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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 15:29

Je suis débordé et de ce fait j'ai mauvaise conscienc de laisser dormir mon blog. J'ai pensé que je pourrais soumettre à votre jugement un texte que j'ai en chantier pour présenter un fascicule sur l'alchimie à Montpellier. Cet ouvrage fera suite à celui consacré à la place royale et solaire du Peyrou.

Si, dans la ville de Montpellier, la place royale du Peyrou est, globalement, un ensemble architectural homogène construit sensiblement au même moment il peut, de ce fait, être traité comme un tout. Il n’en est plus de même pour les étapes suivantes de la balade alchimique à travers la cité ou chaque symbole est différent dans sa facture puisque les représentations architecturales ne sont pas toujours de la même époque.

Le moment de la mise en place de chaque allégorie est parfois séparé d’un siècle ou deux. Quoi qu’il en soit, même si leur style est très différent leur sens resté inchangé.

Ainsi allons-nous d’une facture figurative à une autre des plus abstraite. Un œuf peut, par exemple, être aussi bien un œuf de poule en relief, comme sur la façade d’un immeuble de la place de la Comédie, qu’une simple ellipse comme celle qui est tracée sur le sol de cette même place ou encore c’est une voûte très bombée telle la forme du dôme qui coiffait le château d’eau du Peyrou avant que les révolutionnaires ne la démolisse.

Un glissement de sens s’opère souvent puisque l’œuf est inséparable de la coquille, c’est pourquoi celle des bivalves marines comme les Pecten jacobeus (coquille saint Jacques) vont orner certains linteaux qui portent le dôme ovoïde du château d’eau. Cela explique aussi que le désir de perpétuer le symbole de l’œuf a favorisé la conservation, depuis le XVIIe siècle, de la trompe ou coquille de l’hôtel de Sarret, à l’angle de la rue du palais des Guilhem et celle de la coquille.

J’ouvre une parenthèse car il faut s’entendre sur la signification du mot symbole qui est polysémique et de ce fait ne saurait être compris uniquement dans la seule perspective matérialiste c’est-à-dire sous le seul angle de la spéculation abstraites ou celui de l’analyse psycho-spirituelle.

En alchimie la symbolique est non seulement liée à l’être mais c’est aussi une traduction analogique des phénomènes observés au laboratoire. Cela est évidemment déroutant pour beaucoup, c’est une raison pour l’aborder ici.

Dans le corpus alchimique trois sens se télescopent : celui de la connaissance théorique du grand Œuvre au laboratoire, avec sa terminologie particulière. Puis celui de la dimension spirituelle inséparable du laboratoire, ce qui est difficile à saisir pour beaucoup. Pourtant, cette spiritualité est extrêmement puissante, concrète et agissante, car liée à une observation directe et transcendantale, diraient les philosophes Kantiens. C’est une perception directe de l’Esprit « mercuriel » en action dans la matière…

Cet aspect de l’observation de l’indicible est difficilement concevable pour nos contemporains car la science est incapable de l’accepter puisque sa pensée s’est altérée sous l’impérieuse pression de son « matério-centrisme » qui sous-tend sa philosophie et l’emprisonne dans une manière de voir. Quant à la religion, elle l’a condamné pour mise en péril de son interprétation du christianisme et surtout du véritable sens du Saint Esprit.

En un mot l’alchimie est une science siégeant à l’interface de toutes causes côtoyant de ce fait le sacré. Et cette interface ne se découvre pas en lisant un livre ou en méditant de toutes les façons possibles. En conséquence, cet art sacerdotal s’avère, spirituellement parlant, plus chrétien plus œcuménique (comme le furent les musulmans fatimides et les Ismaéliens) que le christianisme actuel… C’est cet œcuménique mystique lié à l’alchimie que s’est efforcé de montrer l’alchimiste médecin de l’Université de Montpellier Pierre-Jean Fabre (1588-1658) en son livre l’Alchimiste chrétien (1632). En démontrant la dimension chrétienne de l’alchimie, il en aborde l’universalité au-delà de l’œuvre des législateurs sans pour cela les contredire. Le substrat matériel (à partir des phases du grand œuvre) de cette compréhension ne saurait avoir d’accointances avec les démonstrations discursives, émanerait-elle de théologiens chevronnés.

Il y a enfin l’oratoire qui est certes essentiel mais il n’est en réalité qu’un lieu de préparation, de sensibilisation au contact, à la confrontation, avec l’ineffable se manifestant au laboratoire.

Quant au troisième volet, c’est le « cabinet de réflexion » lequel est à l’origine de l’éveil des capacités cérébrales endormies. Opération qui se déroule grâce à diverses pratiques comme l’hésychasme, la cabale et l’exécution d’exercices physiques proches du yoga ou du qi-gong. Le but essentiel de tous ces exercices est de changer la manière de penser… ce qui n’est pas une mince affaire.

Ces trois aspects réunis font de l’alchimie un art sacerdotal lié à ce christianisme des premiers siècles qui était alimentés par des connaissances issues directement de l’enseignement du Christ et non, comme actuellement, par des croyances reposant sur des lois cléricales.

Quand nos concepts ne peuvent s’évader de l’intellectualisme lié à la pensée néo-cartésienne, ils restent alors étroitement assujettis à environ 10% de notre intelligence réelle, c’est-à-dire grosso modo aux seules capacités essentielles de notre encéphale cérébral gauche. De ce seul fait, il devient totalement impossible de saisir l’insertion de l’esprit dans la matière, sa fécondation de la matrix (matière) universelle, afin qu’elle manifeste cette vie qui caractérise toute structures végétale, animale et humaine… Je ferme cette longue parenthèse.

Les représentations alchimiques dans la ville sont très hétérogènes et ne peuvent qu’être comparées à un écho à travers le temps, d’une même sonorité.

Selon le style d’un siècle, nous aurons donc une mélodie différente qui s’adaptera à la psychologie et à la sensibilité de la population du moment.

L’usure verra des représentations disparaître, d’autres apparaître pour compléter à leur manière la partition du siècle précédent. C’est ce genre de processus que nous avons pu découvrir au Peyrou ou le quadrant solaire et les deux lions du XXe siècle se sont harmonieusement insérés dans la symbolique du XVIIIe.

Bien souvent le tout aura l’apparence d’un joyeux désordre donnant l’impression aux visiteurs que les interprétations sont incertaines et mêmes tirée par les cheveux. Cette critique est normale quand on ignore que l’analyse n’est pas diachronique et donc similaire à celle que l’on pourrait faire d’une fresque historique puisque l’on ne suit pas le fil du temps.

En effet, il s’agit en réalité du fil d’une pensée intemporelle qui se déroule comme un fil d’Ariane, indépendamment de l’histoire et des styles, pour conduire vers une connaissance et une harmonisation de l’être avec l’univers autant stellaire qu’intérieur. L’un étant inséparable de l’autre.

Certains symboles alchimiques seront si souvent présents dans les décorations qu’ils finiront par être adoptés par tous les artistes et architectes pour devenir des classiques. C’est le cas pour la coquille, si poche de l’œuf, qui signe le pèlerin se rendant à St Jacques de Compostelle et orne autant les meubles que les diverses niches abritant ou non des statues et aussi sur les chapiteaux de colonnes ou les entablements.

De même trouvons-nous la licorne autant dans la fontaine de la place de la Canourgue que dans des œuvres alchimiques comme dans la fameuse tapisserie de Bayeux ou dans le timbre de certains blasons, tel fut le cas du roi d’Angleterre Georges-Auguste II (1683-1760). Ce monarque ayant oublié, à l’instar de ses prédécesseurs, tout lien avec la symbolique alchimique. En cela il fut en accord avec l’aristocratie européenne qui renonça à sa valeur mystique intrinsèque en s’alliant politiquement avec une Église exsangue de connaissances.

PROPOS SUR L'ALCHIMIE A MONTPELLIER ET AILLEURS
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commentaires

A
pas besoin que je confirme, quand j'aime ,hé bien j'aime
Répondre
H
Merci de ne pas avoir confirmer.

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  • : Alchimie, cabale
  • : Il s'agit ici d'Initiation christique, de lien entre le christianisme initiatique ancien et les différents courants de la mystique permettant une fructueuse transformation de la pensée(métanoïa) pratiquée par les alchimistes. Des sujets divers sont abordés : Spiritualité, initiation, alchimie, cabale, mythologie, symbolisme...
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