Il s'agit ici d'Initiation christique, de lien entre le christianisme initiatique ancien et les différents courants de la mystique permettant une fructueuse transformation de la pensée(métanoïa) pratiquée par les alchimistes. Des sujets divers sont abordés : Spiritualité, initiation, alchimie, cabale, mythologie, symbolisme...
© L. G. 2009, pour tous les articles de ce blog. Pour cet article illustrations en couleur Wikipédia.
Soyons clair, le chapitre suivant ne fait pas partie du résumé de ma future conférence, c’est un jeu de vilain qui survient chez moi par crises épisodiques. Puissiez-vous me pardonner deux fautes graves. La première qui consiste à introduire un sujet sérieux par une plaisanterie, la seconde mon langage assez peu protocolaire pour les puristes.
Discours désabusé d’un dinosaure aux grenouilles enflées.
Mes chers amis, j’ai coutume de dire que je suis un dinosaure enfermé au fond d’un placard. Je fais de mon mieux pour que l’horizon de ma vie ne se borne pas à celui d’un écran d’ordinateur. J’essaye d’élargir mon domaine en faisant sauter de temps en temps l’une des neuf étagères de mon réduit à balais. Aussi, c’est avec joie que j’accepte périodiquement de préparer une conférence. C’est pour moi l’occasion de voir des têtes de tous les calibres où se manifeste la vie de différentes manières. Il en est comme dans mon courrier, des jaloux, des contents des heureux. Je les accepte tous car ils sont la vie, la beauté de la vie, sa bêtise incarnée aussi. Rassurez-vous je ne me mets pas au dessus du panier. Je n’ai pas du sang bleu comme celui de certains mollusques pourvus en vanadium au lieu de fer et je présume que les aristocrates de toutes les époques ne pouvaient pas travailler avec du sang azur de pareille origine.
Dans mon placard les bruits du monde me parviennent lointains et j’ai parfois l’impression qu’il s’agit d’un sacré cirque. Dans tous les domaines, ils se racontent des balivernes pour faire briller les yeux des autres et se faire mousser. La mousse est telle qu’elle fait sauter le bouchon comme celui d’une bouteille de champagne. Et oui, ils finissent par perdre la tête, ce que traduit à sa manière désobligeante ma concierge qui dit à qui veut l’entendre : « ils deviennent aussi c… qu’une valise sans poignée ». Il faut dire qu’elle en voit passer de tous les calibres dans sa « loge » ma veuve gardienne ! Franchement ce n’est pas de la haute philosophie, mais ça veut dire ce que ça veut dire. À force d’inventer des paradigmes plus délirants les uns que les autres on finit par perdre de vue les axiomes. On en rajoute avec des anglicismes débile style Free-lance qui remplace le simple mot indépendant, on en perd totalement les pédales et un dinosaure comme moi qui ne connaît pas un traître mot d’anglais est projeté dans un monde qui perd son identité. Je préfère encore le langage des ados avec leur SMS. La phonétique de notre langue a le mérite d’être vectrice de messages sensé et même spirituel. Celui de nos bellâtres rigolos qui vous regardent avec mépris car vous utilisez le mot guide, conseiller, entraîneur ou nautonier à la place de coach. Cette fleur de bêtise qui vous parle la bouche en oviducte avec une emphase idiote me stupéfie ! Cela suffit pour comprendre pourquoi notre économie s’est effondrée. Les phénomènes sociaux ne sont que le reflet de la superficialité confondante de chacun de nous. Quand règne l’esbroufe et le vent on récolte la tempête, et ça commence à chauffer dans tous les sens du terme !
Heureusement qu’aucun coach en alchimie n’a pu ouvrir mon placard. S’il l’avait fais, il aurait eu droit au frisson de la mort comme dans le film Parc du jurassique. Dois-je vous confesser que je lui aurais mordu le derrière férocement, pour l’humilier dans sa bêtise affectée, le cuistre ! Coach, coach…seules les grenouilles savent de quel gargarisme il s’agit. Dans notre société grégaire, c’est la mode du franglais. Notre troupeau est coaché par l’individu alpha. « Dites, vous m’avez regardé ? J’avais bien la bouche en cul-de-poule quand j’ai dit coaché ? »
Toutes bonnes intentions ont une fin, la récréation est finie. Maintenant que vous avez bien rigolé, car rire est nécessaire pour une bonne santé, c’est une autre page qui se tourne. Je vais être sérieux comme un pape puisque je vais vous parler d’alchimie, d’Ordre du Temple et d’histoire en général où le graal est omniprésent. Ce qui suit est la préparation d’une conférence pour mes grands amis Belges. Cela leur évitera de prendre des notes et d’être un peu plus attentif au langage non verbal.
C’est quoi le Graal ?
Le célèbre livre Perceval où Le roman du Graal de Chrétien de Troye
(1135-1183) fut écrit en 1180 sur la demande de Marie de Champagne (fille d’Aliénor d’Aquitaine et du roi de France Louis VII), dont le fils Henri II (1166-1197), fut roi de
Jérusalem.
Aliénor d'Aquitaine femme lettrée qui protégea, avec sa fille Marie de Champagne, Chrétien de Troyes er
Robert de Boron. Marie commanda au poète Chrétien de Troye la queste du Graal. Remarquons qu'Aliénor fut d'abord reine de France puis reine d'Angletaire, ce qui explique peut-être
que la queste du Graal ait traversé le chanel.
L’histoire –
romancée pour satisfaire aux cours lettrée d'Aliénor et de Marie,– se déroule en Bretagne
et l’auteur dit avoir trouvé son sujet dans un livre mystérieux que de nombreux historiens s’acharneront ensuite à identifier. Ce livre, Wolfram von Eschenbach (1170-1220) l’a
trouvé.
Miniature du templier souabe Wolfram von Eschenbach.
Quand j'ai vu cette illustration les oreille de Wolfram on eu le don d'éveiller mon illarité. Jusqu'au moment ou j'ai compris que notre illustre chevallier voulait
attirer l'attention sur la phonétique cabalistique.
Wolfram d’Eschenbach, était un Templier allemand que l’on appelait le Templier Souabe, originaire de la région qui vit naître, en 1193, Albert le Grand, comte de Bollstädt, alchimiste
de l’école de Montpellier, maître de st Thomas d’Aquin et évêque de Ratisbonne. Wolfram reprit le sujet, en 1207, soit 27 ans après Chrétien de Troyes, Son œuvre maîtresse est Perceval. Il semble que notre Templier allemand ait puisé, aux mêmes sources que son prédécesseur, ce qui lui fait affirmer que ces drames correspondent à une
réalité historique. Pour lui ces évènements ne se déroulent pas en Bretagne, mais dans le midi de la France. Cette particularité fut mise en évidence en 1979 par Paulette Duval qui relève dans l'histoire des expressions d'origine espagnoles (La pensée alchimique
et le conte du Graal. Edition Honoré Champion, Paris 1979)
Cette particularité ne surprend pas quand on sait que Perceval fut, d’après certains textes, couronné Roi Pécheur gardien du Graal dans la cité du roi en Corbière. Et nous savons que Corbière, près de la Méditerranée, est très réellement un lieu montagneux méridional chargé de mystères, où résidait le centre initiatique, pré chrétien, des corbeaux. Il n’est donc pas anodin de remarquer que le nom de Wolfram est composé de wolf, qui signifie loup en langue germanique et de hramm qui a le sens de corbeau. Dans cette région des Corbières ou se trouve Narbonne et Carcassonne, le vicomte de Carcassonne, ville sise aux pieds du massif, s’appelait Trencavel, ce qui en langue occitane signifie exactement Perceval.
Il existe deux descriptions du Graal : une coupe et une pierre.
La coupe est le graal pour Chrétien de Troyes.
La pierre est le graal pour Wolffram d’Eschenbach.
Et Wolffram fait le lien entre le graal et les Templiers. Mieux, pour lui les templiers sont les gardiens du Graal. Voici ce qu’il écrit :
« je connais bien le Graal. Il est défendu à Montsalvage parent de braves et nombreux Templiers qui souvent s'éloignent pour courir les aventures...
Ils forment une troupe redoutable. Ils ont un mode particuliers de se nourrir que je dois vous apprendre ; leurs vivres proviennent d'une pierre, dont la nature est incorruptible et qui ce nombre lapis exillis. C'est par la vertu de cette pierre que le Phénix se consume et renaît de ses cendres, oui, le Phénix jette sa dépouille aux Flammes et, revêtu de plumes étincelantes, en sort plus beau qu'auparavant. Point de malade et elle empêche également la vieillesse.
Cette pierre se nomme aussi le Graal. »
Toutes ces qualités du bétyle appelé lapis exillis (petite pierre ou encore pierre d’exil) correspondent à celles de la pierre
philosophale, exilée d’un autre espace. Et des termes tel le phénix, cet oiseau imaginaire au corps écarlate renaissant de ses cendres, sont
couramment employés en alchimie. Fréquemment cet oiseau figure dans les frontispices des livres d’adeptes de cet art.
Gravure du phénix, XIXe siècle.
Remarquons que le mot phénix est synonyme de cinabre et aussi conséquemment de vermillon issu du cinabre, car le mot grec phoinix signifie rouge. Il faut dire en passant que les rubriques
écrites en vermillon dans le missel, reposant sur l’autel de l’église chrétienne latines, ont aussi le sens de résurrection.
De cela il faut en conclure que le sang du Christ coagulé (coagula alchimique) recueilli dans sa coupe est le graal. Si l’on voit le contenant, le graal est la coupe. Si l’on voit le contenu le graal est la Pierre rouge. Il n’y a donc pas d’incompatibilité entre les deux définitions. Cela est d’autant plus évident puisqu’il ne peut exister de graal-pierre sans le vase comme il ne peut exister de graal-vase sans la pierre. L’alchimie le démontre, lorsque la Pierre naît dans la verrerie ou vaisseau ou vaissel qui tangue violemment sous la poussée des vagues de la mer rouge.
Illustration du Roman du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table ronde d'Alfred W
Pollard, 1917.
Si les templiers gardent la pierre, probablement contenue dans un vaisseau ou coupe, c’est que les techniques de fabrication et la dimension
spirituelle qui accompagnent sa fabrication étaient transmises par le grand maître au sein de l’enseignement de l’Ordre du Temple. De ce fait Wolfram von Eschenbach savait de quoi il parlait et
le dit quand il assimile les gardiens du Graal aux Templiers dépositaire d’une connaissance plusieurs fois millénaire.
Origine de la connaissance alchimique des Templiers.
Tout à commencé un siècle avant que ne paraisse les textes de Chrétien de Troyes, en 1118, au moment ou le roi Baudoin II de Jérusalem pactise avec l’Ismaélien Aboul-Fawa et échange Tyr contre Damas.
Baudoin II, cousin de Baudoin I, donne aux pauvres chevaliers du christ une maison proche du temple de Salomon, d’où leur nom de Templier.
Cette entente entre l’islam et la chrétienté ne peut se comprendre que si l’on connaît mieux l’ismaélisme d'où sont issus les fatimides.
1 L’ismaélisme.
L’Ismaélisme est un mouvement révolutionnaire islamique dont la chrétienté actuelle aurait bien besoin. Il est né au milieu du VIIIe siècle, fondé sur le principe de l’imama, c'est-à-dire sur la reconnaissance de l’autorité d’un chef non élu, mais désigné par son prédécesseur.
Ce mouvement religieux est issu des Chiites en 765. Le calife est choisi parmi les descendants d’Ali, cousin et gendre de Mahomet.
Leur philosophie était un hymne à la tolérance préconisant une pluralité de voies pour accéder au salut.
Ce qui nous intéresse ici c’est la réforme sur laquelle il repose et qui consiste à faire triompher l’Esprit sur la Lettre et la vérité sur la loi.
Dans le domaine intellectuel l’Ismaélisme libère l'esprit de tous ce qui pourrait lui faire obstacle ou le conditionner.
Cette réforme s'exprime aussi par l'élévation de la fois et de la pensée à un niveau tel que disparaissent toutes oppositions entre l'une et l'autre et qu'elle deviennent alors complémentaires dans la poursuite du même but : l'intégration complète de l'homme à l'existence. Sur le plan politique et social, ce mouvement réformateur lutte pour mettre en œuvre l'égalité et la justice, au profit de tous ceux qui vivent dans la société islamique, qu'ils soient arabes ou non arabes, musulmans ou non musulmans.
Durant le califat fâtimide, les Ismaéliens acceptèrent dans leur administration toutes personnes choisies selon le mérite et la compétence. Ainsi les membres des autres obédiences de l'Islâm ainsi que les Juifs et les Chrétiens étaient admis aux plus hautes fonctions.
En 1004 le sixième calife fatimide Al-Hakim bi-Amr Allah fonde au Caire la Maison de la sagesse, Dâr al-Hikma, dans laquelle sera favorisée l’étude des sciences hellénistique. Juristes, médecins, astronomes, astrologues, mathématiciens et alchimistes fréquentent son importante bibliothèque. Si l’on considère toute la période fâtimide dans son ensemble, on doit souligner que Musulmans, Juifs, et Chrétiens ont vécu paisiblement et ont travaillé ensemble.
Ces lieux sont des sortes d'universités[5], dans la lignée de la bibliothèque d'Alexandrie de l'Époque hellénistique.
À partir de 1060, le territoire des fâtimides se réduisit jusqu'à ne plus comprendre que l'Égypte.
Il est aisé de découvrir d’où provient cette connaissance des Fatimides.
2 De la bibliothèque d’Alexandrie aux Maisons de la Sagesse
Alexandrie, l’an 332 avant JC. Le roi d’Égypte Ptolémé construit une gigantesque bibliothèque à Alexandrie contenant tout ce que la terre peut livrer de document dans tous les secteurs de la connaissance. En ce lieu se réunissent pour enseigner tous les plus grands savants du monde connu.
L’importance de la bibliothèque est telle que plusieurs centres verront le jour dans des localités du delta éloignées de plusieurs kilomètres. Ces centres posséderont des copistes pour dupliquer les documents de la grande bibliothèque. Ils deviendront à leur tour d’importants centres ou enseigneront des maîtres. C’est dans l’un d’eux que Bolos Démocritos enseigna l’alchimie en 144 avant JC. Il aurait écrit un livre Physika kai Mustica, qui est probablement le premier livre d’alchimie.
Les Fatimides qui règneront plus tard sur l’Afrique du Nord de 910 à 969 chez les Berbères (ce qui explique leur actuel rejet par les musulmans algériens) devinrent maître de l’Égypte de 969 à 1171, où ils fondent le Caire. Dans cette ville le calife fatimide Al-Hâkil fonde une maison de la sagesse. Ils eurent à leur disposition un véritable duplicata de la bibliothèque d’Alexandrie qui avait brûlé, mais dont les documents, ou leur reproduction, n’avaient pas disparu dans les agglomérations situées à la lointaine périphérie de la capitale.
Les maisons de la sagesse (en arabe بيت الحكمة, transcrit par Dâr al-Hikma, Bayt al-Hikma ou Beit Al-Hikma) étaient donc des hauts-lieux du savoir puisé dans les plus anciennes connaissances. Dès le VIIIe siècle La maîtrise de la fabrication du papier permis de rédiger de nombreux livres que l’on trouve par milliers, encore de nos jours, dans des châteaux du désert, notamment en Mauritanie. Fort heureusement, la communauté européenne se préoccupe actuellement de leur sauvegarde.
3 Les maisons de la sagesse et le savoir des Templiers.
Les juifs et les Templiers fréquentèrent les maisons de la Sagesse. Les « cadres » de l’Ordre furent formés non seulement à l’alchimie, mais aussi à la spiritualité fondamentale qui n’a pas de frontières religieuses. C’est probablement là qu’ils connurent l’existence de l’Amérique.
Au sein de l’Ordre l’alchimie se transmettait en sept degrés, comme le dit fort clairement Johann Valentin Andreae (1586-1654) en ses Noces chymiques de Chritian Rose-Croix., en ses sept jours constituants chacun un chapitre du livre.
Chez les Templiers, les futurs alchimistes étaient formés par les maîtres de commanderies.
La dimension spirituelle prenait tous son sens universel indépendant de tous préceptes religieux. Il était capital que l’alchimiste soit prêt au moment de la mondification, ou création des mondes. Sans cette préparation le risque est grand de sombrer dans la folie. Il ne s’agit par là d’un effet d’annonce mélodramatique. En effet, ce moment crucial de la naissance des mondes tournant sur eux-mêmes (roue-bis) est celui où l’adepte devient la matière qu’il œuvre. On appelle cela les noces chimiques. Christian Rose-croix s’en est fait l’écho dans son livre Les noces chymiques. divisées en sept étapes correspondant aux sept degrés de formations dont je viens de parler. Ce sont ces noces qui inspirèrent les troubadours et leurs cours d’amour.
Cette fusion nécessite d’abord un amoindrissement considérable de l’ego et surtout une prise de conscience génératrice de notre métamorphose provoquant la paix de l’âme vis-à-vis de nos inévitables transgressions. Les Orientaux diraient que le karma dans ce qu’il a de nécessaires rachats est vécu ici et maintenant dans le creuset d’une âme en plein bouleversement. Dans un certain sens c’est déjà l’œuvre au blanc. Ce n’est qu’à cette condition que la conscience peut être enlevée pour le voyage initiatique fondamental qui n’a rien de folklorique et rien de cérémonieux dans quelques temple secret truffé de symboles qu’ils soient fondamentaux ou non.
La quasi-totalité des sociétés dites initiatiques ne font que singer (excusez ma dureté) le voyage initiatique réel dont elles ont perdu jusqu’aux notions les plus élémentaires concernant la mystique.
Il est donc possible de juger si un alchimiste l’est réellement dans son attitude dans la vie. Il est bien évident qu’un violent, revendicateur, médisant etc, imbu de ses connaissances et dépositaire de la vérité jusqu’à devenir gourou est, pour employer la terminologie de ma technicienne de surface, « à côté de la plaque. » Les « alchimistes » fous ou délirants abondent, j’en connais. Si certains parviennent à se ressaisir, et je les applaudis du fond du cœur, je pense en particulier à Jean Laplace qui fut un moment hypnotisé par l’aigle universitaire. Malheureusement beaucoup d’autres sombrent corps et biens.
Quant un adepte vous affirme « mon heure est venue afin de révéler la vérité » vous pouvez dire que le
bonhomme est complètement sonné. Les tentatives réitérées de la sublimation ou se consomment des noces chymiques systématiquement ratées, les précipitent progressivement dans l’abîme car il ne
sont pas prêts et n’obtiennent que le rire homérique des dieux.
Johann Valentin Andreae a publié en 1616 à Strasbourg Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz.
Christian Rose Croix le spécifie en son premier jour de noces chymiques :
« Prend garde à toi,
Examine-toi toi-même ;
Si tu ne t’es pas purifié assidûment
Les noces te feront dommage.
Malheur à qui s’attarde ici-bas.
Que celui qui est trop léger s’abstienne. »
4 Que s’est-il donc passé chez ceux qui perdent la raison ?
La mondification est le moment crucial où la conscience de l’être est aspirée vers le haut. Suivre le courant ascendant n’est pas une mince affaire. Christian Rose-croix en donne une image avec une corde à laquelle il faut s’accrocher :
« On descendra une corde : celui que s’y suspendra, sera délivré. »
À peine eut-elle achevé ce discours, que la vieille dame ordonna à ses serviteurs de lancer la corde dans la tour à sept reprises et de la ramener avec ceux qui auront pu la saisir. »
Toute la difficulté réside à saisir la corde et à rester accroché pour que les forces supérieures puissent nous hisser jusqu’au sommet.
Évidemment il s’agit là du symbole de la verticalité de l’être. Mais son sens n’est pas théorique puisque c’est la réussite de cette épreuve de « sublimation », quand le « résidu stérile » ou compost retombe, qui conditionne la réussite du Grand Œuvre. On ne peut saisir toute l’importance de cette phase ascensionnelle si on ignore le sens des neuf hiérarchies spirituelles et par la même occasion notre aventure consciente post mortem.
C’est pour souligner cette extraordinaire dimension que Violet Leduc a fait figurer l’alchimie à l’entrée de la cathédrale de Notre Dame de Paris. Assise sur son cathèdre et tenant une échelle à neuf barreaux, elle délivre deux puissants messages. D’abord que l’évêque peut être une femme, comme dans l’Église des Gaules et ensuite que tout alchimiste doit connaître les neuf étapes du Grand Œuvre. La réussite n’est totale que lorsque l’adepte, propulsé par le feu de la sublimation, monte les échelons de l’échelle, c'est-à-dire est suffisamment pur pour rencontrer une à une les neuf hiérarchies céleste dont la plus basse est celle des anges et celle qui la précède les Archanges, et un échelon plus haut les Archées... J’ai déjà parlé de ces neuf hiérarchies que l’on retrouve dans les neuf carrés du corporal, ou linge blanc, sur lequel le prêtre posait l’hostie quand il célébrait avant 1968 le sacrifice eucharistique (messe). Une telle rencontre ne se fait, comme je l’ai dit, que post mortel, mais ici, c’est avec les yeux ouverts que l’adepte monte à l’échelle.
Petit aparté, l’épée excalibur du roi Arthur a le même sens cabalistique que celui d’échelle, contraction du mot « escalier » et « pur » avec reversement – comme celui de la boule – du b en p. C’est ainsi que la boule est devenue poule. Cela donna naissance à la haute lignée des Hautpouls sise dans les Corbières et dépositaire des secrets de Rennes le Château étroitement liée à l’initiation des corbeaux et à celle de l’alchimie.
Quant à cette ascension dans les sphères célestes, je n’ai pas de texte à soumettre à votre jugement, mais seulement la
dernière gravure du Mutus liber, ou livre muet, ce livre d’image relatant par des planches toutes les étapes du Grand Œuvre. La quinzième et dernière a le même sens que la quinzième et dernière station du chemin de croix des églises qui se fait face à Dieu, devant l’autel. Pour les
puristes, l’échelle devenue inutile et couchée à terre est pourvue de 11 barreaux au lieu de neuf car dans ce livre sont pris en considération les deux étapes du hors d’œuvre (d’où le terme
culinaire puisque l’alchimie est une « cuisine »). La première est la fabrication du sel et la dernière la projection qui provoque la transmutation, nécessaire à la préparation
d’élixirs.
Dans cette planche deux phylactères portent chacun la même inscription (inscription bissée donc à double sens) : Oculatus abis, c’est à dire « tu t’en vas clairvoyant. ». J’invite le lecteur à lire cette inscription « l’œil d’Apis », dieu égyptien qui porte le soleil entre ses cornes et réside à Memphis. De même l’anagramme de l’auteur Jacobus Sulat marque la signature du Sieur des Marez.
Je m’égare un peu puisque mon but n’est pas de commenter le Mutus Liber, si bien réalisé, depuis des lustres, par Eugène Canseliet, F. C. H. qui continu à apprendre dans la lumière glorieuse de la bienfaisante éternité.
Quand l’adepte revient de ses neufs étapes, sa besace n’est pas vide. Il est devenu Adepte (avec un A majuscule) et ne peut que quitter l’endroit où il vivait, car sa divinisation est accomplie.
Rêvons un peu. On peut dire que certains templiers sont parmi nous. Vous pouvez les croiser dans la rue. Mais ils se gardent bien de s’intégrer à une société initiatique. Ils sont des électrons libres aidant celles et ceux qui sont réellement avides d’avancer. Fort heureusement pour eux, il n’y en a pas beaucoup, et de ce fait le coach free-lance a un bizness cool ! ! !
Des maisons de la sagesse à la papauté d’Avignon et à Montpellier.
En 1314, la fin tragique de l’Ordre du Temple n’a pas affecté la transmission des connaissances issues de la Bibliothèque d’Alexandrie et des Maisons de la Sagesse. La liberté de l’esprit se paye toujours très cher. Les cathares le savent. Les Fatimides le savent aussi qui sont encore persécutés par les intégristes musulmans algériens jusque dans leur réminiscence en basse Kabylie au pays des Berbères.
Donc, l’Ordre du Temple fut persécuté, torturé, brûlé… Cependant beaucoup se réfugièrent dans d’autres Ordres religieux ou s’exilèrent notamment en Allemagne, Espagne ou Angleterre. Ces proscrits, détenteurs de la connaissance des sciences spirituelles cherchèrent à transmettre leur savoir. C’était leur devoir sacré, même si la difficulté paraissait très dangereuse. En effet, ceux qui s’étaient intégrés à d’autres ordres religieux ne pouvaient transmettre leur savoir car lié par les règles de leur communauté d’adoption. Épisodiquement quelque moinillon recevait une formation dans le laboratoire d’une pharmacie-infirmerie du monastère. C’est probablement de cette lignée qu’est issu en Allemagne le célèbre moine-alchimiste Bazille Valentin. Le laboratoire dans l’oratoire était pour eux une extraordinaire opportunité qui ne pouvait qu’engendrer des Adeptes dignes de ce nom. Cependant la lignée de transmission restait difficile à perpétuer. Ce rôle vital, essentiel, reposait donc sur les épaules des exilés, libres de leurs activités.
Certains se réfugièrent en Angleterre, mais le roi ne tarda pas à les traiter en bannis, de telle sorte que leurs biens et aussi leur sécurité étaient menacés. Certains se réfugièrent en Écosse. En ce lieu paisible les dépositaires de la connaissance alchimique (un était docteur ès alchimie) purent faire le point sur leurs savoirs et éventuellement compléter celui de leurs compagnons d’infortune. Ces échanges durèrent plusieurs mois. Ainsi, dans cette école écossaise, se forma un groupe de 25 chevaliers dépositaire d’une solide connaissance des sciences spirituelles et alchimiques héritées de l’Égypte antique, des Grecs d’Alexandrie et des Ismaéliens Fatimides du Caire et d’ailleurs. En 1317 le groupe d’alchimiste décida de revenir en France sous le nom de Frères aînés de la Rose+Croix. Ce nom marquait leur origine qui était celle de la Fille aînée de l’Église ou Église des Gaules (Église Gallicane ancienne) et celle des mystiques Roses+Croix dépositaires des sciences spirituelles et de l’alchimie.
Leur mission fut de perpétuer la connaissance mystique et alchimique. Donc il ne fut pas question de restaurer l’Ordre du Temple, mais de pérenniser les connaissances templières sans se rallier à des groupements portant l’étiquette de Templiers ou de Rose+Croix. Très mystique, mais indigné par le comportement du pape à leur égard, ils créèrent une Église indépendante de la papauté. Ainsi naquit l’Église templière (qui existe encore de nos jours sous le nom d’Église Universelle de la Nouvelle Alliance) et dont le siège social est à Montpellier. Ils prirent comme blason celui du cardinal du Luxembourg comportant un pélican nourrissant ses trois petits. Il est encore à l’honneur actuellement.
Le 7 août 1316, JEAN XXII est élu pape à Avignon. Le 17 novembre le groupe sollicitait une audience de Sa Sainteté. À La suite de cet entrevue il les logea au palais et le souverain Pontife fut formé à l’alchimie. Le groupe garda son rôle d’enseignant et leur Église persista, ce qui ne manque pas de paradoxe.
Le groupe quitta Avignon 1333, et s’installa dans le Var dans la commanderie templière de Montfort-sur-Argens. Ils quittèrent la commanderie en 1334, et se séparèrent pour perpétuer leur mission.
À La suite de quoi des imperators se succédèrent à la tête de l’Ordre jusqu’à nos jours.
Salut dinosaurien tonitruant à tous ceux qui eurent le courage de lire la présente.
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