Il s'agit ici d'Initiation christique, de lien entre le christianisme initiatique ancien et les différents courants de la mystique permettant une fructueuse transformation de la pensée(métanoïa) pratiquée par les alchimistes. Des sujets divers sont abordés : Spiritualité, initiation, alchimie, cabale, mythologie, symbolisme...
Ce titre peu orthodoxe et désobligeant vis-à-vis de ces bon chrétiens, frisant le puritanisme exalté, ces culs-bénis — comme l’on dit —je le doit à Cavanna qui édita chez Albin Michel, en 1994, un ouvrage remarquable pétrit de vérités qu’il intitula Lettre ouverte aux culs-bénits.
Dans cet ouvrage il précise (en quatrième de couverture) qu’il écrit bénit avec un « t » de dérision, comme dans « eau bénite » en précisant qu’il s’adresse aux vraies grenouilles qu’il se fait un devoir d’injurier ! Je sais que ce livre est, malgré ses sarcasmes bien envoyés, profondément vrai car je suis de la même génération que l’auteur et je reconnais dans cet ouvrage ce qui a pétri son enfance autant que la mienne, tout les problèmes que posaient et posent encore une religion chrétienne tellement torturée par l’église qu’elle impose à ses ouailles des tords boyaux qui en réalité ne devaient pas exister !
Mais allez le faire comprendre aux fidèles conditionnés à mort (le mot n’est pas trop fort) ! Je dois préciser que les démissions de prêtres furent nombreuses au XIX et XXème siècle, et qu’un certain abbé Saunière, curé de Rennes le Château, en faisait partie car, en 1870, le concile Vatican I souleva des polémiques immenses (et savamment camouflées par l’Eglise Catholique) à l’occasion de cette décision pour le moins maladroite, pour ne pas dire déraisonnable, ayant dogmatisée l’infaillibilité du pape.
L’attitude de l’Eglise est tellement grave, et Cavanna est loin d’avoir tout dit, même s’il ne parle pas de l’inquisition et du « code noir », car il ne pouvait aborder le sujet que dans l’optique actuelle et en qualité de témoin. Il traita le sujet par le biais de l’humour mais d’un humour aussi féroce que grinçant pétrit de vérité, et non dépourvue de conditionnement sentant la défunte SFIO bouffeuse de curés, ce dont je ne saurais lui faire le reproche puisque mon propre père y fut affilié. Le but, indubitablement intelligent est d’avoir su manier cet humour de charretier éduqué afin de supprimer toutes prises possibles aux abbés poudrés, à ces intello bourrés de théologie jusqu’à l’indigestion et officiellement castrés mais puissamment amoureux de leur autorité.
Alors que le conditionnement déshumanise et bouche complètement l’horizon d’un homme qui ne dépasse pas la condition d’un chien de Pavlov… et pourtant c’est comme cela qu’on « l’éduque ». En d’autre terme les chrétiens qu’ils soient kato, orthodoxe ou protestants sont par définition fermés, cristallisés sur leur idéologie qu’ils appellent « foi ». Dans ces conditions ils sont tout sauf chrétiens. Aussi ne soyez pas surpris de cette exclamation de Cavanna :
« Les culs-bénits sont imperméables, inoxydables, inexpugnables, murés une foi pour toute dans ce qu’il est convenu d’appeler leur « foi ». Arguments ou sarcasmes, rien ne les atteint, ils ont rencontré Dieu, ils l’on touché du doigt. Amen. Jetons-les aux lions, ils aiment ça. » p 7.
Sans vouloir faire une critique exhaustive du livre de Cavanna, il y a là un point capital qui concerne la croyance ou plus exactement la manière de « croire ». Et ne nous leurrons pas, ne nous débattons par, cher chrétien, pour dire non à ce texte avec une tête de buté qui devient tête à baffe.
Cavanna a totalement raison de s’exprimer de la sorte. Dans la croyance inconditionnelle il est un zeste d’imbécilité. Soyons précis : la fermeture dans une croyance est l’inverse de toutes les lois de l’univers qui est constitué (en termes de thermodynamiques) par des systèmes ouverts, c'est-à-dire qui échangent de l’énergie et de la matière avec tout ce qui l’entoure. Si la vie est mouvement elle est essentiellement échange d’énergie à travers la nourriture la respiration, la fermentation etc… De ce fait tout ce qui est fermé, dans l’univers, n’échange plus et est voué à la mort ! Puis-je être plus clair ? Et bien cher lecteurs, malgré ce que je viens de dire rien ne changera pour les « bon » chrétiens. Mais je devais le dire pour ceux qui peuvent s’en sortir pour tenter de vivre leur « foi » autrement et d’une manière plus grandiose. Et terme bref disons qu’il faut passer de la croyance à la connaissance. Et la l’Eglise pose encore un obstacle qui n’existait pas dans l’Eglise primitive, (tout comme la « foi » selon le concept actuel) c’est celui de mystères.
Pour ne pas prendre le risque de tromper mes lectrices et lecteurs sur le sens de mystère, j’ai ouvert le Catéchisme de l’Eglise Catholique édité en 1992 par Mame/Plon, avec une introduction du pape Jean-Paul ll. J’ai donc cherché à l’index le mot mystère. Surprise ! Le mot y figure bien, mais dans un index thématique ! Cela signifie qu’il faut avaler « X » chapitres qui traitent le terme. Il n’existe pas une définition claire, simple et assez courte du mot mystère à laquelle on puisse accéder directement comme dans un dictionnaire ou tout autre ouvrage. En d’autres termes on vous endoctrine d’abord.
Je me suis ensuite référé au Catéchisme pour adultes édité en 1991 Par les évêques de France. La même chose, si ce n’est que l’index thématique est un index analytique beaucoup plus maniable et donc permettant de reconstituer une définition.
Ainsi à la page 28 j’ai pu obtenir cette information aussi précieuse qu’imprécise :
« Le « mystère », c’est-à-dire, au sens premier du mot, le dessein de Dieu, enveloppé dans la création depuis l’origine… »
Tandis qu’à la page 56 nous apprenons que la définition du mystère repose en fin de compte sur un… poème !
« C’est dire l’impossibilité pour les hommes de l’enfermer dans les idées qu’ils se font de lui. « Aucune parole ne l’exprime, il dépasse toute intelligence » (poème attribué à Grégoire de Nazianze). »
Impossible encore une foi d’obtenir une définition synthétique du mot mystère. Alors j’ai ouvert le Catéchisme Hollandais ou introduction à la foi catholique (qui fit couler beaucoup d’encre) Edité en 1968 par Charles Ehlinger.
La encore nos auteurs tournent autour du pot. J’ai pu cependant pécher à la page 566 une phrase significative :
« Les mystères de la foi sont les expressions qui nous sont données pour dire l’inexprimable qui se révèle dans chaque chose et dans chaque personne. »
Je n’ai pas envie de poursuivre et de m’ennuyez profondément en votre compagnie à lire des discours qui ne sont que des filets de camouflages. La philosophie globale de cette attitude peut se résumer ainsi : La culture de masse ayant augmentée il faut noyer le poisson d’une manière sévère en ayant recours à une philosophie d’évangélisation tarabiscotée et insaisissable.
Avant la première guerre mondiale beaucoup d’hommes et de femmes étaient analphabètes, aussi les théologiens s’exprimaient clairement car leur définition ne présentait aucun risque de polémique. Ainsi le Cours d’Instruction religieuse par Mgr Cauly, édité en 1911 par la librairie Poussielgue est précédé d’un bref du pape Léon XIII, et fut édité plus de 50 fois. Dans ce livre la définition du mot mystère est nette et sans bavures :
« Le mot mystère signifie, en général, une chose que nous ne comprenons pas. Dans la religion, un mystère est une vérité que nous ne pouvons pas comprendre, mais que cependant nous devons croire. » p 29
Voilà un premier devoir de bon chrétien, difficile à avaler pour tout individu actuel et tout individu raisonnable. Et l’on comprend que Cavanna se soit insurgé :
« J’aimais bien, étant enfant, que les choses fussent logiques, sans savoir que ça s’appelait comme ça. Avec Dieu tout là-haut, tout ça tenait bien ensemble, c’était du solide.
Il y avait bien quelques points où ça s’accrochait mal, l’abbé nous expliquait que c’était des « mystères », qu’il ne fallait pas chercher à comprendre, Dieu les avait voulus tels, l’intelligence qu’il avait donné à l’homme, bien que très grande, était toutefois insuffisante pour comprendre les mystères, mais Dieu, avec son intelligence infinie, les comprenaient parfaitement, lui, il s’en débrouillait très bien, on pouvait lui faire confiance.
Et bon, je lui faisais confiance. Même, cette idée de mystère m’enflammait l’imagination, un peu comme les conte de fées dont j’étais fort friand.
J’étais un enfant intelligent. Peut-on être intelligent et continuer à croire ? Il paraît que oui, des tas d’exemples l’attestent. Alors, c’est que quelque chose perturbe, sur ce point précis, le fonctionnement normal de l’appareil à raisonner.
Quoi qu’il en soit, on ne peut pas croire toute sa vie au père Noel. Moi, en tout cas. Vint un moment où, à la première question du catéchisme : « Qu’est-ce que Dieu ? » j’eusse répondu par : « Le père Noel des grandes personnes. »
Je ne supportais plus ces « mystères » qu’on nous avait présentés comme portant sur des points accessoires et qui, en fait, je le voyais clairement désormais, escamotaient l’essentiel. La merveilleuse architecture logique de la foi était bâtie sur des échappatoires. » p 15 à 16.
Cette citation est capitale, car Cavanna à absolument raison. Dans l’Eglise naissante les mystères n’étaient aucunement des phénomènes que l’intelligence humaine ne pouvait saisir. En disant cela l’Eglise Catholique, un peu moins l’Eglise orthodoxe, n’a pas dit toute la vérité. Elle ne pouvait la dire puisque son personnel était beaucoup plus administratif que mystique. L’Eglise par ses instances ecclésiales était donc devenue incapable de saisir la globalité du phénomène sur lequel reposent les mystères et encore moins de l’enseigner. Il fallut donc trouver une justification. Les théologiens (les scribes) eurent tôt fait de découvrir une position simpliste et confortable en décrétant l’impossibilité pour l’homme de comprendre ce que Dieu fabrique. Incompréhension, disent-ils, directement liées aux conséquences du péché originel. Comme le « péché originel » est pour moi un mystère je n’irais pas plus loin dans les obscurités théologiques bien commodes — par sa logique aristotélicienne et sa terminologie qui emberlificote — pour noyer des bancs de poissons tout entiers.
Un fait est certain : tout le monde n’est pas logé à la même enseigne à propos des mystères. Les hommes peuvent les comprendre. Pour le découvrir revenons à nos classiques qui sont indéboulonnables et directs dans leurs expressions. Je veux parler des Evangiles. Pour saisir le fait dans son essence il suffit de se référer à l’évangile de Matthieu. Au paragraphe 13 on peut lire (verset 10) :
« Les disciples s’approchèrent et lui dirent : « pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » Il répondit : « A vous il est donné de connaitre les mystères du royaume des cieux, mais à eux cela n’est pas donné. »
Là nous avons une aiguille sous roche. Les théologiens n’ont pas tout dit puisque ce seul texte prouve que les mystères peuvent êtres compris par certains hommes, ici les disciples du Christ. Donc le message est clair : « soyez les disciples du Christ et vous comprendrez les mystères ! »
Ouvrez le vénérable Dictionnaire du Foyer Catholique (Editions Librairies des Champs Elysées, Paris 1956) au mot « Mystère ». On vous raconte l’histoire de saint Augustin :
« Saint Augustin se promenait un jour sur une plage tout préoccupé du mystère de la Trinité dont il tentait d’explorer les profondeurs pour les exposer dans l’ouvrage qu’il composait alors sur ce sujet, lorsque son attention fut attirée par un petit enfant qui faisait constamment le va-et-vient entre le et un petit trou qu’il avait creusé dans le sable ; il transportait une coquille qu’il remplissait d’eau de mer et déversait ensuite dans ce petit trou. « Que fais-tu là, mon enfant ? demanda Augustin. — J’essaye de vider la mer pour la verser dans ce trou. — Mais ce trou est bien trop petit et la mer bien trop grande. — N’est-il pas plus impossible encore, répondit l’enfant, de faire entrer dans votre esprit le mystère de la sainte Trinité ? »
Les auteurs de cet ouvrage concluent à la limitation de l’intelligence humaine pour saisir la profondeur des mystères :
« Cette anecdote insiste sur la disproportion qui existe entre le mystère vérité divine que nous a communique la Révélation, et l’intelligence humaine qui dans toute sa grandeur, reste celle d’un être fini, donc limité, donc incapable d’embrasser l’infini. »
L’interprétation ne manque pas de rapidité (l’Homme est-il réellement un être fini ?) et ne considère pas l’image, son symbole, qui est pourtant profondément significatif. Saint Augustin lui-même ne pouvait saisir cette évidence en qualité d’intello, et donc (excusez mon manque de déférence) de « roitelet » de la patristique.
Le message est en réalité le suivant, oui ta raison ne peut saisir actuellement le mystère de la sainte trinité, comme celui de l’Incarnation et de la rédemption. Regarde-moi (et vois) et tu auras la solution pour parvenir à comprendre.
Pour cela tu dois être petit très petit, que dis-je rien, zéro. Alors tu pourras accéder, comme les apôtres, à cette compréhension, tu possèderas la connaissance ne nécessitant plus la croyance.
En d’autre terme saint Augustin, cet évêque d’Hippone (Afrique), ce docteur et « père » de l’Eglise bardé de « connaissances » était trop grand pour comprendre !
A chacun de saisir le sens de cette grandeur… et celui de la réelle petitesse. Le problème fondamental des mystères est là ainsi que celui des sciences sacrées, et cet art sacerdotal comme l’alchimie dont nous verrons la promiscuité puisque dans ce cas il s’agit des mystères de la création étroitement lié à celui de l’Incarnation. Mystères inséparables de ceux de la nature… « Allez évangéliser la création toute entière » dit le Christ à ses apôtres. (Marc XVI, 15)
Certains ne manqueront pas de demander : comment savoir si l’on est petit ?
Il est des attitudes caractéristiques comme celles associées au pardon. On peut presque dire que la capacité de pardonner est inversement proportionnelle à la grandeur. Plus on pardonne facilement et du fond du cœur, plus on est petit.
Cet article n’étant pas un cours de savoir vivre et encore moins un catéchisme, je m’arrêterais là. Certains me reprochent d’être un donneur de leçon, alors comprenez ma réserve.
J’ai souvent dit que l’homme était pourvu d’un cerveau extraordinaire, ce qui me fait dire que l’être humain n’est pas un être fini incapable d’embrasser l’infini.
Ce qui nous relie à l’infinie n’est évidemment pas notre intellect rationnel, matérialiste, celui que revendique Cavanna comme étant dépositaire de la vérité drapée de laïcité. Ce cerveau rationnel ne représente, en fait, que 10% de notre intelligence. Il réside essentiellement dans les rouages de notre encéphale cérébral gauche.
En d’autres termes nous possédons le support physiologique nécessaire pour dialoguer avec l’infini. Cependant il ne peut fonctionner normalement car nous sommes trop « grands ». Oui, nous sommes bouchés ! Je ne vais tout de même pas vous mettre les points sur les « i » en disant que cet indécrottable bouchon en ciment est l’ego ? J’entends d’ici les discours aussi concave que stériles de nos spiritualistes bavards prônant la nécessité de maitriser l’égo comme ils le font eux-mêmes ces cuistres, au gigantisme incommensurable, sous le couvert de leur fausse modestie.
Je ne vais évidemment par réécrire ici mon livre Holoscopie de la spiritualité occidentale. Mais accéder à la connaissance nécessite d’abord, vous l’avez compris, la recherche de l’attitude juste au point de mesurer la porté des paroles et des actes.
Cette attitude est à l’origine d’un fait très particulier qui, généralement, n’éveille pas l’attention : notre chemin de vie est pourvu de « panneaux de signalisations », notre attention est spontanément en éveil lorsque des risques apparaissent, alors qu’avant d’avoir franchi cette étape non nous laissions souvent surprendre, car insuffisamment concernés et donc endormis et somnambules.
Quand ces « panneaux de signalisations » apparaissent c’est le signe qu’une étape capitale est franchie, que l’on ne vit plus par et pour la simple « morale ».
Cela signifie que l’être est inscrit sur le « livre de vie » car il est réellement vivant, il mérite de vivre car cela en vaut la peine. C’est cela la véritable Vigilance… Cette prise de conscience est le premier pas vers la connaissance. En effet, nous commençons à nous connaître nous-mêmes sans être passé sur le divan d’un psy. C’est déjà un timide déblocage de l’une de nos capacités non rationnelles nous mettant en harmonie avec les puissances universelles.
Disons, en guise de conclusion, qu’il existe aussi un « livre de mort » dont il n’est pas question ici de développer le sens mais dont le seul nom est suffisamment expressif.
Evidemment, et cela se conçoit aisément, la sélection de « ceux qui en valent la peine » se fera en fonction de l’inscription sur le livre de vie.
Par ailleurs je ne suis pas convaincu que la bousculade géante et musclée des élus vêtus de blanc (du 21 décembre de cette année), qui devrait se dérouler à l’entrée d’un OVNI stationné à Bugarach (pour sauver la fleur de l’humanité) soit un mode de sélection crédible. L’avenir proche nous le dira !
Avec toute mon amitié.