Il s'agit ici d'Initiation christique, de lien entre le christianisme initiatique ancien et les différents courants de la mystique permettant une fructueuse transformation de la pensée(métanoïa) pratiquée par les alchimistes. Des sujets divers sont abordés : Spiritualité, initiation, alchimie, cabale, mythologie, symbolisme...
S’il était imprimé, le livre du Secret de la Création des Êtres formerait non pas un ouvrage, mais un opuscule. Il s’agit d’un texte composite, fruit d’additions et de remaniements opéré autour d’un noyau central qui est un récit fantastique raconté par un certain Bélénous. Bélénous étant la transcription arabe du nom grec d’Apollonius. Le plus célèbre étant Apollonius de Thyane, héros d’une sorte de roman philosophico-merveilleux écrit par Philostrate à la demande de l’impératrice Julia Domma, femme de Septime Sévère (193-211). On ignore si Philostrate s’inspira d’un modèle réel. En tout cas les anciens ont cru à sa réalité. Le héros aurait vécu au Ier siècle de notre ère, alors que le Traité du Secret de la Création des Êtres est légèrement antérieur au VIe siècle.
Donc, notre traité n’a pu être rédigé par Apollonius de Thyane. En revanche l’auteur pourrait bien être Apollonius de Laocidée qui, au témoignage de Paul d’Alexandrie, « accuse dans ses cinq livres les Egyptiens (Zozime ?) de s’être trompé sur le zodiaque », c’est-à-dire sur l’organisation du monde. Ors, Le traité du Secret de la Création des Etres compte justement cinq livres plus un prologue. Ceci nous ramènerait donc au IVe siècle de notre ère, faisant alors de cette œuvre un survivant important de l’alchimie théorique alexandrine, d’autant plus important que nous possédons le texte intégral.
Il reste un autre texte important de la même époque ; l’Assemblée des Sages (ou : Turba Philosophorum) lui aussi traduit du grec en syriaque, du syriaque en arabe, de l’arabe en latin, et enfin du latin en français. Ainsi s’explique l’obscurité du texte latin, et surtout de la version française devenue imbuvable ! Traduttore, traditore !... Le secret de la Création des Êtres a été, lui aussi, traduit en latin au XIe-XIIe siècles. Jamais cette traduction latine n’a été imprimée, et n’a jamais été traduite en français.
À signaler cependant l’étude du manuscrit arabe 959 de la Bibliothèque Nationale (qui contient le Bélénous) faite pendant le Directoire (en 1799) par Sylvestre de Sacy. G. E. Monod-Herzen a résumé cette dernière étude dans un de ses chapitres de son Alchimie méditerranéenne (1962).
Dans le prochain article j’aborderais l’histoire fantastique de Bélénous.