Il s'agit ici d'Initiation christique, de lien entre le christianisme initiatique ancien et les différents courants de la mystique permettant une fructueuse transformation de la pensée(métanoïa) pratiquée par les alchimistes. Des sujets divers sont abordés : Spiritualité, initiation, alchimie, cabale, mythologie, symbolisme...
Mon livre Les secrets alchimiques de Montpellier, est sous presse et va être disponible en librairie et auprès de votre serviteur. Si dans quinze jours vous rencontrez des problèmes pour vous le procurer, laissez-moi un message sur ce blog.
Précédemment j’ai retracé l’histoire de ce livre, mais je n’ai pas été exhaustif. Il y a plus de dix ans, je suis entré en relation avec l’office départemental d’Action culturelle (ODAC) de l’Hérault (34) pour qu’il m’aide à réaliser un film vidéo sur Montpellier alchimique où une jeune femme personnifiait l’alchimie. Elle faisait découvrir la ville et les images allaient d’un laboratoire aux descriptions des symboles urbains pour entrer progressivement dans le mystère de la cité.
Les politiques de l’époque donnèrent la responsabilité du projet à un petit rigolo, fervent disciple de l’onanisme alchimique de Gaston Bachelard dont les idées fusionnaient avec son glorieux pénis. Je devais me plier au desiderata d’un individu qui pensait érotisme quand il n’était pas en érection ! En plus c’était un monsieur je-sais-tout qui n’avait donc rien à apprendre et n’avait nullement besoin de mon opinion de puritain attardé. Durechef je l’ai laissé seul dans la contemplation extatique de son nombril, et plus bas, celle de ses précieux bijoux de famille !
Je vous réserve la suite du « jemenfoutisme » de ceux qui sont là pour favoriser certains entreprises. J’ai essayé longtemps de faire émerger ce projet dans un fouillis bureaucratique aux règles absurdes dont l’indifférence se confond avec la somnolence.
Je vous ai dit que c’est un assez gros livre de 550 pages qui est loin d’être complet. Parfois j’ai raccourci les explications pour ne pas prendre le risque de lui donner un trop gros volume qui pourrait le rendre rébarbatif aux yeux de ceux qui n’aiment pas lire. Il y a tellement de signes répandus ça et là dans la ville qu’il y a matière à écrire un second tome.
Donc, Montpellier est si riche que dans ce blog, je puis vous livrer bien des choses que je n’ai pas dites. La démarche est d’autant plus intéressante pour vous que les images sont reproduites ici sont en couleur alors qu’elles sont en noir et blanc dans le livre.
Donc on peut dire que les articles de ce blog complètent le livre, tout en préparant une improbable réédition. Mais l’essentiel est de vous aider à mieux saisir le mystère de la cité. Pour faciliter la consultation des articles, sur la ville, je les ai regroupés dans le répertoire que vous pouvez voir dans la colonne de gauche de l’écran, sous la rubrique Montpellier achimique.
Cette manière de procéder me permet de sortir du cadre de la ville pour établir des rapports avec d’autres sujets, comme l’énigme de Rennes le Château dont les bâtisseurs alchimistes de la place royale du Peyrou n’ignoraient pas l’importance.
Un élève inconnu de l’école alchimique de Montpellier
Fig 1 Le Dr David Laigneau de Montpellier
En 1610, moment où est assassiné Henri IV et où le Dr alchimiste Pierre-Jean Fabre installe son cabinet à Castelnaudary, naît le peintre Lubin Baugin. Il fut reçu maître peintre et devint membre de l’académie royale en 1651. Ses opinions dérangeantes furent à l’origine de son exclusion, en 1655, de l’académie sous le prétexte qu’il était trop souvent absent.
Lubin Baugin élève du Dr David Laigneau
Nous découvrons son activité marginale et contestable en 1656 quand il s'occupe ouvertement de la réédition des livres du médecin alchimiste David Laigneau qui critiquait l’utilité de la saignée et écrivait par ailleurs un traité d'alchimie. Vers 1660 l'intérêt pour l'empirisme et l'alchimie pouvait-il s'accorder avec une piété orthodoxe ? Cette particularité marque l’esprit libre qui régnait dans la turbulente école d’alchimie de la Faculté montpelliéraine qui ne devait pas être en odeur de sainteté ! La discrétion s’imposait donc. C’est la raison pour laquelle peu de noms sont parvenus jusqu’à nous.
Fig 2 St Jérôme peint par Lubin Baugin. Ce théologien fut mandaté par le pape Damase Ier, pour refondre la Bible selon ses desiderata. Inutile de préciser que le saint homme ne fit pas ce travail de bonne grâce. Quant il eut achevé il y eut une véritable levée de bouclier dans la chrétienté. En lisant la Bible que l’on appelle Vulgate vous avez sous les yeux le travail de ce saint homme qui fut non seulement canonisé mais aussi intronisé docteur de l'Eglise.
Sur ce tableau, le robuste vieillard est peint dans sa tourmente. Cependant un détail surprend : l’index de sa main gauche, bien éclairé, désigne une pierre posée sur le sol à côté d’un livre contenant ses traductions de la Bible. De ce fait l’interprétation du tableau prend une importance alchimique. Et le crâne humain qu’il tient avec sa main droite sur sa jambe gauche repliée, mettant en évidence le genou, n’est autre que le caput mortuum : la tête morte des alchimistes. Remarquons que la lumière est concentrée sur la voûte du crâne et le genou. Tous deux sont donc importants.
En alchimie, le caput mortuum est la terre damnée qui est impure, magma inerte et stérile mais, pourtant, indispensable. Il ne faut donc pas le jeter. Ce produit homogène de couleur rouille s’est séparé de la pierre. On l’appelle parfois superflu. Il fournit le composant (compost) inerte de l’œuf philosophal.
Quant au genou, il n’est pas rare d’entendre parler du genou gauche de l’initié, notamment à propos de St Roch qui le montre. Si
étymologiquement le mot genou est issu de l’indœuropéen « gen » qui signifie « articulation », « angle », cabalistiquement il s’agit d’une « génération »,
d’une naissance ou d’une renaissance. Il est donc question de la naissance de la pierre angulaire au sein du caput mortuum. Enfin, la lumière
éclaire l’épaule gauche. Le mot épaule provient du terme latin spatula, par analogie avec la forme en spatule de l’os qui la forme. Le mot spatule se
dit en grec spate, terme qui désigne aussi l’épée qui en alchimie désigne le sel (le sel est de couleur blanche = arme blanche qui fait saigner la
matière) qui va dissoudre la matière pour qu’elle manifeste, vers le haut, sous la voûte de verre, la pierre philosophale aérienne et plus bas, dans le fond, le caput mortuum.
Un détail n'aura pas échappé à l'observateur vigilent : L'ombre portée de la cuisse sur le crâne. La source
lumineuse semble provenir de la pierre posée sur le sol. Ce qui laisse supposer que la pierre est lumineuse comme parvenue au dela de la cinquième multiplication la transformant ainsi en lampe
éternelle.
Une autre source lumineuse vient du haut comme le montre l'ombre portée de la tête sur l'épaule éclairée qui symbolise le sel appelé aussi esprit. Evidemment chacun aura compris que l'alchimie
est un don de Dieu, et cela n'est pas symbolique !
La question ne se pose donc plus : le peintre Lubin Baugin était un alchimiste chevronné.
Lubin Baugin ne pouvait donc adhérer aux idées de l’Académie. Le fait qu’il s'occupe de la réédition des livres du médecin alchimiste David Laigneau montre sans ambiguïté que le peintre fut l’élève du médecin. Ainsi Lubin Baugin s’incrit par filiation dans l’école alchimique de Montpellier.
Par cet article j’ai voulu montrer l’importance insoupconnée de l’école de Montpellier.
Au plaisir de savoir que vous me lisez.