Il s'agit ici d'Initiation christique, de lien entre le christianisme initiatique ancien et les différents courants de la mystique permettant une fructueuse transformation de la pensée(métanoïa) pratiquée par les alchimistes. Des sujets divers sont abordés : Spiritualité, initiation, alchimie, cabale, mythologie, symbolisme...
© Léon Gineste.2010.
Chez les puristes le dernier article a soulevé une certaine curiosité à propos du gallicanisme qui manifestement n’était pas connue par beaucoup. Devant certaines confusions il m’a semblé opportun de répondre ici à certaines interrogations de la part de mes correspondants privés.
D’abord je dois souligner énergiquement que la tournure d’esprit, l’attitude gallicane, est une indépendance LEGITIME non une hostilité, à l’égard de l’Église catholique.
Pendant longtemps le patriarche latin de Rome n’était pas pape. C’était un patriarche comme les autres puisque le Concile de Nicée (325) déclara l’égalité des 4 patriarches qui sont : celui de Jérusalem, d’Antioche, d’Alexandrie et de Rome. Je répète que cette égalité est le résultat d’une consultation démocratique et donc la seule valide pour une Ecclésia qui se respecte.
Si par la suite le patriarche Romain est devenu pape, ce n’est pas par une décision de l’Ecclésia, mais par l’attitude d’individus isolés dont on est en droit de supposer un comportement tendancieux lié à des manœuvres d’ordre politique. Les premiers qui furent en faveur de Rome comme ville papale furent les Pères de l’Église Irénée et Tertullien. Cependant le patriarche de Rome Calixte Ier était, quand il fut élu, évêque de Rome. De ce fait il bénéficia d’une position exceptionnelle et fit valoir le passage biblique : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirais mon Église… » (Mathieu 16, 18). Ce passage n’était pas considéré par les premiers chrétiens comme une primauté de Pierre. La décision du concile de Nicée le prouve en donnant les mêmes pouvoirs aux quatre patriarches. Ne me dites pas que l’assemblée des évêque était ignare !
Malgré l’opposition de Tertullien et d’Origène, ce simple patriarche Calixte fonde la conception d’une papauté.
Ainsi Le patriarche Romain Damase Ier (366-384) s’autoproclamera « pape » malgré les décision de l’Eclésia du concile de Nicée, et s’empressa de faire expurger la Bible, selon ses desideratas, par St Jérôme (Bible qui prendra le nom de Vulgate) pour éviter d’éventuelles contradictions à partir des saintes Écritures…
Ne nous étonnons pas si l’annonce de cette refonte des textes sacrés provoqua un tollé dans toute la chrétienté !
Tous les Patriarches portaient la tiare et la croix pontificale. N’importe quel livre d’histoire pourra vous confirmer ce que je dis. Évidemment encore faut-il que cet ouvrage ne soit pas écrit par un prêtre romain qui pèche par omission, car ce concile de Nicée est très gênant pour la papauté comme je le montre dès les premières pages de mon livre Holoscopie de la spiritualité occidentale.
Je récuse vigoureusement l’anti-catholicisme dont les historiens académiques (souvent ecclésiastiques catholiques) se plaisent à affubler le gallicanisme qui de plus est considéré comme hérétique sous l’étiquette récemment inventée de « conciliarisme ». Cette attitude trahit un parti-pris et une lecture de l’histoire incomplète et nettement biaisée.
L’adhésion au gallicanisme celtique est pacifique essentiellement discrète qui s’appuie sur un attachement souple aux règles d’un droit canonique gallican tel qu’il apparaît dans le « STATUA ECCLESIA ANTIQUA », seul texte de gallican pur datant du Vème siècle. C’est aussi l’adhésion à la pratique liturgique des offices religieux qui avaient cours dans l’Église antique et dont la messe était structurée à partir d’écrits alchimiques d’Alexandrie (ce qui laisse supposer une relation avec le patriarche d’Alexandrie « ésotériste » et non avec celui de Rome). Je souligne que la structure générale de l’ancienne messe de St Pie V est d’origine gallicane. Elle se célébrait bien avant que le concile de Trente ne l’impose à toute la chrétienté, cela est confirmé par les ouvrages du juriste Van-Espen, plus particulièrement dans son Droit Canonique Universel (1788). Cette messe n’est plus célébrée depuis 1968 malgré quelques tentatives récentes de restauration.
Le fondement du gallicanisme ancien n’est pas sa liturgie mais sa MYSTIQUE source de métanoïa (changement de la pensée). Cela était pratiqué par Béranger Saunière, Mgr Billard, le pape Léon XIII ainsi que la reine Christine de Suède.
À l’époque du gallicanisme, qui correspond sensiblement à la période de l’architecture romane, l’Église Orientale et Occidentale vivait sous le même toit. Les ruines de la cathédrale romane d’Alet dans l’Aude en sont un bel exemple avec les décorations orientales qui entourent certaines ouvertures.
Cet aspect mystique impose une lecture des textes sacrés non pas selon la lettre mais selon l’esprit. Je rappelle ici les paroles du Christ annonçant l’établissement de son Église :
« Le temps vient et il est déjà venu. Que les vrais adorateurs adoreront le Père en ESPRIT et en VERITE, car le Père demande de tels adorateurs » (Jean VI, 21-23)
Malgré leur côté rébarbatif, il m’a semblé que ces précisions ne devaient pas rester dans le domaine de la correspondance privée.
Merci d’avoir eu la patience de lire ce texte peu récréatif.