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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 19:32

 

Quand on suit le développement de la gracieuse libellule qui enchante les rives de nos ruisseaux, on est étonné par les étapes franchies par cet insecte fragile qui volette d’herbes en herbes avec une vélocité telle qu’elle est capable de rester en l’air sur place et d’amorcer des crochets en angle droits déconcertants. Pendant tout l’été elle nous offre ces gracieux ballets féeriques d’ailes cristallines. Hélas, elle meurt dès le premier froid de l’automne et disparaît jusqu’aux beaux jours de juin ou une nouvelle génération apparaît montant des fonds sombres et vaseux. C’est cette vie obscure et carnivore, aux antipodes de la grâce qui régit,l’essentiel de son existence. Pendant cinq ans cette larve (Anax) est un prédateur redoutable pourvu d’une mâchoire (masque) qui se déplie brusquement et saisit tout ce qui passe : têtards alevins et insectes. Ce masque redoutable est appelé ainsi car il se repli sur le « visage » de l’insecte. Évidemment ce n’est pas un masque de carnaval mais un masque d’impitoyable carnivore.

Avant de devenir la grâce aérienne, nommée parfois demoiselle, elle est l’épouvante des bas-fonds. Carnassière impitoyable. Antipode, je l’ai dit, que sépare cet être sombre, après une étonnante métamorphose qui engendre l’aérienne et gracieuse libellule. Elle passe ainsi du fond sombre de la vase à l’air lumineux et grésillant des rayons solaires. C’est, dans le ciel, le ballet magnifique, mais éphémère accompagnant le chant d’été des cigales disent les poètes.

Tout cela peut rester lettre morte figée dans l’esthétique superficielle, ou le baratin des doctes, si l’on n’écoute pas la voie des vieux maîtres qui nous demandent depuis le fonds des âges d’observer la nature pour comprendre mille fois mieux que toute exégèse le sens de la vie qui se déroule au fil de multiples métamorphoses, ou genèses, qui n’épargne pas les humains.

L’éclosion au soleil d’une libellule n’est-elle pas évocatrice du processus qui se déroule lorsque nous quittons notre corps terrestre ? C’est à chacun de nous de réfléchir à cette question si nous acceptons d’être guidés par la nature, si nous acceptons de marcher sur les pas de cette grande dame qui éclaire son chemin avec son inextinguible lanterne.

Bon, je dois être clair, le problème n’est pas ce que je pense moi, mais ce que vous en déduisez vous. Si vous en faites tout un plat, vous tombez à plat, si vous percevez d’une manière insaisissable qui installe un état d’âme en vous alors vous êtes fécondé.

Mais la leçon de la magnificence (le mot n’est pas superfétatoire) de la métamorphose nous éclaire le chemin dans les méandres parfois obscurs de l’ésotérisme théorique ou mal compris risquant à tout instant de sombrer dans l’occultisme de bas étage ou dans la bêtise. En disant cela je pense à un certain Duchanteau, peintre de son état, qui, en 1786, décida de boire son urine pour provoquer sa métamorphose vers l’immortalité ou l’élaboration de la pierre philosophale en son corps intoxiqué. Il est bien mort en effet, non pas au champ d’honneur mais empoisonné par sa crédulité et l’aveuglement de ses amis Franc Maçons (de la loge Les Amis Réunis ou l’art, sous entendu l’art d’hermès ou alchimie) qui ne surent le dissuader de poursuivre une pareille expérience aussi dégoûtante que dangereuse.

metamorphose 3

Le schéma ci-dessus est celui de la métamorphose proposé par Rudolf Steiner que je trouve puissamment évocateur pas sa simplicité. À gauche la ligne représente le développement d’un être vivant qui peut être une germination. À un moment donné les forces vitales se replient sur elle-même pour voir s’amorcer un mouvement inverse créant un individu aux valeurs et structures opposées. À gauche nous avons la larve hideuse et carnassière de la libellule vivant dans les eaux sombres et la vase et à droite en sort un être aérien et gracieux diamétralement opposé.

Vous vous doutez du rapport entre la métamorphose et le fait de se débarrasser de la peau du vieil homme et de l’expression biblique : « si le grain ne meurt… ». Remarquons que cela est aussi valable pour une mort physique que pour une transformation de nos concepts qui s’orientent vers des valeurs diamétralement opposées, ce que l’on peut appeler métanoia (changement de la pensée).

Le point le plus important de ce schéma est son vide central. C’est dans ce vide que se manifestent les forces vitales de transformation puisant leur énergie constructive dans un autre espace, car dans un autre espace, non soumis à la destruction (entropie) surgissent les forces vitales de toutes gestations y compris celles de notre système solaire. Et là vous avez compris que la métamorphose se superpose à la transmutation des alchimistes. L’élément qui sort d’un autre espace pour provoquer la métamorphose de la matière vile n’est autre que la pierre philosophale. Ce qui signifie que celui qui œuvre au laboratoire doit pouvoir être assez pur pour recevoir un don d’un autre monde que les alchimistes appellent à juste titre Don de Dieu. Processus qui, dans la métamorphose, se traduit par « bond de Dieu » (d’où est restée cette expression à double sens mal comprise et mille fois répétées : « bon Dieu »). C’est en effet un « bond » totalement étranger à toute idée d’évolution dans le sens scientifique du terme.

Voilà ce qui m’a semblé pertinent de vous dire aujourd’hui surtout à ceux qui courent après une clé de la genèse ou du mystère de la pierre philosophale.

 

Que la métamorphose vous transforme en libellule… Ce sont les dames qui vont êtres contentes !

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  • : Alchimie, cabale
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