Je ne voulais pas achever l’année 2012, en ce jour du 21 décembre supposé de la fin du monde (en espérant qu’il sera le début d’un autre monde
différent de celui de notre « déshumanité ») sans parler de ce solstice d‘hiver qui se confond avec Noël.
Noël, jour de la naissance du Christ . Si nous allons en Palestine, le froid pendant la nuit est vif. Les étoiles scintillent et le monde
entier sent confusément qu’en cette nuit quelque chose, quelque chose de grand, quelque chose de mystérieux va se passer…
Il y a deux mille ans, un petit d’homme naissait et sa mère le déposait dans la crèche toute proche… Quelle étrange histoire… Oui, quelle
étrange histoire…
Marie, nous est-il dit, était sur le point d’accoucher. Joseph marchait à côté d’elle et, la nuit venue, ils ne trouvèrent point de place à
l’auberge.
Mais voici que les douleurs de l’enfantement commencent – et comme personne ne leur cédait de lit – , Marie accouche et place son premier né
dans la crèche…
Soyons attentifs à cette histoire et réfléchissons un instant sur cette phrase : « Ils ne trouvèrent point de place à
l’auberge… » Quel est l’homme au monde, fut-il le plus fruste, qui ne céderait son lit à une femme en couche ? Mieux : nous sommes en Orient, où la loi de l’hospitalité est la
première des obligations. Non, il n’est pas possible que tous ces hommes, toutes ces femmes aient été si endurcis ; il y a là, assurément un sens cahé qu’il faut découvrir.
Aucun texte ne précise que Marie se réfugie dans une étable : elle accouche et place l’enfant dans une crèche, car il n’y avait pas
de place à l’auberge, comme le dit simplement l’évangile de Luc (II,7). Les autres évangiles ne sont pas plus explicites.
Comment résoudre cette énigme ?
Pour y parvenir demandons-nous qui est Marie ? Quelle est donc cette femme extraordinaire qui va accoucher sans avoir conçu autrement que
de l’Esprit ? Aucun texte mieux que les versets 1 et 2 du chapitre XII de l’Apocalypse ne l’explique plus clairement. En voici la traduction littérale, issue du texte grec (il est dommage
que je n’ai la traduction d’André Chouraqui) dont on sait que les adaptations des différentes Bibles actuelles ne sont bien souvent que des arrangements, surtout dans les commentaires, pour
accréditer des idées préconçues et dont la TOB est un chef-d’œuvre d’infidélité que j’ai flanqué à la poubelle.
Au-delà des contresens des traducteurs de la vulgate (Bible expurgée par st Jérôme sous les ordres du Pape Damase au IVe siècle1) voici le passage qui nous intéresse :
« Il parut un grand signe dans le ciel ; une femme enceinte du soleil, avec la lune sous les pieds et sur la tête une couronne de
douze étoiles. Elle était grosse et elle criait, étant en travail, et souffrant les douleurs de l’enfantement. »
De nombreux sculpteurs du Moyen Age, de nombreux maîtres verriers nous ont montré la Vierge Marie debout sur le croissant de lune. Qu’est-ce à
dire ? Cette femme, enceinte du soleil (et non recouverte ou revêtue, ou encore enveloppée2 du soleil comme le dit pudiquement mais faussement le texte latin, provoquant ainsi un contresens regrettable dans
toutes les bibles qu’elles soient Catholiques ou Protestantes). Je dois souligner trois fois que cette femme est qualifiée de « signe dans le ciel ».
Que se passe-t-il, dans le ciel, la nuit de Noël ?
Le soleil se trouve, à ce moment-là dans le signe du Capricorne. Mais à minuit dans la nuit de Noël, le ciel étoilé nous montre le signe
opposé, soit celui du Cancer, qui culmine au firmament, accompagné du signe du Lion et du signe de la Vierge.
Ces trois signes vont donner la clé de l’énigme de cette nuit sacrée.
Dans le signe de la vierge brille la constellation du bouvier. C’est donc, près de la Vierge, le bœuf de la nativité, que conduit son maître
dont je reparlerais bientôt.
Le signe voisin est le signe du Lion, dont nous savons qu’il représente Judas. (Non pas Judas, le disciple qui trahit Jésus, mais Juda, fil de
Jacob, fondateur de la tribu de Judas, d’où est issu Joseph, père de Jésus, ainsi que le dit l’évangile de Matthieu. Le livre de la Genèse dit : Judas est un jeune lion… S’il se couche, qui
le fera lever ? 3(Genèse, XLIX,9-10)
Notons ? car cela est important, que l’Eglise primitive a placé dans le signe du Lion, de façon significative, les fêtes la Vierge (15
août) de Joachim (16 août), son père et de Anne (26 juillet) sa mère.
Voici donc Juda, le jeune lion, c’est-à-dire Joseph, à côté de la Vierge Marie et du bœuf de la Nativité. Mais la crèche, et
l’âne ?
L’âne s’y trouve également. Il y en a même deux, car l’un portera la Vierge et l’enfant, lors de la fuite en Égypte, l’autre portera le maître
triomphant, montant vers Jérusalem, en prélude au dernier acte de son passage sur terre.
Dans le signe du Cancer se trouve l'amas stellaire NGC 2632 (1000 étoiles) des ânes, dont deux étoiles, Gamma et Delta sont, précisément, les
deux ânes, l'un est dit l'âne boréal, l'autre est l'âne austral.
Ces observations permettent de saisir le sens sibyllin du veset de l’évangile de Luc (XIX, 30) : « Vous trouverez un ânon attaché que
personne n’a jamais monté. ». Il est bien attaché, en effet, et ne risque pas de quitter sa constellation ; et personne ne l’a jamais monté, et pour cause…
C’est encore cette constellation des ânes qui va nous livrer l’ultime secret de la Nativité. Elle s’appelait, chez les anciens Grecs :
Phatnè et en latin Praesepe qui signifie précisément la crèche.
Ainsi sont réunis, dans les trois signes qui brillent dans la nuit de Noël, tous les éléments de la nativité ; la Vierge céleste avec
Joseph à son côté, le bœuf et l’âne et enfin, pièce maîtresse culminant au firmament, la crèche, ou seras déposé, à minuit, Jésus, le jeune Homme-Dieu solaire, au milieu de a paille qui, dans nos
crèches actuelle, figure, déjà, les faibles rayons du soleil renaissant.
La lune étant maîtresse du signe astrologique du Cancer, où se trouve la crèche, la Vierge est bien, à ce moment, comme le dit l’Apocalypse,
« debout sur le croissant de lune et ayant autour de la tête la couronne d’étoiles. » ou les douze signes zodiacaux.
Oui, le mystère de la Nativité est un mystère à dimension cosmique dans tous les sens du terme. On ne saurait le voir avec une
mentalité terre à terre, mais il faut le lire dans le ciel.
Ce n’est pas pour rien que le Père Noël (ce messager de Dieu ou « mercure ») de nos enfants, précisément… descend du
ciel le jour où le soleil renaît, rapportant dans sa hotte inépuisable tous les bienfaits que la nature, grâce au soleil, va répandre en cadeaux sur la terre – tous
les bienfaits que le Père, grâce au fils, va répandre, par sa grâce, dans le cœur des hommes…
Sous le drame humain de la naissance de l’Homme-Dieu, se cache un enseignement hautement ésotérique ayant, à l’instar de l’alchimie, une portée
cosmique.
Dans le ciel est la fécondation de la matière, ou mère, par la lumière solaire… réfléchie par la lune.
Il est une anomalie significative dans cette crèche céleste, c'est que le Bouvier est dans la crèche, pas le boeuf. Remarquons que les
boeufs sont l'axe du monde puisque le nom de septention (septentrionne) signifie sept boeufs désignant les sept étoile de la petite ourse proche du Bouvier. Le boeuf est donc lié
autant à la crèche qu'à l'axe du monde.
Que signifie ce bouvier ? Nous allons voir que l''empereur Frédérik III de Habsbourg (1415-1493) ne l'ignorait pas et voulu s'en servir, d'une
manière quelque peu répréhensible, à ses propres fins.
Le bouvier de la crèche méridionale chantait une sorte d'hymne national prophétique profondément attaché au Languedoc.
Il répétait inlassablement le chant des labours, et cela depuis la nuit des temps non pas pour remplacer un baladeur, mais pour accompagner les
bœufs dans leurs efforts, pour leur « parler ». George Sand sut très bien comprendre « ce chant dont l’origine fut peut–être considérée comme sacrée et auquel de mystérieuses
influences ont dû être attribuées jadis » (La petite fadette). Il chantait comme un coq en répétant, en apparence, la même chose. Le bouvier du golfe du Lion Répétait donc
inlassablement les voyelles comme refrain :
« Quant le bouyé ben de laura
Planto soun agulhoado
A, E, I, O, U,
Planto soun agulhado.
Trobo sa henno al pé del foc
Triste, descounsoulado
A, E, I, O, U… (la suite de la chanson est pourvue de six refrains de voyelles supplémentaires.)
Les musicologues sont d’accord sur l’antiquité de cette mélodie parsemée d’archaïsmes. Certaines tournures permettent de la dater du XIIIe
siècle. Cette chanson était aussi chantée par les pèlerins occitans du Moyen Age se rendant à Compostelle.
Outre la dimension cabalistique, dont Artur Rimbaud a su traduire bien des aspects, cette suite des voyelles revient donc comme un
leitmotiv.
La question est pourquoi, que signifient exactement ces cinq lettres, sorte de quintessence, si nécessaires à notre langage?
A.E.I.O.U. ou AEIOU est le monogramme de la devise utilisée par les empereurs de la famille des Habsbourg. L'empereur Frédéric III, qui était
amateur de formules ésotériques, et avait l'habitude de signer de ce monogramme sa vaisselle de table, ses armoiries et ses châteaux. Frédéric III n'a pas donné la signification de cet
acrostiche, mais peu de temps avant sa mort, il aurait affirmé (rien n'est moins certain) qu'il signifie : Alles Erdreich
Ist Oesterreich Untertan ou Toute la terre est sujette à l'Autriche. Cependant, face au mystère de l'origine de ces
lettres, d’autres interprétations ont été avancées à partir de phrases latines:
Austria est imperio optime unita (L'Autriche est l'empire le plus uni).
Austria erit in orbe ultima (L'Autriche sera l'ultime nation du monde).
Austriae Est Imperare Orbi
Universo (La destinée de l'Autriche est de diriger le monde entier)
En réalité Frédéric III a recopié cette dernière devise de la chanson du bouvier occitan en ajoutant seulement deux lettres au terme « Austri » qu’il a
transformé en « Austriae » puisé dans la formule méridionale :
Austri Est Imperare Orbi Universo.
Ce qui signifie :
Il appartient au Midi de gouverner le monde…
N’oublions pas que les comtes de Toulouse s’appelaient tous Raymond… Roi du monde ! Et les femmes de l'aristocratie se prénommaient
Esclarmonde, ce qui signifie lumière du monde...
Mais de quel règne du Midi s’agit-il ? Peut-être est-ce le rameau, chanté par le cathare Marty, prophétisant, le 16 mars 1244 en montant sur le bûcher de
Montégur:
"Les lauriers refleuriront sur les cendres des martyrs, passé la cap des sept cents ans."
Dans le mot laurier on peut lire que "l'or y est". Il ne saurait s’agir que d’une voie précieuse, d'une voie d'or, ou encore d'une via nova (route
nouvelle) débarrassée de ses fleurs du mal. Donc d'une religion régénérée.
Dans la confiance en l’avenir, levons nos yeux vers la voûte étoilée et regardons la crèche scintillante avec un cœur d’enfant.
Je vous souhaite à toutes et à tous et surtout à tous les marmots en fête de la terre un joyeux Noël. Avec mon amitié chaleureuse !