A Brigitte, Monique, Sylvain, Jean-Louis et Alain en souvenir de notre visite à l’église de Brénac sous un joyeux et magnifique soleil de printemps.
Cet article est la suite de « Les 3 croix de Brennac. » Je rappelle que Brennac est un village situé à 12 kilomètres, à vol d’oiseau, de Rennes le Château. Il est surtout voisin (8 km) de l’église d’Antugnac ou Béranger Saunière, le « curé aux milliards », fut le desservant provisoire en l’absence de curé attitré.
Il n’est pas sans intérêt de savoir que l’unique écrit de ce prêtre énigmatique est le recueil de certains de ses sermons, qu’il prononça à Antugnac (« Mon enseignement à Antugnac », Éditions Bélisane1984).
Pendant 13 mois, de mai 1890 à juin 1991, Béranger Saunière assurera donc un double service.
Il était curé de Rennes le Château depuis 5 ans et sa jeunesse, il avait 38 ans, lui permettait d’assurer le parcours harassant pour descendre de son perchoir de Rennes le Château, qui domine la région, et parcourir encore plusieurs kilomètres pour se rendre à Antugnac.
Ainsi, le 6 juillet il est présent dès six heures du matin pour faire le catéchisme aux enfants jusqu’à 8 heures, moment de l’office dominical avec messe, procession dans le village et aspersion d’eau bénite.
La présence si tôt le matin de Béranger laisse supposer qu’il partit de Rennes le Château avant 5 heures. Certe cela est possible dans la fraîcheur matinale en cette période proche du solstice d’été, mais il semble plus raisonnable de supposer que notre abbé ne se levait pas si tôt pour arriver suant, sentant mauvais, somnolent, et épuisé marchant à quatre pattes !
Si vous ne connaissez pas bien la région, regardez la carte, le chemin de Béranger passe par Montazels son lieu de naissance où résident ses parents et qui de surcroît est très proche d’Antugnac. Donc il n’est pas insensé de croire que Bérenger devait descendre de Rennes le Château la veille pour passer la nuit chez ses parents ou des amis. Cela explique sa présence si tôt le matin, et en forme, pour faire le catéchisme aux enfants.
Vous devez vous demander où je veux en venir avec ces mégotages !
Je veux dire que le dimanche soir il ne regagnait pas obligatoirement Rennes puisque aucune messe importante ne l’attendait.
Au XIXe siècle, et jusqu’en 1968, tout prêtre devait dire une messe chaque matin. Dans ce dessein il devait se rendre dans une église. Mais laquelle ?
C’est là que je subodore que notre curé alpiniste ne retournait pas dans son nid-de-pie mais se rendait à Brénac chez son vieil ami le curé Courtade avec lequel il échangeait, d’ailleurs, une correspondance régulière. C’était donc son ami ? Que dis-je son frère spirituel à l’instar des l’abbés Gélis et Boudet ses voisins immédiats.
Pour se convaincre de cette mystérieuse fraternité il suffit de se rendre à l’église de Brenac ou officiait l’abbé Courtade et de visiter, à droite de la porte, la chapelle symétrique de celle (à gauche) qui contient les font baptismaux.
Pour plus de clarté dans la disposition de ces lieux il faut se référer à l’autel prinsipal qui est du côté opposé, là où le prêtre disait la messe en tournant le dos aux fidèles et en regardant l’est ou se lève le Christ solaire.[1]
Le côté gauche de cet autel était le côté évangile car à cet endroit le prêtre ou le diacre lisait l’évangile. Il est donc normal qu’à ce même côté, et au fond de l’édifice soient les font baptismaux puisque le baptême se fait au nom du Christ.
À droite de l’autel est le côté épître car en ce lieu le prêtre ou le sous-diacre lisait les épîtres ou lettres des apôtres.
Constatons que La chapelle du fond est du côté épître. Elle correspond donc à la transmission de la tradition (qui peut-être verbale) par les apôtres, ce qui en fait donc une chapelle initiatique, ésotérique et cachée puisqu’on ne s’attend absolument pas à la trouver là ! En tout cas j’ai failli l’ignorer si une âme charitable n’était allée pousser un interrupteur en ce lieu pour éclairer l’édifice.
Elle est orientée à l’ouest, c’est-à-dire diamétralement opposés à l’autel central, et préside donc à l’entrée dans la nuit, dans l’occulte.
Mais est-ce réellement une chapelle ?
La réponse est non ! car aucune messe n’a pu y être célébrée, puisque mis à part le tabernacle la table d’autel n’existe pas. Elle est remplacée par une estrade sur laquelle est allongé un Christ à sa descente de croix.
Le tabernacle est donc symbolique puisqu’il n’a jamais contenu de ciboire avec des hosties.
Ce qui intrigue est la position des mains du Christ, la gauche sur le cœur, la droite le long du corps, la paume tournée vers l’extérieur. Cette attitude pourrait être celle d’un futur initié qui se présente la main gauche sur le cœur pour prononcer devant le Christ et la vierge royale son serment initiatique de silence.
Par la suite la décoration symbolique de l’église, notamment son plafond, servait de « livre » pour former l’alchimiste chrétien les yeux tournés vers le ciel…
Que les choses soient claires la connaissance dispensée en cette chapelle prenait vie, transformait la vie des adeptes et ne restait pas simple connaissance. Il ne s’agissait donc pas d’une société pour la frime car tous avaient consacré leur existence à la spiritualité. Chose inexistante, avec cette conviction et cette puissance dans les sociétés « initiatiques » bidon et folkloriques de nos contrées.
La couleur rouge des tentures évoque la pierre philosophale incarnat, comment ne pas évoquer ce cri du cœur qui fit dire, à l’alchimiste Dom Belin, évêque du Bellay (1666-1677), à la fin de son ouvrage Les aventures du philosophe inconnu[2] : « Petra autem era Cristus », « Et cette pierre était le Christ » (I Cor.,X,5) et ici, à Brénac, la pierre rouge sanguinolente sur son estrade parée de tentures écarlates, cette pierre qui est le Christ ne pouvait être mieux représentée.
Au mur de la chapelle initiatique sont trois statues dorées. À droite et à gauche elles sont posées sur un socle mural, alors que la vierge centrale est posée directement sur le tabernacle.
Sur son socle on peut lire :
COURTADE FRERES.
Il peut s’agir d’une entreprise familiale et probablement de généreux frères. La structure initiatique de la chapelle donne le sens à à cette fratrie dont le patrimoine génétique n’entre pas en ligne de compte. Il s’agit évidemment d’une fraternité alchimique. Alchimique car le mot frère est inscrit sur le socle de la vierge. Hors la vierge est, en alchimie, la matière, matrix, mère. La matière première qui, après avoir reçu la couronne au-dessus d’une mer écarlate, en fin de solve, va générer en son sein la pierre philosophale naissante ou enfant royal porté par la vierge.
C’est ainsi que l’alchimiste Fulcanelli traduit le sens de la Vierge en son Mystère des Cathédrales :
« Ainsi, la cathédrale nous apparaît basée sur la science alchimique, investigatrice des transformations de la substance originelle, de la Matière élémentaire (lat. materea, racine mater, mère). Car la Vierge-Mère, dépouillée de son voile symbolique, n’est autre chose que la personnification de la substance primitive dont se servit, pour réaliser ses desseins, le principe créateur de tout ce qui est[3]. » p. 90 édition J.J. Pauvert, Paris 1964.
Courtade est évidemment le nom du curé Jean-François Courtade. Quant au terme FRERES, il désigne les membres de la fraternité alchimique utilisant cette « chapelle » pour les initiations, suivie d’une messe à l’autel principal célébrée par le prêtre nouvellement initié et concélébrée avec les ecclésiastiques de la fraternité, concrétisant ainsi l’intercommunion dans le silence et la coopération indéfectible.
Cette fraternité fut immortalisée par une photo ou 5 prêtres ont posés à côté de Béranger Saunière.
Pour bien mesurer l’importance de cette photo il faut savoir qu’au XIXeme siècle pour qu’un groupe pose c’est qu’il voulait immortaliser un évènement. Quel évènement ? D’abord perpétuer une fraternité ecclésiastique. Mais sur l’image Saunière pose la main sur son genou gauche et l’autre est posée sur un livre fermé ou une boite plate dont tous semblent vouloir immortaliser la découverte.
La société initiatique d’ecclésiastiques, du Razès.
À gauche et assis Béranger Saunière. Derrière lui l’abbé Gélis.
Photo Internet 2005.
Revenons à la chapelle initiatique. La vierge centrale ayant à sa droite et à sa gauche des personnages indéfinissables. Elles ont un point commun, c’est celui de mettre en évidence leurs genoux droits.
La chapelle initiatique néogothique au fond de l’église de Brénac.
Photo Christian Attard. http://www.reinedumidi.com/rdm/brenac3.htm
Vous pourrez me rétorquer que c’est le genou gauche qui est celui de l’initié, et non pas le droit. C’est exact, mais n’en concluez pas trop vite que cette chapelle n’est pas initiatique puisque cette fraternité avait la fâcheuse habitude de tout inverses (comme le verlan). L’exemple en est chez Saunière qui fait faire une génuflexion à l’envers à l’ange qui est au-dessus du bénitier de l’église de Rennes le Château, tout comme le pilier « visigotique » qui sert de socle à la vierge qui trône dans le jardin est placé à l’envers. Le plus significatif est la lettre N du mot INRI tracée à l’envers sur la croix qui dominait la tombe de Béranger Saunière.
Église de Rennes le château. Ange faisant la génuflexion à l’envers.
Le N a l’envers au sommet de la croix sur la tombe de Béranger Sanière.
Sur le vêtement doré qui recouvre la cuisse droite et le genou de la vierge, on peut remarquer un blason à bordure contenant une ancre. Il est entouré par quatre étoiles. C’est manifestement une sorte de message qui s’adresse aux initiés.
Au bas de la cuisse de la Vierge est un écusson à bordure contenant une ancre. Il est entouré par 4 étoiles disposées en demi-cercle.
Photo Christian Attard http://www.reinedumidi.com/rdm/brenac3.htm
La photo précédente des cinq curés laisse supposer que quatre sont représentés là et que le cinquième est symbolisé par l’ancre. Cela indique que quatre curés sont rattachés (comme le signifie l’ancre) à un cinquième.
Dans ce cas cet individu jouerait un rôle central dans la société initiatique et les quatre autres l’entoureraient à la tête du groupe, ce que souligne la bordure du blason.
L’un des anagrammes du mot ancre étant crâne, cela est en rapport avec Sainte Marie-Madeleine qui est représentée dans l’église de Rennes le Château, en méditation à côté d’un crâne. Donc notre curé à l’ancre a de fortes chances de se nommer Béranger Saunière.
Une autre anagramme d’ancre est écran, ce qui se passe de commentaire quand on parle d’ésotérisme qui est par définition caché.
L’ancre a donc été choisie très, très judicieuse car en plus elle montre que nos adeptes ont choisi la voie humide et souligne qu’il s’agit de savoir ancrer le vaisseau ou vaisselle qui n’est autre que le ballon de verre dans lequel se déroule le Grand Œuvre.
L’ancre se jette dans la mer, ce qui ne saurait mieux désigner cabalistiquement la mère et donc la vierge mère. Judicieux donc l’ancre du vaisseau sur la mère, que dis-je DANS la mère !
De plus l’ancre est analogue à l’ancre des encriers, ce qui signifie que l’adepte central est vêtu de noir. En d’autres termes c’est un prêtre portant soutane noire capable de réaliser l’œuvre au noir dans le vaisseau ancré.
Donc ne soyons pas surpris de trouver l’ancre au dessus du rétablie de saint Roch en l’église de Palairac dans laquelle oeuvrait L’alchimiste Raymond de Perillos grand Maitre de l’ordre de Malte.
La représentation étoilée n’est pas banale. Les étoiles sont autour de leur ancrage, elle l’entoure. En d’autres termes l’ancre des étoiles du ciel est l’étoile polaire. La polaire est-elle le nom de cette association ? Peut-être. Mais, quoi qu’il en soit elle a son importance en alchimie :
« Il faut savoir maintenant que l’influence astrale se fait préférablement sentir vers le nord, que c’est vers le nord que se tourne constamment l’aiguille aimantée, et que c’est aussi vers le nord que les fluides électriques, galvaniques et magnétiques portent tous leurs effort. C’est donc aussi vers cette région que vous tournerez votre appareil, car l’expérience a prouvé que de tout autre côté vous ne trouveriez point cet esprit. » Récréations Hermétiques, p. 241 Bernard Usson, in Deux traités alchimiques du XIXe siècle. Éditions La Table d’Émeraude, Paris 1988.
À la suite de cela se comprend le N inversé sur la tombe de Béranger qui se comprend comme l’inversion des pôles (basculement de la boule ou granule) que l’on peut observer dans le vaisseau… spatial !
Après ça vous devez saisir un peu les pirouette à faire pour débusquer le sens caché des choses banales que nous disent les alchimiste.
La chapelle initiatique a encore des choses à dire, mais je ne puis m’éterniser en ce lieu car l’église de Brénac a bien des trésors à nous révéler.
Je vous quitte pour me rendre sur Sirius histoire d’expérimenter mon vaisseau spatial !
En toute amitié.