. Ces vases sacrés sont de formes hexagonales comme les vitraux de l’édifice, ce qui définit bien le désir de souligner cette structure géométrique particulière qui caractérise notre territoire national.
L’ostensoir permet au prêtre de présenter l’hostie enfermée au centre dans un vase de verre ou lunule. Ce nom est des plus expressifs puisque la lune est le reflet du macrocosme solaire et l’hostie point de jonction entre notre monde et l’univers divin..
Seul, un Adepte-évêque ayant reçu la flamme du cénacle christique, tel Nicolas Pavillon, pouvait saisir l’importance ésotérique de cet X dont l’interpénétration de la partie haute et de la partie basse donne le sceau de Salomon qu’il représenta dans ses ostensoirs et les armatures de pierre des vitraux de sa cathédrale.
Il faut souligner ici que le vase de verre inclus dans l’hexagone de l’ostensoir et contenant l’hostie blanche est appelé lunule dont l’analogie avec l’alchimie est incontestable :
« Miroir particulier, nous dit Eugène Canseliet, miroir de l’Art, qui se présente alors sous l’aspect d’un corps très brillant, blanc d’argent, et qui pour cette raison, reçut encore le nom de Lune des philosophes. » (« La tour Saint-Jacques », n°3, p.76.)
L’hexagone miroir de l’Art est la forme de notre territoire national qui recueillit les restes de Sainte-Anne et qui malgré son actuel néo cartésianisme réducteur reste une terre d’élection ou le Verbe prendra « corps » en une sphère encore insaisissable, pour la majorité des Hommes, en son rôle de miroir du macrocosme divin.
Cette sphère immense n’est autre que le corps de Vie de la terre qui fut bouleversée en ce point de fécondation qui fut le Golgotha.
Oui, entre la lettre A et l’Empereur il y eut des faits qui montre son attachement à ce caractère pour des raisons qui ne relèvent pas de la banale réflexion.
La dépouille de sainte Anne, la grand-mère du Christ, fut amenée d’Orient dans la barque des saintes Maries de la mer. Elle était conservée dans un coffre de bois blanc précieux qui fut transporté jusqu’à la ville d’Apt, situé à environ 40 km au nord d’Aix-en-Provence. Nous voyons immédiatement l’évidence de la lettre A en qualité d’initiale prégnante à un tel degré que certains se précipitèrent sur l’Antimoine qu’ils qualifièrent de matière première de l’œuvre Alchimique.
Charlemagne effectua à Apt un pèlerinage après son couronnement afin de rechercher les reliques d’Anne qu’il découvrit dans une chapelle souterraine le 26 juillet 801.
À la suite de quoi il en distribua de nombreux fragments et laissa la majeure partie à l’évêque d’Apt, ou elles sont encore.
Ainsi peut-on dire que le seul lieu saint au monde où Sainte-Anne repose et fait des miracles est la cathédrale d’Apt.
Photo Wikipedia.
Crypte inférieure de l’église Sainte-Anne d’Apt où furent retrouvées en 801, par Charlemagne, les reliques de Sainte Anne.
Par la suite de nombreux fragments de reliques furent dispersés un peu partout et notamment en Bretagne où la région voue un culte aussi ancien qu’ardent à sainte Anne.
La raison de cette ferveur en est la parenté de Dana la déesse celtique, la notre Dame noire de dessous terre, qui s’appelait aussi Anna. Telle est aussi la raison de son exportation dans les pays à population noire.
De se fait Anne entra tout naturellement dans la légende en qualité de Bretonne. Cette légende affirme que dans le sud du Morbihan Anne était l’épouse d’un seigneur têtu et violent qui lui interdisait d’avoir des enfants. Enceinte de Marie elle fut chassée par son époux et erra à travers la Bretagne pour aboutir sur une plage ou un ange les attendait à côté d’une barque. Notre ange capitaine et fin manœuvrier propulsa la barque jusqu’en Galilée qui était, comme son nom l’indique, un pays des Celtes Gaulois !
Ben quoi, vous trouvez à redire que le Christ soit un Breton têtu de pure race croisé avec le Saint-Esprit ? Qu’est-ce qu’on peut faire pour tirer la couverture à soi ! Ah, l’esprit cocardier rend créatif au-delà de toute espérance ! Passons…
Il y a plus sérieux car cette légende repose sur des fondements permettant de dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu !
Anne de Bretagne vouait un culte fervent à sa sainte patronne. C’est elle qui forma le projet, vers 1502, de réunir dans un mausolée, les corps de ses parents défunts. C’est ainsi que fut érigé le tombeau des Carmes que l’on peut admirer à l’église Saint-Pierre de Nantes. C’est ce tombeau que décrit Fulcanelli en ses Demeures Philosophales en insistant sur le symbolisme alchimique des quatre vertus cardinales placées aux angles du magnifique cénotaphe dont l’une tient le miroir de l’Art laissant supposer une connaissance alchimique de la haute aristocratie celto-bretonne.
Il est bien évidant que le nom d’Anne donnée à la duchesse des Bretons ne seras pas sans conséquence sur la pérennité de ce prénom en Armorique. Il sera exalté par Anne d’Autriche épouse de Louis XIII, qui se rendit à Apt pour remercier Sainte Anne de lui avoir ôté sa stérilité. Bon, que l’histoire croustillante du charitable Mazarin en qualité de géniteur sauveur soit mise de côté !
Pour mieux saisir le sens de tous ces événements il est nécessaire de s’élever au niveau global, macrocosmique… si je puis dire.
Il est un fait qui doit être mis en évidence sans que je l’aie précédemment signalé, c’est que la sépulture d’Anne reposait au sein d’un édifice sacré qui fut érigé à l’image de Rome, annonçant par là que la Rome véritable, la nouvelle Romme, celle des chrétiens et non celle des empereurs Romains se trouve en réalité en ce lieu, dans le cœur de la fille aînée de l’Église.
« Remarquons,dit l’archéologue Jérôme Carcopino, que cette disposition (des bâtiments) est la même qu’à Saint-Pierre-de-Rome dont elle reproduit, à une échelle moindre, certaines des particularités. »
De ce fait l’on saisit la raison profonde de la présence des papes à Avignon, les seuls qui furent légitimes.
Que Saint Anne vous protège.