Il s'agit ici d'Initiation christique, de lien entre le christianisme initiatique ancien et les différents courants de la mystique permettant une fructueuse transformation de la pensée(métanoïa) pratiquée par les alchimistes. Des sujets divers sont abordés : Spiritualité, initiation, alchimie, cabale, mythologie, symbolisme...
Quand j’étais jeune étudiant à la faculté des Sciences de Montpellier, le Professeur Ernest Kahane, de renommée internationale, nous enseignait la biochimie devant un amphithéâtre bondé d’étudiants de diverses nations. Il s’attardait énormément sur l’histoire des découvertes les plus infimes en nous disant que l’histoire était déjà la compréhension d’un processus et que de ce fait au lieu de la négliger il fallait l’approfondir. J’ai pu constater à diverses reprises que ce « nobélisable » avait profondément raison pour tout, y compris l’alchimie, dont cet homme cartésien au possible, et communiste Russe de surcroît, aurait réprouvé énergiquement que l’on puisse s’y intéresser et encore plus la pratiquer.
La Table d’Émeraude, dont j’ai donné le texte complet dans un article qui lui est consacré, était la « bible » de tous les alchimistes du moyen age latin et de la Renaissance européenne. Paradoxalement ils ignorèrent (à de très rares exceptions) la raison de ce nom.
Née très probablement dans une Alexandrie pénétrée de néopythagorisme et de néoplatonisme, la science alchimique y avait longtemps brillé d’un vif éclat avec Bolos Démocritos qui l’enseigna dans la ville de Mendès des 144 avant Jésus-Christ (pour plus de précisions à ce propos compulser mon livre Hermestine Rennes le Château.), avec également Zosime originaire de la ville de Panopolis (actuellement Akhmim), Olympiodore et Synésius l’évêque de Ptolémaïs, ami et élève de la célèbre philosophe néoplatonicienne Hypathie…
Le triomphe du christianisme sonna pour un moment le glas de la science en Occident.
Sortir enfin de la clandestinité grâce à la protection de l'empereur Constantin, la nouvelle religion engagea ouvertement la lutte. Les joutes philosophiques degénérèrent en combats à main armée. Nous retrouverons d'ailleurs beaucoup plus tard, en France, les mêmes réactions des chrétiens, avec la philosophie cathare.
Lorsque l'empereur Théodose ordonna de fermer tous les temples, l'évêque d'Alexandrie Théophile fit mettre le feu au Serapum (temples de Sérapis et nécropole des taureaux sacrés, supposés être l’incarnation du dieu Apis) ; le feu gagna la célèbre bibliothèque d’Alexandrie ou des livres, papyrus et parchemins furent détruits en grand nombre. C’est le moment de préciser que les documents de cette monumentale bibliothèque ne furent pas tous brûlés, loin de là, et que par ailleurs des dépôts d’ouvrages existaient encore dans des « succursales » de la bibliothèque, comme à Mendès où fut écrit le premier ouvrage d’alchimie intitulé physica…Ne soyons donc pas surpris qu’il existe de nos jours dans des bibliothèques privées (je pense au département de l’Aude en particulier) des documents uniques et significatifs en ce qui concerne l’ésotérisme en général et l’alchimie plus précisément.
En 415, l’évêque Cyrille permit que des moines ignorants et fanatiques assassinent avec un sadisme raffiné (préfigurant l’inquisition) la philosophe Hypathie. Affolés par ce massacre inouï (au nom de Dieu rappelons-le !) les autres professeurs s’enfuirent précipitamment, se réfugiant à l’école d’Athènes. reflet vivace de celle d’Alexandrie. Mais l’empereur Justinien interdit aux professeurs non chrétiens d’enseigner et elle fut fermée sur décret impérial.
Les maîtres d’Athènes, accompagnés de ceux d’Alexandrie, s’exilèrent volontairement et se réfugièrent en Perse où le roi Chosroês Ier les accueillit favorablement. La dynastie sassanide qui régnait sur ce pays se montrait très tolérante en matière de pensée. Elle fut fondée par Ardeshir au début du IIIe siècle de notre ère.
Les sages grecs traduisirent en syriaque leurs livres. Le plus connu des traducteurs est Sergius de Res Ayna, mort en 536. Parmi ses productions, on trouve au moins un ouvrage d’alchimie : le Traité du Secret de la Création des Êtres dont la conclusion est justement la si célèbre Table d’Emeraude.